Bungou Stray Dogs - Chuuya x OC // Ainsi pleurent les souvenirs (Tome I)

Chapitre 23

C'était une journée comme les autres pour lui, du moins jusqu'à ce qu'il se rende dans son bureau ce matin-là, bien qu'en retard par rapport à d'habitude, mais pour une bonne raison. Comme toujours, les ordres de mission qu'il devait accomplir pour ce jour-ci étaient là, attendant patiemment sa venue.

Mais, chose étrange, hormis l'un de ses collègues avec qui il partageait son espace de travail, son assistante aux yeux dépareillés n'était nulle part.

Ce qui l'intrigua sur le moment, tellement cela était inédit. Même s'il avait assuré à Zoey que venir une heure plus tôt n'était pas nécessaire, la brune continuait à être bien plus ponctuelle qu'elle n'en avait réellement besoin.

Alors, ce matin-là, en voyant que la jeune femme n'était pas là, il avait trouvé cela étrange. Déposant le paquet qu'il tenait sur son bureau, il avait regardé son téléphone portable, au cas où Zoey lui aurait envoyé un message, par exemple pour lui dire qu'elle serait en retard aujourd'hui, mais rien.

Enfin, de la part de son assistante du moins. Car, dans sa boîte de réception, se trouvait un message, qui venait de Kôyô. Le sentiment de malaise qu'il ressentait s'accentua encore un peu plus, en sachant qu'il n'était guère dans les habitudes de la rousse plus âgée de lui laisser de simples messages, elle qui privilégiait les appels en bonne et due forme.

Et, de si bon matin, cela n'annonçait rien de bon. Le malaise arriva à son paroxysme lorsqu'il ouvrit la conversation en question, jusqu'à devenir un véritable gouffre dans son estomac quelques secondes plus tard, alors qu'il lisait le dernier message que lui avait envoyé Kôyô.

"Mori m'a demandé d'amener ta nouvelle subordonnée avec moi pour aujourd'hui, alors ne la cherche pas."

Il sentit la couleur se retirer de son visage, fixant avec des yeux écarquillés cette simple phrase, qui possédait malgré tout une signification hautement dramatique.

Zoey était avec Kôyô, à l'heure actuelle. Il ne doutait pas des capacités de mentor de la femme plus âgée, loin de là, puisque lui-même apprenait constamment à ses côtés.

Mais, pour quelqu'un comme Zoey, qui n'avait jamais rien fait de plus dangereux que de bégayer devant leur patron ou ne pas savoir comment allumer un ordinateur, cela signifiait une toute autre chose.

La section que dirigeait Kôyô était celle des interrogatoires. Et, bien évidemment, la Mafia n'était pas connue pour traiter ses prisonniers avec douceur et compréhension. Ayant lui-même assisté et participé à ce genre de chose, il en connaissait autant sur le sujet que s'il avait effectivement été membre intégrant de cette partie de leur organisation.

Il savait ainsi que, de toutes les personnes, Zoey n'était pas prête à une chose pareille. Ce qu'il avait tant redouté depuis que Mori l'avait intégré à la Mafia s'était révélé être bien plus que de simples paroles en l'air.

Laissant sur son bureau le paquet qu'il avait apporté avec lui, Chuuya était alors ressorti de la pièce, fébrile, sous le regard intrigué de son collègue. Kôyô lui avait peut-être indiqué de ne pas chercher sa subordonnée, il avait peut-être du travail en attente, il ne savait même pas ce qu'il allait pouvoir bien faire une fois arrivé dans les cellules froides et humides que cachaient les souterrains...

Mais il continua d'avancer de façon résolue, remontant les longs couloirs interminables en courant presque.

Il était presque neuf heures du matin, constata-t-il en regardant sur son téléphone. Sachant que Zoey arrivait au moins aux alentours de six heures, cela faisait potentiellement trois heures que la brune était entrée dans les souterrains de la Mafia.