A great discussion :

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Jeudi 14 Aout 2014:

Point de vue de Louis:

Mon coeur battait la chamade à mesure que le temps passait. Le vieux magnétoscope sûrement inutilisé depuis des années sous la télévision du brun affichait les changements de minutes en néons rouges, m'agressant presque la rétine qui restait scotchée dessus avec attention. Harry était parti faire les courses et devait rentrer d'une minute à l'autre alors que Cléa, sous ma garde, jouait avec ses figurines. De petits animaux en plastique aux sourires étranges qu'elle faisait discuter entre eux autour du pied de la table basse. Visiblement le grand kangourou aux gants de boxe s'énervait sur l'éléphant incapable de gravir la "montagne" formée par Cléa à l'aide d'un des coussins du canapé. Elle était tellement dans son monde qu'elle ne prêtait même plus attention à tout ce qui pouvait bien se passer autour de nous, mais le plus important était la façon dont de temps en temps elle se mettait à chuchoter les dialogues imaginaires de ses figurines. Cela faisait des années maintenant qu'elle avait prit l'habitude de jouer sans parler, et depuis peu que sa situation s'arrange, elle avait déjà repris l'habitude d'utiliser la parole dans ses mises en scène, comme si ça ne l'avait jamais quitté, comme si c'était tout ce qu'il y avait de plus naturel pour elle. C'était revenu tellement vite, comme si ça ne l'avait jamais quitté, et c'était dans ces petits détails qu'on pouvait mesurer l'avancée de sa guérison. Elle s'en sortait à merveille, son application dans ses séances d'orthophonie et tous les exercices qu'elle répétait en boucle une fois seule dans sa chambre portaient leurs fruits bien plus rapidement que quiconque aurait pu l'imaginer. Après tout, Cléa était une battante, elle ne faisait jamais comme les autres, alors ça n'était finalement pas si surprenant.

C'était sûrement en partie pour cette raison que je m'inquiétais d'ailleurs, parce qu'on ne pouvait jamais prévoir à l'avance les réactions de Cléa, et que dans quelques minutes, son père allait nous rejoindre et nous allions avoir cette fameuse conversation que l'on prépare tous deux depuis une semaine maintenant. On allait devoir trouver les mots parfaits pour être sûrs de bien se faire comprendre du premier coup, s'assurer qu'il n'y ai pas de malentendus quels qu'il soit. Cléa était une enfant et ce genre de conversation n'était réellement pas à prendre à la légère, j'avais peur qu'elle s'inquiète, ne soit pas d'accord ou regrette ce changement. Alors je restais assis là, l'air de rien malgré la tempête d'inquiétudes qui perlaient dans mon corps depuis qu'Harry m'avait annoncé à mon arrivée ce matin que c'était pour aujourd'hui.

Il m'avait attiré dans ses bras à peine la porte d'entrée passée et m'avais chuchoté à l'oreille de me préparer à ce que ça arrive. Il avait expliqué qu'il partait faire quelques courses, me laissait m'occuper de sa fille pendant ce temps et qu'il reviendrait, un fast food entre les mains, pour lancer la conversation avec elle dans les meilleures conditions. Seulement voilà, il était parti depuis trois bons quarts d'heure maintenant et j'avais la sensation que mon coeur était prêt à faire exploser ma poitrine tant il frappait fort. Mes mains étaient moites posées sur mes cuisses, mon genou ne cessait de sautiller sur place, faisant grincer le canapé sous mon corps.

-Qui veut des frites? Résonna une voix fière dans l'entrée, claquant la porte derrière lui et brandissant fièrement un sac en papier rempli de cochonneries sentant déjà bon dans tout le salon.

En une seconde seulement la petite avait abandonné ses figurines, laissant au sommet de la montagne un kangourou toujours aussi énervé alors qu'elle se faufilait presque en courant vers son père, un sourire dévoilant toutes ses petites dents mal alignées alors qu'elle s'emparait du fameux sac sans hésiter.

Elle planta son nez à l'intérieur, pressée de savoir ce qu'elle allait pouvoir engloutir pour le déjeuner, laissant son père ranger les courses qu'il venait de faire.

Beethoven - LarryWhere stories live. Discover now