● Chapitre 22 - Harry.

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W̶h̶e̶n̶ ̶y̶o̶u̶ ̶s̶a̶i̶d̶ ̶y̶o̶u̶r̶ ̶l̶a̶s̶t̶ ̶g̶o̶o̶d̶b̶y̶e̶,̶
I̶ ̶d̶i̶e̶d̶ ̶a̶ ̶l̶i̶l̶ ̶b̶i̶t̶ ̶i̶n̶s̶i̶d̶e̶.̶


Harry - Premier Mai.

Je ne suis pas allé voir Kurt et Lucille, fin avril. J'ai loupé mon train, en fait. Mais je l'ai fais exprès. Je crois que c'était encore trop tôt. Je m'en voulais tellement de les éviter volontairement. Mais je n'étais pas encore prêt a parlé d'Isaac. Je n'y arrivais pas. J'avais déjà repoussé cette journée où l'on parlerait de lui trop de fois, et maintenant que je pensais enfin être capable de le faire, je la repoussais encore parce que c'était plus simple d'être lâche que d'avoir mal. Je crois. Ou alors j'avais peur d'avoir encore plus mal. Parce que je savais qu'on allait parler de ce jour là, et que je n'étais pas prêt à en parler. Ni à en entendre parler de par quelqu'un d'autre. Pas encore. C'était trop douloureux d'y repenser. La culpabilité mon rongeait et j'étais incapable d'en entendre parler. C'était trop dur. Alors à la place d'aller les voir eux, je suis allé le voir directement, Isaac. Parce que ça avait toujours été plus facile avec lui. Je suis retourné au cimetière, mais avec des fleurs cette fois-ci. Une fleur. Un tournesol. Un tournesol qui allait mourir trop vite, mais c'était ses préférées. Alors j'y suis allé avec un tournesol et je suis resté là, comme un con, en silence face à la pierre tombale où étaient gravées ces deux foutus dates qui me faisaient bien trop mal à nouveau. Je me suis assis, et puis j'ai posé mon tournesol et j'ai commencé à fredonner une chanson qu'on aimait bien, tous les deux: Yellow de Coldplay ; On passait notre temps à la chanter et à casser les oreilles de Kurt et Lucille quand on état ensemble. Mais dorénavant, j'étais tout seul, et je la murmurais tout seul. Parce que maintenant qu'il n'était plus là, la chanter correctement ou à m'en casser la voix n'avait plus vraiment de sens.

Puis finalement j'ai réussi à lui parler, un peu. Et c'était tellement difficile de lui parler en sachant que jamais plus je n'aurai de réponse de sa part... Je l'avais déjà fais pourtant, la première fois que j'étais venu. Mais là c'était différent. J'étais dans le déni cette nuit-là. Je venais d'en sortir ou alors j'en sortais au fur et à mesure que je vomissais ce flot de paroles qui était resté coincé dans ma gorge un peu trop longtemps. Mais là, le déni n'existait plus, et ça me retournait l'estomac. Alors je n'ai pas réussi à lui parler longtemps, mais je crois que cela m'a fait du bien, de lui parler comme s'il y avait une chance qu'il me réponde. Il me manquait tant. Tous les jours un peu plus fort. J'avais si mal au cœur. Mais il était là, dans un sens, et je crois que ça me réconfortait un peu. Un tout petit peu.
Je suis resté longtemps avec lui. Très longtemps. J'ai allumé deux cigarettes alors que le ciel commencait à s'assombrir. J'en ai deposé une sur sa tombe et j'ai fumé l'autre. Cela faisait bien trois ans que j'avais arrêter de fumer maintenant, mais là c'était spécial. Avant il n'y a qu'avec lui, que je fumais. Alors c'était un peu comme avant, au fond. Mais je l'ai vite éteinte, la sienne, parce qu'elle ne servait à rien, finalement.
Je me suis remis à fredonner, et j'aurai pu rester encore, mais il s'est mis a pleuvoir alors j'ai dû m'en aller. Et puis, le cimetière allait bientôt fermer, de toute façon. Alors j'ai pris nos deux mégots, les ai mis dans un mouchoir pour pouvoir les jeter plus tard, j'ai jeté un dernier coup d'oeil à la petite photo d'Isaac, puis j'ai souffler un baiser dans l'air et je me suis baisser pour attraper mon sac de voyage.

Et c'est là que je l'ai vu.

Ruth.

Elle venait sans doute changer les fleurs qui avaient fanées sur sa tombe...

C'était la soeur d'Isaac. Ruth. Sa grande sœur.

Et ça m'a fait un choc. J'ai cru que j'avais eu une hallucination, mais non. Elle était là, et ça m'a provoqué un putain de choc tellement violent au creux de la poitrine...











Martyre.Where stories live. Discover now