LAYLANA

Chapitre 3

Point de vue Laylana

Trois ans plus tard

Je me suis réveillée de mauvaise humeur aujourd'hui. C'est toujours le cas lorsque le fils de tata Dieyna est là. Je ne parle pas de Karim mais de l'autre qui n'est jamais là d'habitude. En trois ans, il n'est venu que quatre fois. Et tant mieux parce que je ne le supporte pas. Il est prétentieux, autoritaire, arrogant et j'en passe. Et le pire dans tout ça c'est que c'est le chouchou de sa maman. Elle est tout le temps aux petits soins avec lui et c'est ça qui empire son caractère. Bref.

Je me lève donc du lit et pars dans la salle de bain pour prendre une douche et faire mes ablutions et rattraper ma prière de Fajr. Après ça je réveille Assia qui n'est pas du tout du matin donc j'y passe quasiment quinze minutes avant qu'elle ne se réveille, le visage renfrognée. Elle suce son petit doigt pendant tout le bain. Je l'habille de sa tenue d'école de et lui coiffe ses cheveux en les attachant. Elle a les cheveux bouclés un peu comme le reste de ma famille. Moi je les ai un peu plus crépus même s'il m'arrive de les avoir bouclés parfois.

Il était 7h26 lorsqu'on part à la cuisine pour le petit-déjeuner. Elle s'installe directement sur sa chaise en attendant que je lui prépare son Cerelac. Elle ne mange que ça le matin. Je lui mets un bavoir pour qu'elle ne tache pas sa tenue. Elle a presque quatre ans, dans deux mois, mais je la connais. Une fois fait, je lui donne son bol et m'attaque à la préparation du petit-déjeuner du reste de la maison.

Il y a une table à manger dans la cuisine donc tout le monde mange ici le matin. Quelques minutes plus tard, tata Dieyna arrive, moins joyeuse que d'habitude. Elle fait un bisou à Assia avant de s'installer. Avant je trouvais cela gênant, qu'elle soit aussi tactile avec nous mais au fil du temps j'ai remarqué que c'était une famille très affectueuse et ouverte d'esprit.

- « Bonjour » fait-elle en s'installant

- « Bonjour mamie » répond Assia avec son premier sourire du matin

- « Bonjour comment ça va ? » je répond à mon tour

- « Ça va pas bien. J'ai fait un saut dans la chambre de Hakim et il n'était pas là. Il n'a pas dormi ici, encore une fois. Deux nuits de suite » confie-t-elle, peinée

- « Désolée de dire ça mais tu l'as trop gâté tata. Quand il est à la maison, on dirait qu'il a dix ans » dis-je énervée malgré moi

Je ne peux pas dire qu'il est comme ça tout le temps parce que je ne le connais pas plus que ça. On se parle quasiment pas même si des fois je sens son regard sur moi.

- « Je sais Laylana, je sais. J'ai été tellement dure dans l'éducation de Karim que je m'en voulais. Du coup j'ai tout laissé passer avec Hakim »

- « Mais ça a payé. C'est le plus correct de tes enfants en tout cas » dis-je en levant les mains

Tata Dieyna est veuve depuis dix ans maintenant. Elle ne s'est pas remariée depuis. Son mari, Ibrahima Sow, était mort dans un accident de voiture. Lorsqu'elle m'a révélée cela, je me sentais prête à lui raconter ce qui est arrivé avec Lamine, notre histoire, ma relation avec mes parents et on s'est mises à pleurer toutes les deux ce jour-là.

Elle a trois enfants. Karim, l'aîné, ensuite venait Hakim et en dernière position nous avons Jeanne. Elle étudie au Canada mais elle vient pendant les vacances. Elle est très gentille comme sa mère mais elle aime trop se faire voir, sortir chaque soir, montrer son argent, s'habiller beaucoup trop sexy. Elle m'appelle sainte Laylana depuis que j'ai essayé de parler avec elle. Nous avons le même âge, 23 ans maintenant mais on dirait ma grande sœur.