RED EYES - La malédiction du chasseur - TOME 1 [PUBLIÉ AMAZON]

Chapitre 4

Raphaël

Je vais mourir, c'est une évidence.

Les tremblements frénétiques de mon corps ne s'arrêtent pas, mon cœur palpite à mesure que les secondes s'écoulent. Comme terrassé par la terreur, je prends une profonde inspiration et m'encourage. Ce n'est qu'un cauchemar. Je vais me réveiller. J'ai beau me pincer les bras aussi fort que je veux, comme quand j'étais enfant, rien ne fonctionne. Je ferme les yeux une dizaine de fois, mais à nouveau, ça ne marche pas. Soudain, une branche craque sous mon poids, accélérant ma respiration. Le bruissement des feuilles autour de moi n'aide pas.

J'ai peur.

C'est étonnant que je ne me sois pas déjà enfui. Je sais ce qu'il va se passer, mais je veux faire face. Je reste là, jusqu'à ce qu'il arrive.

Red Eyes.

C'est ainsi que je l'ai nommé, le monstre. L'horreur de ma jeunesse. J'avale avec difficulté ma salive. Un autre bruit sec derrière moi me fait frissonner. Le monstre arrive à pas de loup, vicieux. Je dois me contrôler afin de ne pas détaler comme un lapin. Mon sixième sens me hurle de fuir. Il faut que je tienne bon, mais je sais qu'il est là, quelque part, tapi dans l'ombre à m'observer. Cet être de manipulation aime jouer avec moi depuis mon plus jeune âge.

J'observe les alentours quand soudain, une masse noire et imposante s'approche. Je ne peux rien faire, je suis paralysé. Une goutte de sueur glisse le long de ma tempe, un bref mouvement de la bête est le signal pour moi de m'élancer à son opposé.

Je n'entends pas le monstre me suivre, je sais que c'est une ruse. Red Eyes est comme ça, c'est un être rempli de manipulation et de sadisme, jouant avec moi depuis mon plus jeune âge. Alors que les branches des arbres me fouettent le corps durant ma course effrénée, je perçois du coin de l'œil la lune ronde, lumineuse. Je ne peux pas me déconcentrer, il faut que je sorte de cette forêt.

Je ne veux pas mourir.

Les minutes deviennent des heures et je crois dur comme fer que cette course dure depuis une éternité. Les poumons en feu, je tente d'inspirer mais la douleur dans ma cage thoracique m'en empêche. Mes jambes sont rongées par la fatigue, je m'oblige à surpasser la douleur.

Le ruisseau du côté Est de la forêt émerge d'entre les arbres. Je bloque ma respiration. Je suis déjà passé par là, il y a cinq minutes. Je m'arrête d'épuisement et me tourne pour regarder et écouter mon environnement. Le vent siffle entre les branches, le clapotis de l'eau l'accompagne. Mes entrailles se contractent lorsque les animaux ne font plus aucun bruit et j'ai la certitude que les feuilles vont dévoiler ma position.

Le vide assourdit mes pensées, tambourine mon crâne. Plus ça avance, plus la pression m'assomme. Dans ma tête, la cacophonie se transforme en un bourdonnement vibrant. Soudain, la voix rauque et sèche de mon père me fait frissonner.

— Sais-tu que les animaux ont un instinct de survie ?

La vision trouble, j'essaye de reprendre mon souffle. J'écoute d'une oreille distraite mon hallucination auditive. Ça peut me sauver la vie, je le sais, je le sens au plus profond de mes tripes.

— Lorsqu'un animal sent le danger, il ne dit et ne fait plus rien. Il craint l'arrivée d'un prédateur. C'est de l'autodéfense fils, sans bruit, le chasseur ne peut pas traquer sa proie.

C'est ça. J'ai la solution à mon problème. Je ne dois pas faire de bruit, sans quoi, Red Eyes risque de me trouver. Je reste plusieurs minutes contre un arbre, à guetter les environs. Je fais de mon mieux pour ne pas émettre le moindre bruit.

Alors que ma respiration se contrôle, je me rends compte que j'ai oublié quelque chose. L'odeur. La bête n'est pas qu'un simple prédateur, il possède des sens démultipliés. Les tremblements frénétiques de mon corps ne s'arrêtent pas, ils s'amplifient à mesure que l'animal s'approche. Je sens sa présence derrière moi, un frisson de terreur me paralyse. Je me risque à tourner. Les yeux rouges du monstre s'illuminent dans le noir, j'émets un cri. Je recule, trébuche. Le prédateur bondit et ouvre avec puissance sa gueule vers moi.