【- Choix cornélien -】‖ 𝕊ℕ𝕂 𝕆𝕟𝕖 𝕊𝕙𝕠𝕥

- Première partie -

An 854.

    Les verres de vin en cristal s'entrechoquaient et le brouhaha assourdissait l'immense salle de réception richement décorée pour l'occasion. Sieg n'avait pas lésiné sur les moyens pour faire de cette soirée une véritable débauche de luxe et de fastes. Autour de lui, les invités coûteusement vêtus se pressaient par dizaines, riaient grassement et discutaient de la situation politique du continent en se goinfrant de mignardises. 

    Slalomant entre les convives, Gaby et Falco tentaient désespérément de retrouver leurs deux amis sans renverser leurs assiettes copieusement garnies. Exceptionnellement, les jeunes aspirants avaient été invités au bal organisé par le fils Jäger pour célébrer les exactions mahrs sur Paradis. La mort du major Smith et les nombreux massacres d'Eldiens devaient être triomphalement fêtés.

    Maladroit, le jeune garçon percuta plusieurs nobles grassouillets et termina sa course avachi sur le sol, aux pieds d'un groupe de soldats plus âgés.

— Falco, fais un peu attention, gronde son frère.

— Pardon.

— Tu ne t'es pas fait mal ? demande Peak.

— Il va bien, affirme Gaby en relevant son ami.

    Sans attendre, les deux enfants reprirent leur course effrénée en direction de Sophia et Udo sous les regards bienveillants de leurs aînés.

— Il y en a au moins deux qui s'amusent, soupire Reiner.

— Commence déjà par sourire, c'est aussi ton triomphe, reconnaît Porco avec amertume, même si j'aurais fait réussir l'Opération sans perdre Annie et Bertolt.

— Tss, t'es ridicule, exactement comme cette soirée... Ils seront bientôt là.

— Tu parles du frère du capitaine ?

    Reiner approuva d'un signe de tête et vida d'une traite l'intégralité de son verre.

— Viendra le jour où Eren et les autres apprendront la vérité

— Tu crois qu'ils viendront ici, sur le continent ? s'inquiète Kord.

— Ça me semble inévitable, et elle est ici.

    Les quatre amis se tournèrent en direction de Sieg et de sa cavalière au visage faussement épanoui. La jeune femme aux cheveux de feu triturait ses gants et se pinçait les lèvres alors que son regard se faisait fuyant, autant de signes de son mal-être. À ses côtés, le capitaine multipliait les conversations alors que sa main gauche s'était nichée dans le bas de son dos nu. Parfois, lors qu'il pinçait sa peau, elle souriait et réalisait quelques gracieuses révérences. Malgré tout, une fois son vis-à-vis désintéressé, elle perdait son éclat et s'effaçait complètement derrière le blond, jusqu'à la prochaine ecchymose.