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Arianna se tenait bien droite aux bras de Marzio, montant la longue allée de la cathédrale de Palerme sous les regards concentrés du public. Sa robe lui allait parfaitement, et laissait apparaître son ventre de future mère. Son regard était plongé dans celui d'Adriano, qui se trouvait à côté de l'évêque, des étoiles dans les yeux. Elle ne voyait personne d'autre, pas même sa famille, Ornella, Efisio, Bianca et Clarissa, se trouvant pourtant au premier rang, émus. Quand elle arriva enfin à la hauteur de son promis, Marzio quitta sa sœur, en lui glissant un petit mot d'encouragement et se mit en retrait. Arianna se plaça en face d'Adriano, ne pouvant s'empêcher d'avoir peur, bien qu'un grand sourire se lise sur ses lèvres. 

Le représentant du clergé procéda alors à la cérémonie, jusqu'au fameux moment de l'échange des vœux. Tremblante, Arianna dût commencer. Le public fut très touché par son discours, Adriano le premier, surpris de l'investissement mit dans un si petit bout de papier. Quand le tour d'Adriano vint, il s'excusa auprès de la mariée, ne pensant pas avoir à rédiger des vœux d'un qualité si irréprochable.

Arianna, mon Ari. C'est avec plaisir que je me trouve devant toi aujourd'hui pour enfin t'épouser. Je ne peux attendre d'accueillir notre enfant. Je t'aime.

Ces mots déçurent immédiatement Arianna, qui s'attendait à quelque chose de peut-être plus élaboré. Elle prit bien sûr soin de le cacher, et se contenta comme à son habitude de sourire et de prononcer la phrase tant attendue: "oui, je le veux"

Une fois les alliances échangées et les mariés finalement liés pour l'éternité, pour le meilleur et le pire, tous les invités applaudirent dans un éclat d'enthousiasme, avant de sortir de la cathédrale et de rejoindre les carrosses pour effectuer les plusieurs dizaines de minutes de routes. Arianna avait insisté pour procéder à la réception à la villa Palagonia. Les jeunes mariés héritèrent d'un carrosse privé, où la paire serait escortée triomphalement, en premier. Ce trajet semblait laisser à tout le monde le temps de récupérer et de décompresser avant d'enfin pouvoir déguster le repas cuisiné par les Lombardi. Malheureusement pour certains, heureusement pour d'autres, la composition des carrosses n'était jamais réfléchie à l'avance, il était possible de monter avec n'importe qui le temps du trajet jusqu'à Bagheria. Malgré tout, les enfants n'eurent guère le choix. On leur attribua un carrosse commun.

 C'est ainsi que Bianca, Gabriel, Felicita, Monica et Efisio se retrouvèrent tous ensemble, durant ce qui s'annonçait être de longues minutes. Bianca avait tout tenté pour obliger Efisio à rejoindre le carrosse d'Ornella et Marzio, mais rien n'y fit. Il ne daignait partir. Ils se placèrent de la manière suivante : Felicita, Bianca et Efisio étaient assis en face de Monica et Gabriel, l'un à côté de l'autre. Les premières minutes furent les plus longues. Personne n'avait rien à dire, du moins, personne ne pouvait rien dire en présence d'Efisio, qui regardait le paysage défiler.

 Monica et Felicita se fuyaient du regard mutuellement. Chacune tentait de regarder l'autre, sans se faire prendre. Bianca et Gabriel, spectateurs du phénomène, s'échangèrent eux aussi des regards moqueurs. Le trajet se déroula dans le silence du début à la fin, personne n'osa parler, de peur de rendre le moment plus gênant qu'il ne l'était déjà. Efisio, n'ayant rien remarqué de tout le trajet, fut ravi de descendre pour retrouver sa mère.

Arianna et Adriano, quant à eux avaient passé un moment tout aussi pauvre en conversation : après qu'Arianna ait mentionné sa déception à son mari. Ce dernier ignorait sa femme, tel un enfant fâché avec ses parents, ne comprenant pas le reproche. Elle fut également soulagée de rentrer à la villa Palagonia, qui était pour elle comme un bouclier, un lieu où elle se sentait en sécurité.

Tous les convives descendaient au fur et à mesure, affluant vers les jardins de la villa, où tout était déjà prêt. De grandes et longues tables étaient recouvertes d'un somptueux banquet, prêt à rassasier les invités des De Luca et des Lombardi. Cette installation avait été confiée à de nombreux serviteurs, ayant travaillé sans relâche durant la courte absence des hôtes. Le plan de table avait été étudié de très près, veillant à ne pas mélanger torchons et serviettes, afin de ne pas déclencher quelque conflit durant les festivités. 

𝐃𝐄 𝐋𝐔𝐂𝐀Where stories live. Discover now