18.

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On vient d'arriver chez Caleb. Il est directement sortit à notre rencontre et s'est rué sur Kaysan. L'inquiétude se lit sur son visage. Quand il disait que Kaysan était son frère, ce n'était pas que des paroles...

- Viens, tiens toi sur moi. Dit Caleb à Kaysan.

- Je vais bien, Caleb. Ce n'est pas la première fois... rétorque Kaysan.

Puis ils entrent tous les deux à l'intérieur de la maison. Je prends une grande inspiration avant d'entrer aussi. Cette journée n'a fait que de me rappeller mes parents... Le marchand de glace et la fusillade... j'en tremble encore.

En Égypte, je n'ai jamais participé à une fusillade. Mon chef ne m'a jamais laissé. Je n'allais pas énormément en mission. Mes missions principales étaient de questionner les criminels, de les arrêter, de les surveiller ou de vérifier les scènes de crimes.

- Syra ? Entendis-je.

Je relève la tête pour voir le frère de Caleb, Keyaan. Il s'approche de moi, et je leur regarde avec incompréhension. Que fait-il ici ?

- Tu vas bien ? Me demande-t-il.

Je hoche faiblement la tête. Il semblerait qu'il se préoccupe de mon état plus que son frère.

- Désolé pour mon frère. Me dit-il en grimaçant. Lorsqu'il voit quelqu'un qui lui est cher blessé, il en oublie tout le reste.

- C'est rien. Le rassurais-je. Je ne suis personne pour Caleb. Je ne m'attendais à rien.

Je ne suis personne pour quelqu'un, de toute façon. Peut-être pour mon chef seulement. Mais je ne suis pas sa priorité. Je suis la priorité de personne. Et au fond de moi, à ce moment-là, j'envie Kaysan. Peu importe qui est la personne, il a quelqu'un qui s'inquiète pour lui.

Je finis par rentrer, suivis de Keyaan. Je vais dans le salon et m'assois sur le canapé. J'ai énormément pris sur moi, aujourd'hui. Et au moment de la fusillade, j'ai eu réellement peur. Maya a eu peur. Ce n'était pas Syra. L'image de mes parents allongés dans leur sang, suivis des coups des feux et des sirènes de polices et ambulances, défilaient sous mes yeux.

- Syra, tu veux que je te prépare quelque chose ? Me demande Keyaan. Tes mains tremblent toujours.

- ... Non, c'est bon. Soufflais-je. Ça va passer...

Il soupire puis hoche la tête.

- Tu sais, il y a trois ans, Hayden et moi, on était dans un restaurant quand il y a eu une fusillade. Me raconte-t-il. C'était effrayant. J'en ai fais des cauchemars pendant plusieurs nuits. Mais on s'est habitué, on s'est tous habitué...

- Personne ne devrait être habitué à ce genre de chose ! Dis-je faiblement. Ces fusillades détruisent des vies. Personne ne devrait être habitué... personne...

Et il ne répond pas. Moi, je sais que jamais je n'en serais habituée. Pas parce que j'ai peur de mourir. Mais parce que l'image de mes parents me reviendra à chaque fois. Peu importe ce que je ferais, je ne peux pas m'en défaire...

CALEB

J'entends Syra et mon frère Keyaan discuter dans le salon, mais je n'y prête pas attention. Je désinfecte la plaie de Kaysan et je la coue.

- J'ai sortis la balle. Lui dis-je.

Je finis en pansant son bras, puis je me recule.

- Repose-toi, maintenant. Dis-je en me levant.

- Caleb, tu n'as vraiment pas à t'inquiéter, ce n'est pas la première fois et tu le sais. Dit-il en soupirant.

- Et alors ? Chaque fois tu diras que ce n'est pas la première fois, jusqu'au jour où tu y passeras. Lui dis-je. Tu es comme mon grand frère, et je ne veux pas te perdre.

Il tourne ensuite son regard dans le vide.

- Comment va Syra, maintenant ? Me demande-t-il.

- Qu'est-ce que j'en sais ? Lui répondis-je. Elle n'est pas importante pour le moment.

Il secoue sa tête puis se relève légèrement.

- Va la voir, elle était effrayée. Me dit-il.

Je ne comprends pas son soudain intérêt pour elle. Elle n'a qu'à être effrayé, ce n'est pas le plus important. Le plus important est mon frère qui s'est fait tirer dessus. Qu'elle s'estime heureuse de s'en être sorti vivante.

- J'allais mourir, tu sais ? Me dit Kaysan.

Je relève la tête soudainement. Comment ça ?

- La balle devait atterir là. Dit-il en pointant son crâne. Syra m'a poussé, et comme tu le vois, elle m'a sauvé la vie.

Mon cœur rate un bond. Elle l'a réellement fait... ? Je ne sais pas quoi en penser. Elle a sauvé la vie de mon frère et... et je lui en suis reconnaissant ?

- Je ne sais pas si on peut lui faire confiance, mais sur ce coup, sans elle ton grand frère ne serait même plus là. Me dit-il. Va la voir, et mets-toi dans sa peau. La pauvre n'est pas comme nous.

Je passe mes mains sur mon visage en soupirant. Si c'est vrai, je ne peux pas faire l'aveugle. Je sors alors de la chambre de Kaysan, et me dirige vers celle de Syra. Je toque, avant d'entrer.

- Syra... Dis-je doucement.

Elle ne relève pas la tête, et ne me répond pas. Elle doit m'en vouloir. Je m'approche d'elle, mais elle n'a toujours aucune réaction. Seul ses mains aggrippaient fermement ses cuisses, et quelques tâches étaient sur son jogging. Elle a pleurée.

- Syra. Répétais-je avec un peu plus d'insistance.

Son regard se lève enfin sur moi, et ses yeux confirment mes doutes. Elle a réellement pleurée. "Mets-toi dans sa peau." Alors je comprends à quel point elle devait être effrayée, et quel sang-froid il lui a fallu. Mais lorsqu'elle se montrait à moi, elle n'avait pas l'air peur de mourir... ce n'était sûrement qu'une couverture.

Je me baisse à sa hauteur et elle me suit toujours du regard. Et sans attendre, je la prends dans mes bras.

- Merci. Lui soufflais-je. Tu as sauvé mon frère. Merci...

Elle ne dit rien et ne bouge pas. Je me sépare alors d'elle, craignant de la mettre mal à l'aise.

- Je veux rester seule. Dit-elle doucement.

Je hoche la tête puis me lève. Elle va réussir à s'en remettre, seule. ‏Je la laisse alors et sors de sa chambre. Il est maintenant temps de rendre visite à notre prisonnier.

La Rose d'un CriminelWhere stories live. Discover now