Chapitre 7

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Seema courut autant qu'elle le put. Elle chercha à mettre le plus de distance entre elle et la Cité, inquiète à l'idée que l'on puisse la rattraper et la ramener de force.

Elle eut une pensée pour Jian. Sans lui, elle n'aurait jamais pu s'en aller. Sans lui, elle serait sûrement encore en train de pleurer dans son salon. Il avait raison, le marchand voudrait sûrement s'en prendre à elle ensuite. Il serait bien étonné de ne pas la trouver dans les Bas-Fonds.

Tandis qu'elle ralentissait son allure pour adopter un pas de course plus régulier, Seema se fit la promesse qu'un jour, elle reviendrait et vengerait Teja. Ce n'était pas le moment. Le marchand devait se douter qu'elle voudrait contre-attaquer. Elle devait s'y prendre quand il s'y attendrait le moins.

Après près d'une heure, Seema arrêta enfin de courir. Les jambes fourbues, elle se laissa tomber au sol afin de reprendre son souffle. Kara, qui durant tout ce temps avait voleté au-dessus d'elle, vint se poser à ses côtés et joua avec les mèches de ses cheveux de son amie en tirant dessus.

— Bon sang, quel stress !

La poitrine de la jeune fille montait et descendait rapidement et son coeur battait si vite qu'elle n'aurait pas été surprise s'il s'était soudain envolé de sa poitrine pour rejoindre le ciel.

Étendue par terre, Seema réalisa alors que pour la première fois depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle se trouvait en dehors de Guza. L'immensité du monde qui l'attendait l'effraya. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il convenait de faire désormais. Où aller ?

Au moins, avait-elle pu s'enfuir avec l'argent qu'elle avait gagné la nuit précédente. Seulement la nuit précédente ? Tout cela lui semblait si loin. Seema se redressa pour s'asseoir et releva son haut pour observer son corps. Ses flancs étaient noirs, vestige des coups qu'elle avait reçu lors d'un de ses combats.

Maintenant que l'adrénaline retombait, elle se rendait compte à quel point elle était épuisée. Tout son corps lui faisait mal. Mais elle ne pouvait pas encore se reposer. D'abord, elle devait trouver un endroit où elle serait en sécurité.

Le serait-elle à nouveau un jour ?

L'avait-elle jamais été ?

La nuit tombait. Elle avait marché toute la journée, en se tenant à l'écart du chemin principal, afin d'éviter de tomber sur des gens. À l'orée d'un bois, elle aperçut enfin une auberge et accéléra son pas traînant pour arriver plus vite. À l'intérieur, personne ne prêta attention à elle, et Seema se dirigea droit vers la femme qui semblait être la tenancière de l'établissement.

— Qu'est-ce que tu veux ?

La patronne l'observa de ses yeux inquisiteurs, il fallait dire qu'après avoir combattu toute une nuit durant, puis avoir voyagé sans s'arrêter le lendemain, la jeune femme n'avait pas fière allure. Déchirés à plusieurs endroits et tachés de sang, ses habits ressemblaient plus à des haillons qu'à autre chose. Sans parler de son visage. De tout évidence, la femme en face de Seema devait penser qu'elle n'avait pas les moyens de payer pour un repas où pour passer la nuit chez elle.

— J'aimerais une chambre, s'il vous plaît.

L'aubergiste leva un sourcil, méfiante, mais se ravisa de l'envoyer promener lorsque Seema déposa dix mardacs devant elle.

— Est-ce que ça suffira pour avoir un repas également ? l'interrogea Seema.

Après un court moment d'hésitation, la gérante hocha brièvement de la tête.

— Il n'y a qu'un seul plat le soir et il faut avoir quitté la chambre avant neuf heures demain matin.

— Ce n'est pas un souci. Et si je peux manger dans ma chambre, ça m'arrangerait.

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⏰ Last updated: Apr 01, 2022 ⏰

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Seema : l'appelWhere stories live. Discover now