- Allez, viens t'asseoir Harry, tu en as assez fait, je t'ouvre une bière.
Alors que mon ami Charles me propose cela, j'analyse la situation. Alors que lui, Amy et Gabriel sont assis depuis une dizaine de minutes déjà, je suis là, à essayer de me débattre avec un sac poubelle et des épingles. Le soleil commence tranquillement à descendre et je sais que les premiers invités débarquerons bientôt.
Charles a bien raison, je devrais me détendre et me reposer un peu. Je lâche mon sac et les épingles dans un coin et accepte la bière que Charles me tend. Gabriel, quant à lui, lève les yeux au ciel, sa canette de thé glacé à la main. À vrai dire, je crois avoir un peu de mal à comprendre Gabriel sur ce point. Je ne comprends pas son obstination face à l'alcool. Charles ne dit jamais de commentaire là-dessus devant Gabriel, pour ne pas le blesser, mais m'a déjà fait part qu'il trouvait ça ridicule.
En même temps, Gabriel est mystérieux.
Et c'est bien comme ça, c'est ce qui donne tant de charme à Gabriel. Pourtant, de son côté, il ne veut pas savoir grand-chose des filles qui sont folles de lui. Je n'ai jamais compris pourquoi.
Néanmoins, je suis content de sa présence. Je sais qu'il n'aime pas les fêtes, mais il vient toujours à celles que j'organise.
Ce soir, c'est au chalet de mes parents.
C'est la première fois cet été qu'on réunit la bande, car nous travaillons tous beaucoup.
Enfin, notre petite bande... Charles m'a dit qu'il allait inviter "quelques-uns de ses amis". Et habituellement, quand Charles dit cela, la terre entière débarque à mon chalet. Je dois me reprendre, c'est en fait le chalet de mes parents. Parlant d'eux, ils sont super, ils me gâtent beaucoup. Je leur emprunte le chalet une fin de semaine une fois de temps en temps, et j'ai le droit de faire ce que je veux, il faut simplement que je range avant qu'ils y retournent, ce qui est assez simple, puisque presque personne ou presque ne rentre dans le chalet.
Je laisse les filles aller aux toilettes, bien sûr, mais les garçons s'arrangent autrement. De toute façon, lorsqu'ils sont saouls, je ne veux pas qu'ils salissent toute la salle de bain en urinant partout.
(...)
Ça fait maintenant deux heures que les invités sont arrivés et la fête se passe bien, je ris avec Charles et Amy depuis une bonne heure déjà. Gabriel s'est éclipsé il y a une vingtaine de minutes déjà, prétextant une envie, mais je l'ai trouvé étrange, comme s'il était hyper nerveux...
(...)
Une dizaine de minutes plus tard, Gabriel n'est toujours pas revenu et ça m'inquiète vraiment, je dois avouer. Les autres n'ont pas l'air de le remarquer.
Je prétexte la même chose que lui auprès de nos amis et me mets à le chercher tout en sirotant ma bière.
Je le retrouve dans un coin près du feu, seul.
Lui qui est pourtant assez sociable, que fait-il seul? En plus, il connaît pratiquement tout le monde ici. Je vais à sa rencontre et l'attrape par le poignet. Je le sens se crisper, mais je le force à me suivre. Je le traîne jusqu'au stationnement, sur le côté du garage et abandonne ma bière en chemin, sachant qu'il n'aime pas me voir boire. À l'abri des regards, je lui demande :
- Qu'est-ce qui ne va pas Gab? Pourquoi tu ne viens pas t'amuser avec nous?
Il reste muet, essaie de partir, mais je le prends par les épaules et en ancrant mes yeux dans les siens, je renchéris :
- Dis-moi ce qui ne va pas, Gab.
Il me répondit, d'un ton sec, qu'il n'avait jamais utilisé avec moi auparavant :
