III. 1- La revanche

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Arrivée au hall et à bout de souffle, Nadia hasarda un regard anxieux derrière elle, en priant pour que l'incident s'estompât là. Toutefois, l'homme qu'elle venait d'humilier en le frappant, n'était pas du même avis. Lucca s'était lancé à ses trousses et la jeune femme se rendit compte de sa gaffe, mais c'était trop tard. À présent, elle s'en voulait son emportement qui lui fit quitter la salle. Elle aurait dû rejoindre ses amis et non se précipiter à l'extérieur, loin de la foule.

Comme un félin détenant sa proie, Lucca avançait posément vers elle. Elle se détourna de lui, et s'aventura plus loin dans l'espoir de tomber sur les employées de tout à l'heure. Cependant, l'endroit était quasi-déserté et avant qu'elle n'ébauchât un autre pas en visant la sortie, elle le sentit derrière elle.

Ce dernier la happa fermement en collant son dos nu contre son torse et en ceinturant sa taille d'un bras. Il ne put résister à inhaler le parfum que dégageait le corps de sa captive.

- Nous n'avons pas fini de discuter ! Chuchota-t-il dans son oreille.

La menace voilée dans la voix calme de Lucca, n'échappa pas à Nadia. Celle-ci tenta de se dégager de son étreinte, et se débâtit pour s'extraire à ses bras. Mais ses efforts ne servirent à rien, car c'était se battre contre un mur en béton. Et l'affolement la regagna quand elle se sentit hissée et trainée par l'homme. Il n'y avait plus lieu à maintenir les apparences, car le besoin de sauver sa peau de ce fou était plus urgent. Seulement, en ouvrant la bouche pour pousser un cri, l'autre main de Lucca se plaqua sur sa bouche, lui interdisant d'émettre le moindre son.

Alors que Lucca les engageait dans un couloir loin de la salle, le cerveau de Nadia entreprit de décrypter la situation en mesurant le pétrin dans lequel elle s'était fourrée : " Qu'adviendrait-il d'elle, seule avec un homme en colère à cause des coups qu'elle lui avait asséné ? Un homme qui n'eut aucun scrupule à déclarer ses intentions mal honnêtes en lui faisant sa proposition indécente ! "

Désespérée, elle reprit sa lutte avec plus d'entrain jusqu'à ce qu'ils franchissent une porte que Lucca renferma par un coup de pied. Le grec la tourna par la suite, pour la plaquer contre un mur et en l'immobilisait par le poids de son corps.

Quand le regard glacial captura celui tétanisé de Nadia, Lucca libéra sa bouche. Mais la jeune femme ne savait plus quoi faire, s'écrier, pleurer ou l'injurier, car à part de sa langue, elle ne pouvait s'aider de son corps comprimer entre le mur en béton et celui en muscles.

Quel sentiment amer et humiliant, celui de l'impuissance ! Nadia ferma les yeux pour empêcher ses larmes de s'écouler, refusant de donner plus de satisfaction à son adversaire. Mais sa panique quadrupla et ses yeux s'écarquillèrent quand le souffle mentholé de celui-ci érafla la peau douce de sa joue et qu'ensuite les mots glissèrent de ses lèvres sensuelles comme un élixir empoisonné.

- Actuellement, vous pouvez crier, proposa-t-il en faisant semblant de méditer ses propres paroles, puis ajouta pour enfoncer le clou, bien que personne ne vous entendra d'ici chère Signorina.

S'il espérait l'humilier et la voir noyée dans ses larmes ou glisser dans une crise hystérique, il se leurrait. Car pour Nadia, il était inconcevable qu'elle se laissât intimidée par lui. Cette résolution lui donna assez d'élan pour se ressaisir et le défier :

- Sadique en plus. Mais ne comptez pas sur moi pour nourrir votre sadisme. Vous n'êtes qu'un salaud !

Elle fut aussi étonnée de sa propre riposte que l'autre, dont la masse musculaire venait de se raidir sans perdre le soi-disant calme que son visage affichait, et aussi étonnamment, celui qu'elle venait de traiter de salaud semblait admirer sa bravoure, et se divertir dans cette situation, comme s'il s'adonnait à un jeu. Ainsi, tel un chat jouant d'une souris captive, il argua :

- Vous aggravez la situation en m'insultant !

- Vous ne me faites pas peur, prétendit-elle, et je vous signale que si vous osez me toucher... Les mots s'éteignirent d'eux-mêmes sur ses lèvres en ouvrant grand les yeux.

"Si vous osez me toucher !" n'était-il pas déjà en train de la toucher en l'écrasant de tout son poids ? "Ne ressentait-elle pas le tressaillement de chacun de ses muscles bâtis en béton contre son corps, n'inhalait-elle pas son odeur masculine si envoûtante, si déroutante..."

- Vous feriez quoi ? L'incita-t-il à achever sa phrase.

Elle venait de se ridiculiser et son bourreau en était conscient ; au vu du sourire narquois qui ornait ses lèvres.

Ignorant sa bêtise, elle changea de tactique en demandant :

- Pourquoi vous m'avez traîné ici ?

- Sur un ring, vous donnez des coups comme vous en recevez. Vous ne pensez quand même pas, vous en tirez indemne après m'avoir frappé Bella Signorina ?!

- Vous voulez vous venger !

En la considérant attentivement, et sans rompre le contact visuel, il répondit :

- Venger est un mot bien fort, et après réflexion, il précisa, disons plutôt que je compte vous punir

Pour elle, en ce moment, venger ou punir étaient synonymes du même fait : la malmener.

- Ainsi, vous voulez me frapper ?! Lui lança-t-elle avec un regard dédaigneux, pourquoi ça ne me surprend pas !

- Vous continuez vos insultes ! Ai-je la tête de quelqu'un qui brutaliserait une femme ?

- Mais vous êtes malade ou quoi ?! Parce que là, vous n'êtes pas en train de me brutaliser ? S'écria-t-elle en perdant le peu de calme simulé.

- Je n'ai encore rien fait, excepté, vous avoir à ma merci !

- Mais nom de Dieu, que me voulez-vous ? Hurla-t-elle d'impatience et d'exaspération.

- Vous me décevez ! Répliqua-t-il doucereusement, en glissant un regard lascif sur ses lèvres.

En commençant à percevoir ce qu'il prévoyait, une autre frayeur fraya son chemin au cœur de Nadia et peupla ses yeux, au grand plaisir de Lucca.

- Enfin, vous comprenez !

Affirmant ses intentions, le pouce de Lucca effleura la lèvre frémissante de sa captive, en jouissant de son effroi :

-Il y a bien des manières pour punir sans frapper. Lui chuchota-t-il, en arborant un sourire à la fois espiègle et machiavélique.

***

Une oasis à Rome (Réécrite)Where stories live. Discover now