Chapitre 35

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Après un transplanage pour le moins laborieux, Leena se retrouva enfin au Chemin de Traverse. Elle prit le temps d'apprécier le lieu en lui-même avant de se diriger chez Ollivander. En regardant les alentours, ses yeux brillèrent d'excitation. Il y avait tout un assortiment de restaurants et de boutiques en tous genres, tels que décrits dans les livres. Elle vit la boutique de livres Fleury et Bott, l'animalerie Eeylops, la boutique de balais où était exposé le célèbre Eclair de Feu ainsi que la banque des sorciers Gringotts dont elle aperçut au loin l'immense édifice à la façade aussi blanche que la neige.

Leena se mit ensuite à chercher des yeux la boutique de baguettes jusqu'à arriver face à une porte au-dessus de laquelle des lettres d'or écaillées indiquaient : « Ollivander—Fabricants de baguettes magiques depuis 382 avant J.C. » Dans la vitrine poussiéreuse, une simple baguette de bois était exposée sur un coussin pourpre un peu râpé. Leena prit une profonde inspiration et poussa la porte. A son entrée, une clochette retentit au fond de la boutique. L'intérieur était minuscule et sombre, tout paraissait austère et légèrement négligé. De hautes étagères, où des milliers de boîtes s'empilaient les unes sur les autres, se dressaient le long des murs jusqu'à presque atteindre le plafond. Une unique chaise en bois était disposée pour les clients.

Leena éprouva une étrange sensation et sentit un frisson dans la nuque. La poussière et le silence du lieu semblaient receler une magie secrète, exactement comme dans les livres.

- Il y a quelqu'un ?

Leena ne reconnut pas sa propre voix.

- Bonjour, dit une voix douce.

La jeune fille sursauta.

Un vieil homme se tenait devant elle. Ses grands yeux pâles brillaient comme deux lunes dans la pénombre de la boutique.

- Bonjour, dit Leena, mal à l'aise. Vous êtes bien Mr. Ollivander ?

Elle prit conscience que sa question était bête, mais ce fut néanmoins la première qui lui était venue à l'esprit.

- C'est bien moi, répondit l'homme, imperturbable. En quoi puis-je vous aider ?

- J'aimerais avoir quelques informations au sujet de ma baguette, dit Leena en sortant cette dernière de sa poche.

L'homme prit la baguette en mains et se mit à la scruter de long en large d'un air très concentré.

- Intéressant, marmonna-t-il. Bois d'olivier et crin de licorne, 23 centimètres, très souple. Elle est particulièrement puissante et remarquablement efficace pour les guérisons.

Il rendit sa baguette à Leena et se mit à marmonner : « C'est néanmoins curieux, vraiment très curieux... »

- Excusez-moi, dit Leena, qui avait l'impression de revivre le chapitre 5 du premier livre, mais qu'est-ce qui est curieux ?

Le vieil homme la fixa de ses yeux pâles.

- Je me souviens de chaque baguette que j'ai vendue, Mlle Gray, répondit-il.

Leena frissonna. A aucun moment elle n'avait précisé son nom au vendeur et pourtant ce dernier venait de s'adresser à elle comme s'il la connaissait déjà. Sans compter qu'elle avait reconnu la phrase que le vieil homme venait de prononcer. C'était exactement la même réplique que celle qu'il avait adressée à Harry lorsqu'il avait découvert que sa baguette était liée à celle de Voldemort.

- Et je n'ai pourtant pas souvenir d'avoir déjà vendu une baguette semblable à qui que ce soit, poursuivit Ollivander. Etes-vous certaine de l'avoir acheté dans ma boutique ?

Leena ne sut quoi répondre. Elle ne pouvait pas affirmer qu'elle l'avait trouvé dans son jardin, au pied du Saule Pleureur. Mais le fait qu'Ollivander lui-même affirme ne l'avoir jamais vendu rendait la chose encore plus mystérieuse, car après tout qui d'autre que lui aurait pu la fabriquer ? Leena savait que le monde des sorciers était très vaste et qu'Ollivander n'était pas le seul fabricant de baguettes, mais c'était le seul qu'elle connaissait.

- Attendez une seconde, reprit le vieil homme. Puis-je la revoir un instant ?

Leena sortit de nouveau sa baguette et la lui tendit. L'homme la récupéra et disparut ensuite dans le fond de la boutique. Plusieurs minutes s'écoulèrent, et la jeune fille commençait à s'inquiéter. Peut-être que cela avait été une mauvaise idée de venir ici. Et si sa baguette éveillait des soupçons à son sujet ? Et si Ollivander était en train de découvrir quelque chose de dangereux en ce moment même ? Ou que sa baguette était finalement dotée de quelque pouvoir maléfique dont elle n'avait pas la moindre connaissance ?

Après une quinzaine de minutes à se torturer l'esprit, l'homme revint.

- Elle est bien inscrite dans mes registres, dit-il. C'est votre baguette, n'est-ce pas ?

Leena fut prise d'un doute étrange, elle sentait que quelque chose n'allait pas.

- Oui, dit-elle, sans quitter l'homme des yeux. Pourquoi ?

- Si je ne me souviens pas avoir vendu cette baguette, c'est pour la simple et bonne raison que ce n'est pas moi qui l'aie vendu, mais mon arrière-grand-père.

L'homme se mit à scruter la jeune fille de la tête aux pieds.

- Il n'est pas rare qu'une baguette entre en la possession d'un autre sorcier. Il suffit de le désarmer, ou de le tuer...

Leena sentit son sang se glacer. Comment diable expliquer qu'elle soit en possession d'une baguette vieille de plusieurs générations ? Elle eut des frissons rien qu'à l'idée que sa baguette eut été léguée via un meurtre.

- Mais dans votre cas, il semblerait que ce ne soit ni l'un ni l'autre, poursuivit le vieil homme. Dans ce cas précis, il semblerait que ce soit lié à un héritage particulier. Cette baguette vous a choisie, et ce n'est jamais le fruit du hasard. Vous venez d'une illustre famille, la lignée de Serdaigle, n'est-ce pas ?

Leena se souvint alors de sa discussion avec Iris et ses paroles résonnèrent dans son esprit :

« Tu viens d'une grande famille. Mais enfin je ne t'apprends rien. »

Au regard de la crainte que la baguette avait suscité en elle, elle se sentit infiniment soulagée de savoir que cette dernière était simplement le fruit d'un héritage. Un héritage mystérieux et unique, certes, mais cela valait mieux qu'un legs sanglant. Elle n'aurait pas pu envisager de la garder si cela avait été le cas.

La clochette de la boutique sonna soudain, tirant Leena hors de ses pensées. Une vieille femme à l'allure excentrique venait d'entrer. C'était le signal que Leena devait retourner à Pré-au-Lard. Elle remercia alors le vieil homme pour toutes les informations prodiguées, récupéra sa baguette et quitta la boutique.

Une Potterhead à Poudlard [PARTIE 1]Where stories live. Discover now