La Rose d'un Criminel

11.

Caleb est revenu. Je le sais parce qu'un de ses hommes m'a interdit de sortir de ma chambre. La raison est que monsieur est couvert de sang. J'ai pu le voir discrètement, avant que ses hommes ne me ferment la porte au nez.

Le voir ainsi m'énerve tellement. Qui sait quelle personne a-t-il tué aujourd'hui. Aujourd'hui, Caleb a privé quelqu'un de vivre. Je ne sais pas pour qui ces hommes se prennent pour ôter la vie à quelqu'un. Ce quelqu'un était peut-être un père de famille, un mari, un frère. Et lui, il a retiré cela de ce quelqu'un. Je me demande tout de même si ce quelqu'un pourrait être un "elle".

Je m'assois sur le lit en soupirant. Il m'a enfermé ici, punaise. Je ne peux rien faire d'autre que de regarder les alentours de la chambre, bien qu'il n'y a pas grand chose à regarder. C'est une chambre comme une autre, seulement un peu plus spacieuse.

D'ailleurs, je dois trouver un moyen pour contacter mon chef sans me faire prendre. Dans cette maison, ce ne sera pas possible. Mais à l'extérieur... cependant, est-ce que Caleb me laissera sortir de chez lui ? Pour le moment, je ne pense pas...

Après plusieurs minutes, la porte de ma chambre s'ouvre et Caleb rentre. En le voyant, je me relève d'un bond. Il me fixait sans parler, et je fronçais les sourcils. Il s'approche lentement, toujours sans prononcer un mot.

- Pourquoi es-tu ici ? Me demande-t-il.

- Ici ? Dans la chambre ? Lui demandais-je avec incompréhension.

Il rit légèrement. Il ne parlait pas de la chambre, non. Il continue et dit :

- Ici, en Russie. Avec moi.

- Je te l'ai dis... j'étais en danger. Lui répondis-je.

Est-ce qu'il commence à se douter de quelque chose ? Mon cœur bat très vite, mais je garde mon sang-froid. Il ne doit pas me voir inquiète. Parce qu'après tout, je ne suis pas Maya alors je dis la vérité, non ?

- Pourquoi être venu me voir ? Pourquoi être resté avec moi, en sachant ce que je suis ? M'interroge-t-il.

- Je suis venue te voir parce que c'est ce que l'on m'a conseillé de faire. Lui répondis-je. Et je suis restée avec toi, parce que je suis désespérée. Tu es un des plus grands criminels, d'accord, mais je ne vais pas hésiter à me jeter dans la gueule du loup pour sauver ma famille.

Il continue à me regarder, sans parler. C'est difficile d'anticiper ses pensées, ses actions. Il est imprévisible.

- Au point où j'en suis, je prendrais n'importe quelle main qui m'est tendue. Lui dis-je. Tu as promis de m'aider, alors je me tiens à cela. Et si tu ne veux pas, j'irais demander de l'aide à quelqu'un d'autre. Plus dangereux que toi ou moins dangereux, cela m'importe peu.

Il fait enfin un léger sourire en coin.

- Tu tuerais pour ta famille ? Me demande-t-il.

Je reste surprise face à sa question. Oui. Bien-sûr que oui. Mais est-ce la réponse qu'il veut entendre ?

- ... Je ferais tout. Soufflais-je. Même si je dois y perdre mon âme.

Il hoche la tête, satisfait.

- C'est bon à savoir. Sourit-il malicieusement.

À quoi penses-tu, Caleb ? Son sourire me fait peur. Il ne présage rien de bon...

- Tu... ne vas pas me demander de tuer, n'est-ce pas ? Dis-je faiblement.

Son sourire s'agrandit. J'ai eu ma réponse. Punaise. Mon chef ne m'a pas envoyé pour être la mercenaire d'un mafieux. Je dois lui parler d'abord. S'il me donne le feu vert, je ferais ce que Caleb me demande à contrecœur. Alors que j'étais perdue dans mes pensées, Caleb s'approche de moi et enroule une mèche de mes cheveux sur ses doigts.

- On verra. Chuchote-t-il.

Je me recule rapidement. Je n'aime pas qu'il soit aussi proche. Je ne veux pas qu'il me touche. À cause de... enfin, je veux être la plus loin possible de lui ou de n'importe quel homme.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Je te mets mal à l'aise ? Me demande-t-il, presqu'en riant.

- ... Ne me touche pas. Jamais. S'il te plaît. Lui dis-je d'une petite voix.

Je lui ai fais cette requête en tant que Maya. Il ne sait pas ce que j'ai vécue. Il perd son sourire en m'entendant prononcer cette phrase, et semble confus. Mais je le remercie intérieurement de ne pas poser plus de questions.

- Désolé. Me dit-il.

Je relève les yeux, n'y croyant pas à ce qu'il vient de dire. Aucun homme ne s'est jamais excusé de m'avoir touché. À chaque fois, ils me disent que "j'abuse", que j'en "fais trop". Aucun ne s'est jamais excusé. Et lui...

- Concernant ta famille, j'espère que tu ne me caches rien, jeune fille. Me prévient-il. Je ne pardonne pas la trahison.

Je hoche la tête. Retour à la réalité. Il est un criminel. Peu importe ce qu'il me dira, il est un criminel. Et je ne dois pas me laisser leurrer. Il semble aussi être quelqu'un de très manipulateur. Alors je dois faire doublement attention. Je ne dois pas laisser mes émotions et mes vieux traumatismes gâcher ma mission.

- J'ai acheté quelque chose à manger, tu le chauffera quand tu veux. Me dit-il. Moi, je ne serais pas là ce soir.

Il ne me laisse pas dire un mot de plus, avant de partir. Une fois que la porte s'est fermée, je me rassois. Je dois contacter mon chef avant que Caleb ne me demande de tuer quelqu'un. Il va sûrement me tester et je ne veux pas faire quelque chose qui m'est interdite de faire.

Je pose mes mains contre mon front en soupirant. À cause de cet homme, j'ai quitté mon pays pour venir à lui, dans ce pays qui m'est tant inconnu. Et tout est plus dur que ce que je pensais. Mais je pense que tout sera plus simple une fois que j'aurais rencontré mes faux-parents. En tant qu'agents, ils me seront sûrement d'une grande aide. Et d'un grand réconfort...