BL-Thomas X oc From the street

1- Graviers

La froide pluie tombait en averse sur la ville, assommant les toits, remplissant les égouts, s'infiltrant dans la terre et glaçant le corps des quelques pauvres qui restaient encore dehors.

Le vent arrogant venait fouetter les fenêtres et les visages, bourdonnant aux oreilles d'un jeune homme assis par terre, la boue imprégnant son bas, et la terre grimpant sur ses vêtements déjà bien salis. A peine protéger par un mur sombre et puant, Nash frottait ses bras avec énergie, essayant tant bien que mal de réchauffer son corps grelottant.

Il releva les yeux vers le paysage lugubre de la ville abandonnée, d'un regard perdu et ses mains de retour vers un petit peu de chaleur, fraîchement protégée par ses poches, Nash tritura le petit bout de papier dans sa poche. Il le tournait et le retournait en gardant son regard sur les bâtiments aux alentours. Son esprit était occupé par les petites lettres noires qui se dessinaient sur le papier jaunis.

Un frisson parcouru de nouveau le corps du jeune homme qui rapprocha ses genoux de son torse.

- Haaaaa...soupira t-il

Nash tourna la tête vers un autre bâtiment, celui qui protégeait la cible qu'on lui avait attribué sur ce petit bout de parchemin.

- Thomas Shelby. murmura Nash en faisant sortir le papier de sa poche, le faisant glisser et disparaître entre ses doigts à sa guise

Le jeune homme froissa le papier, le remit dans sa poche et sortit un paquet de cigarette humide et un vieux briquet abîmé. Il glissa la cigarette entre ses lèvres et la fit rouler avec sa langue, profitant de la sensation agréable de la cigarette dans sa bouche. Là, il plaça sa main devant son visage et après deux essais une petite flamme vint réchauffer la paume de sa main, faisant crépiter et rougir le bout de la cigarette.

- Putain de flics...soupira le jeune homme en faisant sortir la fumée de ses poumons

Le petit brouillard blanc qui échappait des lèvres de Nash vint se mêler à l'air ambiant se perdant dans la ville.

Le jeune homme se releva difficilement, ses fesses engourdies à force d'être resté assis autant de temps, et des jambes lourdes pour la même raison. Il fit quelques pas, restant caché derrière le mur de brique rouges délavées, portant encore et encore la cigarette rougeoyante à ses lèvres, la consumant peu à peu.

Du coin de l'œil, il observait la fenêtre de la maison des Shelby, l'intérieur protégé par de opaques rideaux verts. Nash posa son dos contre le mur et continua d'observer chaque millimètre de la maison. Son coup devait être propre et soigné; c'était d'ailleurs pour ses services qu'il n'était pas en train de croupir en prison. Il devait réussir, à tout prix.

Nash sortit le petit bout de papier jaunit et froisser, le déplia et en admira les lignes.

« Fouille la chambre de Thomas Shelby »

*

Le bruit de tous les hommes rassemblés dans cette même pièce fatiguait Thomas déjà bien éreinté par ses courtes nuits. D'un doigt, le jeune homme glissa sur les coutures vertes des rideaux et en releva un légèrement. Au dehors, la pluie faisait rage, et il n'y avait presque plus personne dans les rues, à part les pauvres gens comme l'homme qui se tenait dans la boue, ses cheveux noirs retombant misérablement sur son visage, le bout de sa cigarette rougeoyant faiblement dans la sombre nuit qui avait déjà bien avancée. Thomas fit pendre de nouveau le rideau, concentrant son attention sur la discussion à côté. L'argent, le fruit de tous ses actes, enrichir sa famille. Alors Thomas vint s'asseoir à la table en compagnie des autres membres de sa famille, attrapa un verre à moitié plein de whisky et le vida cul sec.

Les heures passaient, les mégots de cigarettes s'entassaient péniblement dans les divers cendriers présents sur la table. Et alors que l'un des frères de Thomas se leva pour jeter un coup d'œil à la fenêtre, le jeune homme remarqua la disparition de l'homme assit dans la boue.

Le regard de Thomas se perdit dans le vague avant que sa famille ne le rappel, le faisant sortir de son silence mental. Il détourna le regard de l'abri boueux, ne prêtant pas plus d'attention à cet homme qui serait sans doute annoncé décéder le lendemain.

Le lendemain matin, lorsque Thomas quitta la maison familiale pour rejoindre son bar, il ne fallut que le temps qu'il aille chercher sa voiture pour se trouver happé par la foule présente dans les rues. Une fois le véhicule récupérer, le jeune homme tâta ses poches pour vérifier la présence de son porte-monnaie, et lorsqu'il sentit une petite plaque rectangulaire dans sa poche, il mit le moteur en marche pour finalement traverser les rues.

Ses mains effleurèrent la porte du bar et les poussèrent avec habitude. Thomas rejoignit immédiatement la petite salle privée qui lui appartenait, et il passa la tête par la petite fenêtre donnant sur le comptoir ou la nouvelle barmaid s'activait.

- Une bouteille de Whisky. Dit-il

La blonde se rapprocha immédiatement pour lui donner sa commande, et une fois cette dernière en mains, il referma rapidement la fenêtre, se tournant vers son grand frère, Arthur, avant de s'asseoir avec aisance dans le fauteuil.

Les deux hommes commencèrent à discuter, la boisson se déversant dans les verres, la couleur rousse absorbant le regard de Thomas. Il glissa ses doigts sur le rebord du verre, le faisant tourner délicatement. Son esprit était happé par une chose, une seule chose qu'il ne parvenait à faire sortir de sa tête. Le jeune homme se résigna finalement, et tâta de nouveau ses poches, son porte-monnaie y était toujours, mais Thomas avait toujours un pressentiment qui le poussa alors à plonger sa main dans sa poche, là, il attrapa l'objet qui s'y trouvait avant de le balancer sur la table en pestant. Arthur lança un regard étonné à son petit frère qui lui dit :

- On m'a volé.

Le plus vieux faillit cracher son whisky avant de rire.

- Toi ? On t'a volé toi ? Hasarda-t-il

Thomas attrapa le bout de carton lesté qui avait pris la place de son porte-monnaie et le jeta à la tête de son frère.

- Je retrouverais le fou qui a fait ça. Cracha le jeune homme