Chapitre V - La meilleure serveuse de Gap (Partie 2)

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Cette blonde plaça une main vers le genou de l'enseignante et la remonta doucement, en lui jetant un regard qui en disait long sur ses intentions accompagné d'un sourire taquin.

- Désolée poupée, j'ai été retardée, lança cette femme entreprenante d'une voix charmeuse.

Alia retint un rire de gène face à cette scène puisqu'elle assistait à une drague ouverte de sa prof de philo, mais aussi un rire amusé, « poupée » elle trouvait cela d'une boferie incomparable.

Néanmoins, elle était franchement surprise : déjà, sa prof s'intéressait aux femmes alors qu'elle l'imaginait plutôt en couple avec un homme, et puis cette blonde semblait vraiment pas correspondre à sa prof qu'elle connaissait raisonnée et d'une finesse d'esprit.

- Oh... euh... ne t'en fais pas Carla, j'ai pris un verre en t'attendant... rougit sévèrement la grande brune, en redescendant la main libertine de la blonde plus proche de son genou.

L'enseignante ne savait plus où se mettre, alors qu'elle craignait que cette scène arrive depuis qu'elle avait reconnu son élève en serveuse, ce qui expliquait sa gêne inhabituelle au début de leur échange, voilà que pire scène n'aurait pu se produire... Elle voulait quitter les lieux et au plus vite !

- Dans ce cas, je prendrais la même chose, demanda Carla souriante à la serveuse qui assistait à cette scène presque aussi gênée que sa professeure.

- Tu ne veux pas qu'on rentre plutôt ? s'empressa de répondre Milla avant que la barmaid ne puisse dire quoi que ce soit.

« qu'on rentre », cette Carla est-elle sa femme ? se demandait Alia. Comment était-ce possible que Santini partage sa vie avec cette blonde, si dévergondée, si peu subtile, ni même classe ? Impossible, ou en tous cas, Santini mérite bien mieux, elle qui est d'une élégance sans faille, d'une intelligence positive, d'une beauté aussi appréciable en intérieur qu'en extérieur... Mais enfin qu'est qu'il me prend ?! se raisonnait la plus jeune. Santini peut bien se taper ou faire sa vie avec qui elle veut ! Et puis depuis quand je pense à quelqu'un de cette manière, et qui plus est ma prof de philo ? Oh Alia ton manque de sommeil te joue des tours, se parlait elle à elle même.

Cette jeune femme n'avait jamais ressenti une quelconque attirance, ni même réfléchit à la beauté extérieure de qui que soit, aussi bien femme que homme : elle pensait même avoir un problème de ce côté là. Elle n'avait d'ailleurs jamais eu de relation amoureuse hormis des petites amourettes d'école primaire, et elle ne savait même pas par quel genre elle était attirée, s'il y en avait un. Et à vrai dire c'était le cadet de ces soucis, elle s'en fichait pas mal.

- Mais non, on peut bien prendre un verre ensemble pour commencer ! répondit la blonde en sortant sans même le savoir la serveuse de son monologue interne.

- Bon très bien, mais ne tardons pas trop s'il te plaît, demanda l'enseignante ne parvenant à calmer son malaise actuel.

Alia prépara alors le deuxième cocktail, destiné à une cliente, de toute sa vie. Elle s'appliqua bien moins, encore trop tourmentée : d'après les dires de cette Carla, elles ne semblaient pas souvent prendre du temps ensemble pour échanger autour d'un verre, serait-elle la sexfriend de Santini ? Et puis ce « ne tardons pas trop » pouvait avoir deux significations : soit Santini ne désirait que quitter se bar à cause de cette situation bien trop gênante, soit elle n'avait qu'une hâte, celle de s'envoyer en l'air avec cette blonde. Mais voilà que je suppose les partis de jambes en l'air de ma prof maintenant, tu as vraiment besoin de repos ma pauvre ! se perdait Alia dans ses pensées.

La blonde et la brune dégustaient leurs cocktails sous les yeux de celle qui les avaient préparés. Alors que la serveuse avait repris son ancienne tâche habituelle pour prendre de l'avance, les deux femmes s'abreuvaient dans un silence qui glaçait l'atmosphère pourtant si chaleureuse habituellement dans le bar de Maeve. C'était le genre de silence loin d'être agréable, plutôt intimidant, gênant que personne n'ose briser ne trouvant pas les mots justes.

Plus que ma moraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant