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Je déposai les derniers cartons de déménagement qui restaient dans l'entrée de mon appartement.
Tout était sens dessus dessous.
En même temps, avec tous ces cartons à porter, je n'avais pas eu le temps de me poser cinq secondes pour organiser tout ce foutoir...
Éric, mon frère n'avait pas pu se déplacer pour me seconder, car il était en déplacement jusqu'à la semaine qui suivait. Il ne m'avait aucunement spécifié où, ou même pourquoi, je ne lui avais pas demandé non plus et puis j'imaginais bien que ce n'était pas pour se la couler douce au bord d'une plage avec un petit cocktail à la main.
Quant à mon père, il se faisait vieux et je ne voulais pas l'intervertir et encore moins lui faire prendre le risque de se blesser. J'avais même menti sur la date de mon déménagement pour éviter qu'il vienne malgré ma contestation.
J'avais donc engagé des déménageurs, car oui évidemment il y a des choses que je n'étais pas en capacité de porter seule.
Et puis avec les économies que j'avais fait pendant toutes ces années grâce à mon salaire d'assistante marketing dans mon ancienne entreprise, je pouvais bien me le permettre.

Je m'abandonnais sur le canapé disposé à côté d'une cheminée en marbre colossale.
Je pris le temps de contempler le gigantesque appartement dans lequel je venais à peine de m'installer.
Le salon dans lequel je me trouvais, était grand, il abordait les 70 m² environ, il était pour l'instant encombré de cartons, mais je l'imaginais déjà aménagé, je fermai alors les yeux pour imaginer comment j'allais placer les meubles.

L'appartement était en fait un duplex et faisait au total 370 m².
La cuisine était dans le style contemporain dans les tons gris clairs, il y avait une béante baie vitrée qui laissait passer la lumière dans toute la pièce, le mobilier était en bois de wengé.
La salle à manger était muni d'une grande table en marbre calacatta avec des touches d'or pure, elle avait été faite sur mesure à la demande de ma mère.
Ma chambre était au deuxième étage, il y avait dedans un énorme dressing style industriel avec des portes coulissantes bleues paon, une salle de bain scandinave comprenant une baignoire îlot et une grande douche à l'italienne avec du marbre noir veiné de blanc.
Le reste de l'appartement était comblé par 4 chambres d'amis, trois autres salles d'eau et une salle de jeux.
Je n'avais embauché aucun home organiser, je n'avais besoin de personne pour m'aider à organiser mon chez-moi.
J'allais devoir y passer une partie de ma vie alors autant qu'il soit à mon goût et comme on dit, on n'est jamais mieux servi que par soi-même même.

Ellipse de quatre jours...

Je venais de sortir de chez moi.
Je devais rejoindre une amie qui m'attendait dans un bar longeant ma rue.
J'avais passé quatre jours épuisants.
J'avais mis en place tous les meubles de mon appartement.
Les courbatures que m'avaient causés ces rudes efforts physiques se faisaient sentir de ma tête jusqu'à mes pieds.
J'avais donc décidé de fêter la fin de ce calvaire en invitant Élise à boire un verre non loin de chez moi.
J'aperçus non loin mon amie installée sur une chaise en terrasse me faisant des signes de mains.
Je me mis alors à courir vers elle malgré les douleurs dans mes jambes.

-Olivia !

-Élise !
Rétorquai-je

-Alors, comment tu vas ma belle ?
Me demanda-t-elle

Je détestais ce surnom, je ne sais pas réellement pourquoi, mais il avait toujours eu le don de me faire sentir mal à l'aise et à la fois, j'avais l'impression qu'il m'infantilisait, comme une tata qui appelle sa petite nièce, je savais que ce n'était pas volontaire de la part d'Élise et puis je ne pouvais pas lui en vouloir, je ne lui avais jamais fait part de ce que ce surnom me renvoyait. De plus, avec les années, j'avais réussi à m'y habituer.
Cela faisait huit ans qu'Élise et moi nous cannaissions, nous nous étions rencontrées en fac de communication et marketing et le feeling était tout de suite passé.
Les années sont passées et j'avais fini par déménager loin de Paris, m'éloignant d'elle. J'avais trouvé un travail et je ne voulais pas rester juste pour être proche de mes amis, je disais toujours qu'il fallait faire passer la vie professionnelle avant le reste.
Les premières semaines/mois avaient étés difficiles.
Être loin de ses proches, dans un endroit que l'on ne connaît pas, c'est souvent vraiment déracinant, mais j'avais tenu le coup en travaillant le plus possible pour me vider la tête.
Je m'étais vite prise à la vie loin de Paris, les gens sont différents et généralement plus agréables, car les Parisiens et leurs caractères est comment dire... ils sont très crus et très agressifs.

Madame DuboisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant