1994: Cookies and children's games

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Lundi 04 Juillet 1994:
Point de vue de Louis:

Cela faisait une petite semaine maintenant que l'après-midi à la plage était passé, j'étais sorti chaque après-midi avec les gamins du coin, naviguant entre le sentier de forêt, la plage et le gymnase désaffecté du quartier. La peau de Sarah prenait doucement une couleur bronze alors que les taches de rousseur autour des pommettes de Léo commençaient à réellement prendre forme et les cheveux de Mathéo avaient encore blondi. Les tee-shirts aux manches longues avaient été remplacés par de fins débardeurs alors que les jupes des filles volaient au vent, faisant presque toujours pouffer Charles qui se penchait sans arrêt pour essayer de deviner la couleur de leurs sous-vêtements.

Rien n'avait changé des autres années, toujours la même routine régulière, les mêmes odeurs fleuries et les mêmes heures allongés à même le sol brûlant à fumer tout ce qui nous tombait sous la main et jouer à des jeux tout aussi ennuyeux les uns que les autres. Plus le temps passait, plus le soleil montait haut dans le ciel et brûlait nos peaux lascivement, marquant cette dernière de ses doux rayons un peu plus à chaque après-midi, laissant bientôt la démarcation de nos vêtements sur cette dernière.

Jusqu'à aujourd'hui du moins, où le soleil si lumineux et fier avait été éclipsé par un orage éclatant, des lambeaux de pluie glissaient sur ma fenêtre alors que quelques éclairs parsemaient le ciel de leur éclat, résonnant dans un bruit sourd qui en fit presque trembler les murs de la maison. Le temps calme et agréable que nous avions connu jusque-là venait de se faire éclipser sans mal, forçant chacun de nous à rester enfermés dans nos chambres, plantés sous nos couvertures molletonnées.

Ma mère et David n'étaient toujours pas en vacances, ils ne pouvaient prendre que deux semaines pendant l'été et les prenaient début août comme tous les ans. Je me retrouvais donc entièrement seul, chose qui n'était pas arrivée depuis un moment et qui avait le don de me déprimer. Je n'étais pas quelqu'un de solitaire, la sociabilisation semblait faire partie intégrante de mes besoins et je devais avouer que j'étais sans doute aussi plutôt hyperactif. Je n'avais qu'une envie, celle de filer dehors et de courir sous les torrents de pluie en criant à tue-tête sans même savoir pourquoi. Rester assis à ne rien faire était loin d'être l'une de mes activités favorites, ce pourquoi je me laissai tomber en vitesse sur mes deux jambes maladroites dès que j'entendis la sonnette de la porte d'entrée raisonner, sans même savoir de qui il pouvait bien s'agir. Sûrement un des gamins du sentier de forêt qui, comme moi, n'aurait pas supporté de rester seul et qui serait venu s'inviter chez moi. Cela arrivait souvent, en particulier avec Gabin. Ce petit ne parlait certes pas beaucoup en public, mais savait qu'il pouvait passer quand il voulait, et en général, il se laissait toujours plus aller quand on était que tous les deux. Je le laissais écouter mes musiques sur le tourne-disque de ma mère, il amenait d'ailleurs parfois ses propres disques ou m'accompagnait chez le disquaire pour choisir ensemble, en prévision de nos après-midi de mauvais temps. C'était en quelque sorte notre rituel, assis, adossés contre mon lit, à boire un chocolat chaud en se servant de pailles en guimauve. Il restait silencieux mais savait interagir au bon moment à chaque fois, ne laissant jamais le silence devenir trop pesant et ne prenant jamais trop de place dans la conversation. C'était plutôt une très bonne compagnie à vrai dire, et je me sentais plutôt coupable que les autres gamins du coin ne s'en rendent pas compte. Il était toujours gêné avec chacun d'eux, ne se montrant pas réellement tel qu'il était et même si personne ne le lui reprochait réellement, Mathéo se faisait un plaisir de faire tout un tas de réflexions déplacées. Cette petite teigne savait trouver ce qui faisait mal et il prenait toujours un malin plaisir à appuyer dessus. Plus le temps passait plus j'avais des difficultés à passer du temps avec lui, supporter ses humeurs et son caractère pourri. Puis je me rappelais de ses bons côtés, du fait qu'on était une famille et qu'on devait se soutenir et que je savais qu'un jour il allait grandir, prendre en maturité et changer d'attitude. Alors seulement on pourra être les meilleurs amis du monde, sans rancune, parce que je ne lâche jamais mes amis.

Beethoven - LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant