L'endroit où je voudrais rester...

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Plus jeune, je n'avais personne avec qui jouer.
J'étais souvent livrée à moi-même dans ma petite chambre essayant de trouver quelque chose à faire pour occuper mes journées.

Heureusement que j'ai appris à lire. Je suis extrêmement reconnaissante pour cette bénédiction, car la lecture a été la clé pour m'évader de ce monde.

Je disparaissais souvent derrière une grosse pile de livre à côté de mon lit. Matin, midi et soir je faisais ça toute la journée.

J'avais un très étrange comportement à l'époque : je voulais absolument commencer et terminer un livre sans être interrompue. Si jamais je devais quitter ma lecture pendant un moment alors que je n'avais pas fini et bien, je recommençais le livre depuis le début.
Pas de commentaire. J'ignore encore ce qui me passait par la tête.

J'étais abonnée aux « j'aime lire » et aux autres magazines d'histoires hebdomadaires. Je cumulais aussi les Disney, et puis je regardais énormément de films et de dessins animés si je ne jouais pas avec mes jouets.

C'était bien à cette époque, je ne connaissais pas les horreurs de la réalité. J'étais enfermée dans le monde que j'avais créé.
Rien n'était impossible, je pouvais être une princesse comme une fée. Je pouvais terrasser cette sorcière que je pensais cacher sous mon lit ce doux soir d'été.
Je pouvais même prendre le thé avec le Roi de mes peluches pour le questionner sur les affaires du royaume ou encore aider maman playmobile à faire le dîner pour ses enfants, essayer de négocier avec l'araignée du plafond pour ne pas qu'elle puisse me manger...
Je pouvais même me glisser sous la couette pour suivre mon héroïne préférée dans le monde des ballets, éclairée par la lampe de chevet les nuits où ils faisaient froid dehors. Il n'y avait aucune limite.
Même sur l'autoroute par la fenêtre, j'apercevais Mickey se cacher derrière la cime d'un arbre.

Je voyais les soucis que ma famille traversait, mais je m'enfuyais. J'avais l'habitude de partir très loin dans mon imagination, là où personne ne pourrait venir me chercher, me juger ou m'obliger à faire des choses qui n'avaient absolument aucun sens pour moi.

D'une manière ou d'une autre. J'ai longtemps cru que tout ce qui se passait dans mon imagination était réel, que mes héros préférés existaient vraiment !

On dit que lorsque l'on grandit, les doux rêves d'enfants s'effacent peu à peu...
C'est vrai enfin en partie.

Vous savez quand je prends un livre, écoute une histoire, imagine ou encore quand j'écris. Je me sens triste de savoir que tout cela n'est que des rêves. Je me sens triste que la réalité dans laquelle je vis est bien différente.

Et si par chance, en quelque part dans l'univers, parmi ces milliers d'étoiles et de galaxies nos héros étaient réels ?

Je ne me suis jamais faite à l'idée que tout soit faux. Il y a une part de moi qui continue de me perdre dans l'imagination. C'est un réflexe maintenant, un refuge. Une sortie de secours que j'emprunte encore aujourd'hui pour éviter de regarder les problèmes en face sauf que la bulle que j'utilise finie toujours par éclater.
Je reviens alors m'écraser sur le sol de la vérité assez brutalement.

Ce que j'essaye aujourd'hui de vous dire, c'est que derrière tout cela. J'ai secrètement rejeté ma vie, inconsciemment du moins.

Mais toutes les fois où je me suis rendue dans ce monde, je me suis entraînée à imaginer et à être créative.

La créativité, c'est comme un arbre. Un arbre énorme et si grand qu'il atteint les nuages. Un arbre comprenant de multiples branches qui s'éparpillent un peu partout au travers des nuages. Vous le visualisez ?


J'ai voulu écrire ça aujourd'hui après avoir contemplé une image de paysage féerique sur Pinterest (pour la énième fois).
Je crois que j'ai grandi comme ça. Les gens qui me connaissent assez peu auront tendance à dire que je suis tout le temps dans les nuages alors que je suis en quelques parts perdues dans mon imagination.

Rêver, c'est nécessaire. Je serais bien là dernière à vous en empêcher, mais pas trop non plus...
Après, on a du mal à distinguer la réalité. Tout se confond. On reste prisonnier entre deux mondes complètement différents. Les propriétés de l'un ne s'appliquent pas du tout à l'autre et finalement, on devient presqu'incapable de voir la réalité en face.


Avant de dormir ce soir, prenez une musique reposante et laissez vous flotter avec les notes. Imaginez, le paysage que vous souhaitez.
Il fait nuit ? Est-ce qu'il y a deux lunes dans le ciel ? Les fleurs rejoignent elles les nuages ? Les chats, ont-ils des ailes ? Y a-t-il une cascade qui descend des étoiles ? Et les lumières dans l'herbe, ce sont des insectes ou peut-être des fées ? Qu'est-ce que vous entendez ? Qu'est-ce que vous sentez ? Qu'est-ce que vous pouvez toucher ? De quelle température est l'eau ? Est-elle salée ou sucrée ?

Dans votre monde, vous êtes en sécurité.

22 février 2022
Agréable semaine à vous
Lucy

Sans imagination, il ne pourrait y avoir création.
Albert Jacquard

Le Journal de Lucy 2022 Where stories live. Discover now