We were too close to the stars

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CHAPITRE 1
(Nous étions trop proches des étoiles)

Comment s'était-elle retrouvée la dedans? Elle venait seulement récupérer l'argent de son père, comme tous les jeudis, mais la voilà, prise en otage par des types armés et complètement fous.

"À terre!" ordonna l'un des braqueurs en déchargeant son arme dans le plafond.

T/p se regroupa avec les autres personnes, comme on lui avait gentillement demandé en lui pointant un pistolet dessus. Jamais une chose aussi folle ne lui était arrivée du haut de son jeune âge. Son père était gravement malade alors elle devait gérer toute seule, faire les courses seule, le ménage seule, les études seule, les repas seule, les comptes seule et aller retirer l'argent qu'on versait à son père, comme si ça allait le guérir, seule.

Les braqueurs se concertèrent. T/p vit un petit groupe se rendre en direction du coffre fort et un autre vers la caisse. Elle savait, comme tout le reste des otages, qu'ils voulaient de l'argent, mais elle espérait qu'ils se contenteraient de celui de la banque et ne feraient pas de bêtises. Blottie entre une maman et son enfant de quatre ans qui pleuraient à en percer les tympans de toute la banque, elle essayait de rester forte. Dans ce genre de situation, c'est le meilleur à faire pour rassurer les autres personnes. T/p retint ses larmes, enfouit sa peur au fond d'elle et laissa place à une jeune fille courageuse, enfin, elle essaya.

"Fais-le taire!" grogna le braqueur qui surveillait les otages. C'était très certainement un nouveau dans la bande, un jeune pas très débrouillard à qui on laissait le sale travail. Il n'avait pas l'air de s'y connaître en braquage, non pas que T/p soit une voleuse professionnelle, elle avait simplement remarqué qu'il était nerveux. Elle s'y connaissait bien en psychologie humaine, son père avait énormément de problèmes, comme je vous l'ai dit, et T/p a dû assurer jusqu'au niveau de la médecine pour pouvoir s'occuper de lui. Ontario en 2002 n'était pas super fourni au niveau médical et pour soigner son père, T/p devait aller jusqu'en Allemagne. Ce n'était pas les moyens qui manquaient, du côté de l'argent, ils étaient bien servis par la bourse que son père récoltait (les canadiens ne pouvaient pas le soigner alors en contrepartie, il le payait comme ils le pouvaient), mais elle n'était pas majeure et donc elle ne pouvait pas voyager avec son père malade sans être accompagnée. Personne ne voulait avoir la responsabilité de transporter une fillette et son père mourant alors T/p devait attendre ses dix-huit ans et tous les jours, elle espérait que son père ne mourrait pas avant, même si elle savait que c'était peine perdue.

L'enfant chouina de plus belle ce qui agaça le braqueur.

"Fais-le taire, bon sang!" répéta-t-il à la mère complètement désemparée par ce petit bout de chou. Sa maman tenta de rassurer le petit, de le prier de ne pas pleurer davantage mais en vain, il continua ses sanglots bruyants. L'homme s'énerva encore et s'approcha à grand pas.

"Il se tait ou je le fais taire", déclara-t-il. Le visage de la mère se blanchit de peur. Elle ne pouvait pas contrôler les pleurs de son enfant mais il était de son devoir de le protéger. Elle ne réagissait plus, ne bougeait presque plus, on ne savait même pas si elle respirait encore. Voyant qu'elle ne contrôlait plus rien dutout, T/p intervint. Elle prit l'enfant dans ses bras, le berçant avec légèreté et lui souriant de manière à le rassurer. Le gamin se tut petit à petit et finit par ne plus faire aucun bruit. Il regarda T/p avec sa morve dégoulinant de son nez et renifla comme on l'habitude de le faire les enfants. La jeune fille sortit un mouchoir de sa poche et le plaça devant le petit museau du garçon.

"Souffle", lui dit-elle de sa voix calme et rassurante. Le petit s'exécuta. Il souffla un long moment, remplissant le mouchoir puis, le nez enfin vide, il retira sa bouille du morceau de papier. Le mouchoir fut jeté dans la poubelle juste derrière et le petit resta là, sur les genoux de cette belle demoiselle qui l'avait mouché. Il se colla à elle, le pouce à la bouche et son doudou à la main, tandis que sa mère revenait dans le monde réel. Elle remercia mille et une fois T/p d'avoir calmé son garçon. Elle était en pleures et totalement terrorisée mais son enfant allait bien grâce à T/p. Le petit revint sur les genoux de sa mère en adressant un dernier regard à sa nouvelle amie. Le braqueur, écœuré par tant de tendresse, retourna à son poste en faisant la moue. Les otages reprirent un peu confiance en voyant la jeune fille en action et se détendirent. Tous assis les uns à côtés des autres comme un troupeau de moutons, ils attendaient que la prise soit finie. Ils virent quelques voleurs revenir avec des sacs bien remplis et, en une façon, cela les soulagea. Ils espéraient que c'était bientôt terminé, les braqueurs allaient sortir tranquillement avec les otages puis s'enfuirent en les laissant à la police car les forces spéciales ne pourraient pas tirer au risque de blesser un innocent.

Elle, du plus profond de mon cœurWhere stories live. Discover now