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Le lendemain fut bercé par beaucoup d'anxiété et de regret. Le Duc et Bianca allaient finalement être fiancés, ce qui valut à Bianca la visite de son promis directement à la villa Palagonia. Elle redoutait énormément ce moment, n'étant pas friande d'interactions gênantes. Pour se vider la tête, elle n'avait qu'une seule solution, sortir dans les jardins et écrire ce qui lui passait par la tête. Or, elle n'osait pas sortir seule dans le jardin: elle redoutait de croiser Gabriel. Depuis qu'elle l'avait impulsivement embrassé la dernière fois, elle n'avait pas osé le revoir, bien qu'elle n'en ait pas eu l'occasion. D'autre part: elle l'évitait habilement. Bianca était perdue, dans ses sentiments, mais surtout dans sa vie. Elle était à présent promise à un autre et ne pouvait se permettre de telles frivolités. Pour elle, choisir d'épouser le Duc était un cruel manque à la loyauté qu'elle avait envers Gabriel. Bianca n'avait donc aucun moyen de se divertir en attendant la venue du Duc, si ce n'était écrire en intérieur. Elle se rua donc vers sa commode, saisit un crayon et un bout de papier, mais rien ne lui vint. Pour la première fois depuis des années, elle ne sut quoi écrire. Sa source d'inspiration la plus précieuse lui ayant été enlevée, elle était vide. A l'intérieur, elle était comme emprisonnée, à l'image de son esprit. C'est alors que lui vint l'idée d'écrire sur un sujet différent. Non pas ce qui l'entourait, mais bien sur ce qu'elle ressentait. Cette idée, qui lui semblait auparavant si saugrenue, ne lui paraissait plus si absurde. Elle s'essaya alors à écrire quelques vers, mais n'était pas à l'aise. Depuis toujours, elle avait grandi dans une société empêchant les femmes de parler de leurs sentiments, ou elles étaient considérées comme trop réfléchies, ou bien trop sensible, donc pas bonne à marier. Après quelques vers, ce sentiment de rébellion lui plut tout autant.

Je ne sais pas, je ne sais plus,

En qui suis-je sensée croire?

Epouser le premier venu,

Relève-t-il de mon devoir?

On toqua à la porte. Un frisson parcourut le corps de Bianca, qui se leva, prête à affronter son destin avec dignité et prestance avant de descendre.

Marzio se rua à la porte pour accueillir son invité. Ils se saluèrent poliment, puis, les regards se tournèrent vers Bianca descendant les escaliers dans une robe blanche brodée de lilas. Le Duc, les yeux pétillants tels ceux d'un enfant, s'avança et lui tendit la main pour l'aider à achever la descente des escaliers.

- "Je vous remercie, mais je pense être assez grande pour pouvoir me débrouiller seule", lui lança-t-elle, refusant son offre d'aide.

Le Duc, gêné, hocha la tête puis s'éloigna de Bianca. Marzio les conduit ensuite sur un petit balcon surplombant les jardins de la villa Palagonia, afin de s'asseoir autour d'une tasse de thé. Ornella et Arianna furent également conviées, invitées par Bianca elle-même, en besoin urgent d'un soutien moral, apporté notamment par sa sœur, prenant place à ses côtés. Pendant que les hommes parlaient de formalités, telles que la planification de l'annonce des fiançailles, Bianca tentait de glisser quelques mots à Arianna, mais n'y parvint pas, étant interrompue par le Duc en face d'elle.

- "Et vous Mlle De Luca, cela vous convient-il?"

- "Parfaitement bien", répondit Bianca, n'ayant aucune idée du sujet de la question à laquelle elle venait de répondre, et en réalité, elle n'en avait que faire. Elle préférait se perdre dans ses pensées. Le monde des songes était bien plus convaincant que le monde réel, qu'elle fuyait par tous les moyens.

- "C'est pour demain, alors?", demanda le Duc à Marzio.

- "J'y mettrai toute mon énergie, pour m'assurer que tout soit prêt à temps"

𝐃𝐄 𝐋𝐔𝐂𝐀Where stories live. Discover now