5. Entre révélation et devinette

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Asta Brahim Dieng

Je cours presque dans les bras de Badiene quand on la trouve en bas. Elle éclate de rire et me câline longuement avant de me demander de m'asseoir à côté d'elle.

- On dirait bien que la fièvre est descendue.
- Oui, grâce à votre aide. Merci beaucoup.
- C'est notre travail de prendre soin de toi, maintenant. Servez vous et mangez.
- On a déjà mangé Mma. Merci.
- Kone deh fadiarou ngenn. Mba fananewoulenn aye beuré rek lol (Vous vous êtes levés tôt alors. J'espère que la nuit n'a pas été trop mouvementée) !
- Ki, yafa nekone mo takh mouy rewantou. Dès que tu es sortie rek, damko napp.

On rigole tous.

- Badiene, en quoi puis-je être utile dans la maison ?
- Fi deh néné, quasiment tout est réglé. Il y a Anna pour la cuisine, Khadija et sa mère Soukey pour le ménage et le linge et Sidy s'occupe de l'extérieur. En temps voulu, je t'apprendrai à coordonner le travail de tout ce beau monde. Pour le moment, nopaloul bou bakh.

On papote encore un peu avant que Fadel ne me force à retourner au lit. Honnêtement je préférais être ici plutôt que d'aller m'isoler seule dans la chambre. En leur présence j'oubliais même tonton Dramé. Mais bon ... comme il me menaçait de me porter ...

- Voila!!!

Il venait de me border comme une gamine.

- Yow tu me prends pour un bébé quoi!
- Bien sûr ! Tu es ma femme, je te traiterai mieux qu'un bébé sakh lol! Maintenant repose toi bien, je vais voir rapidement quelques dossiers avec les vieux puis je reviens te voir.

Mohamed Fadel Ndiaye

Sans lui laisser le choix, je lui dépose un bisou sur le front, très semblable à celui que j'ai donné à Badiene tout à l'heure et qu'elle avait regardé avec envie.
Je descends donc au bureau aménagé au rez -de -chaussée pour travailler avec mon père. Après une séance de presque deux heures, je l'abandonne et je vais voir badiene. Je la trouve au jardin arrière, comme très souvent à cette heure-ci.

- Alors mon fils, viens me raconter comment tu t'en es sorti hier. Bilay nima ragalewone nga forcé ko dara.
- Mma toi aussi, tu n'as pas éduqué un violeur way. Dama ka eupp lamigne rek mdrrr! C'est une grosse peureuse.
- Elle a accepté de partager sa couche?
- Je ne le lui ai pas demandé. J'ai préféré dormir dans la deuxième chambre.
- Haaaa alhamdoulila. C'était la meilleure solution.
- Mais Mma yow demb, ndiorto dara ?
- Humm... ha amna louma khalate mome.
- Et ce matin ... elle a encore eu une réaction très vive juste parce que ... euh ... bon, elle m'a vu le matin dal... tu comprends ?
- Comment ça te voir le matin? Tu n'as pas dit avoir dormi dans l'autre chambre ?
- Si si jusqu'à 5h du matin puis je suis allé prier avec elle et on s'est couché ensemble pour finir la nuit.
- Haa... Fadel, il faudra que tu sois patient avec la fille là. Très patient sakh.
- Je sais, je nous laisserais le temps qu'il faut mais dal pour être honnête, je soupçonne des sévices sexuels.
- Sois attentif, tu le sauras bien assez vite.

Vers 12h je remonte dans l'appartement et me dirige directement vers Asta. Son sommeil était encore agité et elle avait le front chaud. Je vais à la douche pour prendre une serviette à passer sous l'eau froide quand j'aperçois deux serviettes hygiéniques jetées négligemment dans la corbeille des serviettes sales. Elle a du confondre avec la poubelle. Je les récupère pour les mettre au bon endroit quand l'une s'ouvre dans ma main. Je m'attendais à voir beaucoup de sang mais ce que j'avais sous les yeux était assez inhabituel.
Certes je suis un homme mais je me suis toujours intéressé au corps de la femme. Et vu le nombre de partenaires que j'ai eu dans ma vie, je savais ce qu'étaient les menstrues, les serviettes hygiéniques, les tampons, la cup... je maîtrisais tout ce tralala.
Mais ce que je voyais là, ce n'était absolument pas des règles. Ou alors c'est que les règles ne sortaient plus à la même quantité ni au même endroit. J'avais plutôt l'impression que c'était un autre orifice qui avait saigné, accompagné d'un peu de fèces.
Une idée transperce douloureusement mon esprit .
Non !!!
J'étais parano, ça ne pouvait pas être ça way. Ce n'était pas possible.
Seulement, au fond de moi, les pièces du puzzle se mettaient en place.
J'ai toujours eu un esprit très vif et là, il tournait tellement vite que j'en avais le vertige.
Il me faut la vérité mais je savais qu' affronter Asta ouvertement ne donnera rien. Elle se fermera comme une huître.
Je commence à penser à un autre moyen.

INESPÉRÉWhere stories live. Discover now