Part 8

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Tonton Farah était comme une bête sur moi. Il me tenait fermement la bouche pour m’empêcher de crier et en même temps bouchait mon nez. Je ne respirais plus et me débattais comme une bête. Mais il était plus fort et je me calmais. Il me relâcha un peu et je pris un gros bol d’air.
- cette fois ci tu ne m’échapperas pas. Tu me donneras ce que je veux. On peut le faire doucement pour en profiter tout les deux ou alors on peut le faire avec force et tu verras que tu risque d’en souffrir.
Il parlait en me caressant la jambe et en me léchant le visage. J’étais dégouttée et le regardais d’un air apeuré. Je réfléchissais à la meilleure manière de sortir d’ici mais j’avais bien entendu qu’il refermait la porte. Je pensais un moment prendre mon téléphone, mais il était de l’autre coté sur la table. J’étais vraiment désespéré et mon cœur battait vite tellement j’avais peur. Je recommençais à me débattre, et il me serra le cou. Cette fois, je me calmais et comme ma serviette était tombée, je me retrouvais toute nue sous lui. Il se mit à me caresser le corps avec ses halètements de cochon tout en me serrant la bouche. Un moment, il se releva et me dit d’un ton menaçant
- je te lâche la bouche si tu crie je t’attache
Je hochais la tête faiblement et dès qu’il me lâcha la bouche, je criai, un cri strident mais il me plaqua à nouveau et prit un teeshirt et me l’enfouie dans la bouche. J’avais espéré que quelqu’un entendrait le cri mais je n’entendis rien. Lui aussi était resté un moment tranquille guettant du bruit dans la maison. Finalement, il se retourna contre moi en enlevant son caleçon. Le teeshirt m’étouffait et les larmes coulaient. Il s’est couché sur moi de tout son poids et a commencé à me lécher le corps. Il m’embrassait les seins, le corps, en haletant et j’étais de plus en plus dégoutté. Je bougeais mon corps dans tous les sens pour le fuir, mais il me retenait fermement. J’étais fatigué et je n’avais plus la force de bouger. Je le laissais donc faire. Il essayait d’écarter mes jambes mais je les gardais bien serré. Il me prit la cuisse et serra fort au point que des ongles pénétraient dans la chair. Je gémissais de douleur et lâcha la pression sur les cuisses. Il mit son membre bien dur sur mon intimité et essaya de pousser pour pénétrer sans y arriver. Ca faisait mal et comme il était occupé à guider son truc, il avait lâché légèrement une main et j’enlevais le teeshirt et me mit à crier encore plus fort. Il essaya de me tenir la bouche, mais je secouais la tête dans tous les sens en criant. Finalement, il me fermait la bouche avec sa main à nouveau en me donnant des coups partout en me demandant de me calmer. Je pleurais en le suppliant.
Tout d’un coup on entendit tambouriner fort à la porte. C’était la voix de maman et je poussais un ouf de soulagement. Tonton Farah se releva comme un éclair et s’habilla. J’avais trop mal pour me lever et je roulais jusqu'à tomber du lit. Avant je ne puisse comprendre, il avait ouvert la porte et commençait à parler.
- cette fille est une vipère. Elle m’a demandé de venir dans sa chambre car elle voulait me parler de quelques choses d’important, elle m’a enfermé et depuis tout à l’heure, elle refuse de me laisser sortir. Heureusement que tu es venue.
J’étais toute nue et je me dis à cet instant que maman viendras m’aider et surtout cette fois ci elle ne le croira jamais. C’était trop absurde. Maman entra dans ma chambre et me vis par terre, en train de me couvrir le corps avec la serviette
- décidemment Diouldé, je n’aurais jamais la paix avec toi dit elle sur un ton énervé en sortant.
Je m’étais levé et avait revêtue une robe. Je voulais aller lui parler, lui dire que ce que disait tonton Farah n’étais pas vraie, mais je la vis débouler du couloir, telle une furie avec une ceinture à la main. Avant que je ne puisse parler, elle me donna un coup au visage, tellement fort que je m’accroupis en me tenant la joue. Je me tenais la joue, et elle continua à me frapper. Tonton Farah était à coté et lui aussi me donnais des coups de pieds. Finalement, c’était tellement douloureux que je me mis à crier.
- maman maman…mais qu’est ce que tu fais
C’était Malik qui venait de sortir de sa chambre et avait retenue la main de sa maman. Awa m’aidait à me relever et j’étais tellement choquée que je ne pouvais parler. J’entendais maman qui criait
- c’est une pétasse. Elle veut se faire tous les hommes avec sa beauté du diable. Oh ouii, j’ai fait entrer le diable dans ma maison. Après toi, c’est ton beau père. Farah ne cesse de me répéter que Diouldé lui demande de divorcer d’avec moi pour l’épouser. Sale pute que tu es. Fais tes affaires et sors de ma maison.
- maman calmes toi voyons, arrête de crier et viens
Malik l’entrainait dans sa chambre et Awa me conduisait dans la mienne. Elle me demandait ce qui se passait mais j’étais en larmes et je ne pouvais parler. Finalement elle courut m’apporter de l’eau. Je tremblais tellement que je ne pouvais tenir la tasse et elle m’aida à boire. Ensuite, elle me demanda d’aller prendre une douche et m’aida à aller dans les toilettes. J’avais peur de croiser maman mais heureusement, j’entendais seulement sa voix depuis sa chambre. Je m’assis sur la chaise anglaise et Awa me nettoyais le visage. Je vis sur le gant de toilette qu’il y avait du sang et en regardant mes bras, elles étaient couvertes de rougeurs. Elle me versait de l’eau tout en me réconfortant. Elle aussi sans comprendre, pleurait en me demandant de me calmer. J’avais des sanglots terribles et je ne pouvais m’arrêter. C’étais trop injuste tout ce qui arrivait. Maman devait savoir que tonton Farah lui mentais. Elle m’enveloppa dans une serviette et me raccompagnait quand Malik l’appela durement lui disant de me laisser et de venir. J’allais donc seule dans ma chambre et m’habillais. J’avais tout le corps qui me faisait mal et je me couchais sur le lit en attendant la suite des évènements.
J’entendais beaucoup de remous dans la maison, des cris, des coups et puis plus rien. J’avais pris mon téléphone pour essayer d’appeler Demba, mais sans succès. Tout d’un coup, ma chambre s’est ouverte et maman est entrée.
- fais tes bagages et quittes cette maison dit elle avec un visage fermé
Je me levais péniblement du lit et les larmes aux yeux, je lui demandais
- mais ou veux tu que j’aille maman ?
- je n’en sais rien et je ne veux pas savoir. Tu n’es qu’une ingrate. Après tout ce que j’ai fais pour toi. Farah vient de m’expliquer tout ce que tu lui disais. Tu n’es qu’une moins que rien et j’aurais du te laisser dans la rue car c’est la bas ta place.
- tout ce que tonton Farah a dit est du mensonge maman, je te jure que c’est lui qui ne m’as jamais laissé tranquille… maman écoute moi s’il te plait
J’étais devant elle, en pleurs, la suppliant de me croire, mais elle avait le visage fermé et me disait que je pouvais passer la nuit mais que demain, je devais quitter sa maison.
J’étais désemparée. Je me rendis compte que je ne connaissais personne à part elle. Si je devais sortir ou devrais je aller. Peut être que demain elle reviendra à de meilleurs sentiments. J’avais mal partout et je pleurais sans m’arrêter. Je m’endormis d’épuisement. Il faisait tard et un moment la porte s’ouvrit. Je pris peur et me relevais en essayant de m’enfuir. Mais c’était tata Sophie. C’était bien la première fois que je la voyais dans ma chambre. Elle tenait un sac de voyage vide et s’assit sur mon lit.
- Tata Sophie, walay, je n’ai rien fait commençais je en pleurant.
- je sais Diouldé, je sais, mais maman me demande de te donner ce sac pour que tu y range tes affaires et demain elle ne veut pas te voir.
Elle parlait tristement et semblait affectée par tout c. ca m’étonnait de sa part.
- tu sais Diouldé, je sais que tu es une fille bien. Ses enfants ne m’ont jamais respecté. Tu es la seule qui malgré tout me saluait le matin et n’as jamais cherché à avoir des problèmes avec moi. Mais je ne te cacherais pas que je n’aime pas ma sœur mais je dois rester ici car je n’ai nulle part ou aller. Mais ne t’inquiète pas. Elle ne récoltera que ce qu’elle a semé.
Ces derniers mots furent dit sur un ton menaçant et je sentais toute la rancœur. Elle me tendit une boite de médicament et sortit de la chambre sans rien ajouter. Je replongeais sur le lit en pleurant. Je ne savais pas quoi faire. Je me levais et commençais à ranger mon sac. Malgré la nuit, j’essayais à plusieurs reprises d’appeler Demba sans succès. J’avais des bijoux en or que maman m’avais offert, je les laissais sur la table et prit quelques affaires. Vers 4h du matin, Awa frappait doucement à la porte. Je n’osais pas ouvrir et elle murmura que c’était elle pour que je la laisse entrer. J’étais calmé et était couché sur le lit, les yeux ouverts. Elle s’approchait et me regardais tristement
- je suis vraiment désolé Diouldé. Malik m’a interdit de t’approcher mais je sais que tu n’es pas celle qu’on est en train de décrire.
Je me remis à pleurer et elle m’enlaçât. Je lui dis que je n’avais rien fait et que ce n’était pas la première fois qu’il essayait de me violer. Je lui dis que je ne comprenais pas la réaction de maman. Elle me dit qu’elle lui a dit que j’avais même eut une relation avec Malik mais que maintenant comme c’est tonton Farah qui a plus les moyens, je me raccroche à lui.
- oh Awa, c’est vrai que j’ai eu une relation avec Malik. Mais j’étais jeune. J’avais 17 ans et je l’aimais. Quand j’ai su que tu attendais un enfant je te jure que je n’ai plus cherché à le contacter et…
- shuutt, m’interrompit elle. Ne dis rien. Je sais tout. Viens chez moi. Maman t’accueillera.
- non, maman risque de mal le prendre. Elle pensera que je la mets en mal avec ta famille
- elle n’en saura rien, je parlerais à ma mère.
- non, merci Awa mais je ne veux rien faire qui risque d’envenimer les choses
- Tient prend ca. Et essaie de te refaire une vie. Dit-elle finalement en me tendant un paquet
Il y avait une liasse de billets. Je refusais de prendre mais elle me convainquit que j’en aurais peut être besoin et sortit après m’avoir longuement enlacé. Je la remerciais pour tout et on se mit à pleurer toutes les deux. Je ne sais pas ce que je lui avais fait pour mériter autant de bonté. En comptant l’argent, il y avait 50 milles et ca représentais beaucoup d’argent. Je le cachais précieusement dans un coin de mon sac avec la promesse qu’un jour, je lui revaudrais cela. Je ne dormis pas et tôt le matin juste après la prière, je pris mon sac et sortit de la maison. Ce fut un déchirement pour moi. Je m’arrêtais dans la cour ne pouvant plus bouger. Tata Sophie ayant surement entendu le bruit s’était levé et en la voyant j’ai encore éclaté en sanglot en lui demandant ce que je devais faire. Elle haussa juste les épaules et me raccompagna. J’attendis un taxi et quand je montais je la remerciais.
Je lui indiquais la cité claudel et comme c’était le jour de la reprise des vacances je passais comme une étudiante normale. Je réveillais Maty et en voyant mon visage, elle était vraiment surprise. Elle me demanda si j’avais eu un accident mais je ne pouvais pas parler et me contentais de pleurer. Finalement, elle me demanda de me coucher et de dormir. Je lui dis que je n’arrivais pas à dormir et elle descendit. Elle remonta quelques minutes plus tard avec un médicament. Je le bus et quelques minutes plus tard je plongeais dans un sommeil profond.
Je dormis toute la journée et à mon réveil, il n’y avait personne dans la chambre. Je cherchais le portable que j’avais posé au pied de l’oreiller. Il faisait 19 heures et j’entendis du bruit. C’était Fatou, Maty et Khady qui revenaient des cours. Fatou et Khady eurent un air choqué en me voyant. J’avais le visage gonflé, des marques rouges partout et des éraflures sur certaines parties. Elles me posèrent pleins de questions, et comme je n’étais pas encore disposé à répondre, elles allèrent me chercher à manger et discutèrent avec moi. Je ne pouvais pas répondre à cause de cette grosse boule au fond de ma gorge et souvent, les larmes coulaient d’elle-même.
La nuit, une fois couchée, je leur expliquais que j’avais des problèmes avec ma maman. Je leur dit aussi qu’en fait ce n’était pas ma vraie maman et pour la première fois j’expliquais tout ce qui s’était passé avec tonton Farah. Elles se mirent à pleurer elle aussi et dans la nuit, j’entendais leurs reniflements. Maty voulait que j’aille porter plainte mais je leur dit que ca n’en valait pas la peine et que dans quelques temps j’aurais ma chambre et que je me débrouillerais. Khady me proposait de venir chez elle le temps que j’aille mieux, mais je lui dis ca allait déjà mieux et que je reprendrais bientôt les cours.
Mon avenir me terrifiait et je passais des journées noires enfermée dans la chambre. Dès que la porte s’ouvrait je sursautais et me recroquevillais. Mais je me dis que dès que Demba reviendra, tout allait s’arranger. Toute la journée du lendemain, j’essayais sans succès de le joindre. J’appelais Rama, mais je suppose que sa maman a du lui parler. Dès que je lui dis que c’était moi, elle a raccroché le téléphone. Sa réaction, me fit encore pleurer. Elle aurait du m’écouter. Rama me connait, elle savait que je n’aurais jamais fait ce dont on m’accuse.
J’allais finalement à l’infirmerie et l’infirmier me demanda ou j’avais eu mon accident. Je lui répondis à peine et il me prescrivit des médicaments qui me firent beaucoup de bien. Avec ma peau claire, les marques rouges mirent plus de temps pour partir.
Un matin je suis arrivée à joindre Demba. Il me salua rapidement et me dit qu’il avait essayé de me joindre sans succès. Il devait amener sa fille à l’hôpital car elle était un peu malade mais promit de me rappeler. Je restais devant l’appareil toute la journée à attendre son coup de fil. Je vérifiais s’il était bien allumé, s’il avait le réseau mais rien. Il n’appelait pas. Le sort s’acharnait contre moi.
Un matin, je reçus un appel de la France et croyant que c’était Demba, je décrochais rapidement. C’était Awa qui me dit qu’ils étaient rentrés et qu’elle pensait beaucoup à moi. Je lui demandais si maman s’était radouci et regrettais un peu son geste, mais elle me dit qu’au contraire, elle a avisé ses amies et chacune vient en lui disant qu’elle l’avait prévenu et que les peule ne sont que des ingrates. J’eus très mal en entendant cela et elle me demanda de rester forte.
- pourquoi fais tu tout cela pour moi Awa demandais-je entre deux sanglots.
- je ne sais même pas Diouldé. J’ai juste beaucoup de sympathie pour toi dit-elle en pleurant aussi. Et puis tu es seule. Tu n’as personne
Je la remerciais encore et elle insista encore pour que j’aille chez elle et que maintenant qu’elle était partie Malik n’en saurait rien et elle avait déjà parlé à sa mère. Je lui promis d’y réfléchir.
J’essayais à nouveau d’appeler Rama et cette fois elle m’écoutait, mais ne me croyais pas. Elle disait que si tout cela c’était passé j’aurais du lui en parler et je n’en ai rien fait donc elle n’en croyait pas un mot. Elle avait parlé à Malik et lui aussi lui avait dit que j’étais une petite dévergondée. Je raccrochais le cœur lourd et sombrais à nouveau dans une grande déprime.
J’appelais aussi Coumba, mais elle me parlait de ses problèmes avec Babacar disant qu’elle sentait qu’il la trompait. Je l’écoutais et je n’avais même pas le courage de lui raconter tous mes problèmes. Je lui conseillais effectivement de faire attention à Babacar et que les relations comme celle qu’elle avait avec lui étaient difficiles à gérer. Ca me faisait du bien de l’écouter, et tout mon argent allait dans l’achat de cartes téléphoniques. Mais ca ne valait la peine.
Mes amies faisaient tout pour que j’aille en cours, mais le matin je préférais rester dans la chambre et le soir, je me gavais de médicaments pour dormir. Je n’avais toujours pas de nouvelles de Demba et ca me déprimait encore plus.
Une dizaine de jours après le scandale, les marques avaient presque disparues et je me décidais à sortir. J’étais marqué et une profonde détresse se lisait sur mon visage. J’avais toujours envie de pleurer et je décidais d’aller à la boutique de maman pour lui parler suivant un conseil de Fatou. J’y suis allé très tôt et je n’ai trouvé que les apprentis qui me disaient qu’elle n’était pas encore arrivée. J’attendis donc à l’entrée et au bout d’une bonne heure, je la vis venir. Quand elle me vit, elle prit un air contrariée et je me levai pour aller vers elle.
- maman, commençais-je, je t’en supplie, je te demande juste de m’écouter un moment
Elle daigna enfin me lancer un regard et me demanda d’entrer. Elle me laissa dans la salle d’attente et me fit poireauter une bonne heure avant de venir s’installer devant moi et me demander de parler. Sur le coup, je ne savais lus quoi dire et je ne voulais pas pleurer.
- maman, je ne sais pas ce que tonton Farah t’as dit, mais je te jure, sur ce que j’ai de plus chère que ce n’est pas vrai. Depuis très longtemps, il ne cesse de me poursuivre. Il m’a proposé toutes sortes de choses, mais je refusais et ne voulais pas te le dire au risque de déstabiliser ton ménage. Maman, c’est toi qui m’as éduqué. Tu dois savoir que je ne suis pas capable de faire une telle chose.
Elle ne me regardait même pas et manipulait un portable. Il devait être neuf car je ne l’avais jamais vu.
- tu as fini ? Me demanda t-elle
Mon Dieu, avait-on changé maman, ou était passé ma maman Fanta, celle qui m’aimait et me regardait avec des yeux doux, celle qui me demandais toujours si j’allais bien, si je ne manquais de rien. Non un changement ne pouvait être aussi brutal. Je compris cependant que ce que je venais de faire ne servais à rien et que de toute façon, elle ne comptait pas m’écouter. Sans lui répondre, je me levais pour partir.
- de toutes les choses que j’ai faites, c’est t’avoir fait rentrer dans ma maison que je regrette le plus. Tu as semé la zizanie, séduisant mon fils et voulant mon mari. On m’a dit qu’on vous excise pour réfréner vos pulsions mais chez toi, ca n’a servi à rien. Va t’en et que je ne te revoie plus.
Je ne me retournais pas et sortis de la boutique. Tonton Farah a du lui faire un vrai lavage de cerveau. Bizarrement, je n’arrivais pas à lui en vouloir. Je me disais que c’était tonton Farah la principale cause. Je sortis et marchais dans la rue sans but précis. Je n’avais plus d’unités et j’entrais dans un télécentre pour essayer encore d’appeler Demba à son domicile. Après plusieurs sonneries, une femme décrocha.
- allo, bonjour, je voudrais parler à Demba s’il vous plait.
- attendez une minute…Demba Chérie, viens répondre.
Mon cœur rata un battement et j’entendis les pleurs d’un enfant et la voix de Demba qui demandait qui appelait. La femme lui répondit qu’elle ne savait pas et je l’entendis dire
- ma puce, s’il te plait demande c’est qui et dis lui que je le rappellerais. Inès ne va pas bien.
Je raccrochais et restais assise. Ca devait être la maman de sa fille et ils étaient ensemble. Il n’avait même pas le temps de m’appeler. Il devait peut être avoir repris leur relation. Je ne m’attardais pas à ses pensées et repris ma marche. Ce jour j’ai marché de la ville jusqu’à la cité Claudel sans m’en rendre compte. J’avais la tête vide et une fois arrivée dans la chambre, des idées de suicide me traversèrent l’esprit. Je comprenais les gens qui le faisait et leur niveau de désespoir. Je voulais exploser tellement je me sentais oppressé. Je ne pleurais plus et n’arrivais plus à réfléchir correctement. Mon téléphone sonnait et c’était un numéro de la France. Peut être Demba ou Awa. Je ne décrochais pas et me couchais. Je ne voulais parler à personne. Le téléphone sonna encore et encore. J’en avais marre de tout.
Fatou et les filles avaient réussit à me convaincre de reprendre les cours et finalement au lieu de rester dans la chambre, j’y allais tous les matins. Mais je restais sans rien suivre. Je ne prenais aucune note et passait le plus clair de mon temps à rêvasser. De quoi ? Je ne saurais le dire. Au bout d’une semaine, je ne suivais toujours pas.
Un matin, en plein milieu du cours, je me levai et partais voir Ibrahima. La grossesse de sa femme avançait bien et il me confirma que le Dr Rassoul s’occupait bien d’eux. Et après avoir discuté avec lui, je lui demandai des renseignements sur le sujet qui m’intéressait et au lieu juste de me renseigner, il fit mieux et me mit en rapport avec la personne qui pourrait m’aider. Je me rendis directement chez la personne et elle me donnait rendez vous pour la fin de la semaine.
Je repartais plus sereine. La veille du rendez vous, je prévins Fatou de ma décision et elle me déconseilla fermement disant que je devais penser à mes études et à ma carrière. Mais sur le coup, plus rien ne n’intéressait. Seul comptait ce que j’avais décidé et malgré toutes ses protestations, je lui dis au revoir et le lendemain matin, je me rendis au garage et retrouvais avec un certain Allasane Diallo qui se rendait en Guinée, juste à coté du village de mon père. Il était même disposé à me conduire jusqu’à destination puisque je ne connaissais pas les lieux. Direction la Guinée. En attendant la voiture, je pris la voiture, je sentis cette solitude, cette pesanteur comme si on était seul au monde et que rien ne pouvais nous secourir. Je versais de chaudes larmes dans la voiture qui me ramenait en repensant à ma vie. Mais comme dit l’adage, « Kou khamoul fo dieum, déloule fi nga diougué » (quand on ne sait ou l’on va, on retourne d’où l’on vient).

Diouldé : itinéraire d'une vieWhere stories live. Discover now