Chapitre 1: Le nouveau

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"On vit fort bien sans se connaître soi-même, à plus forte raison sans être connu des autres" - Gustave Flaubert

[Jeudi 22 Octobre, 9 heure 10, lycée Collinwood]

Je secoue ma tête pour revenir sur terre, ou plutôt dans mon cours de maths. La plupart des filles le regardent, tandis que les autres sont déjà en train de se battre pour savoir qui l'aura dans son lit la première. Moi, la seule question que je me pose, c'est « De quoi j'ai l'air d'extérieur avec ma bouche grande ouverte ? »

Intérieurement, je me gifle pour que mes pensées redeviennent un minimum normal. Je reprends un visage plus stoïque pour éviter de ressembler à une des filles de ma classe qui est en train de le relooker comme s'il était la 8ème merveille du monde. Je n'ai jamais autant été concentré pendant un cours de maths. Je m'étonne moi-même des fois! Notre professeur, Madame Nolière, s'avance avant de sourire au nouvel élève.

– Tu peux te présenter s'il te plaît ? Demande-t-elle avec son sourire habituel.

– Je m'appelle James River.

– Bienvenue dans ce Lycée James ! Va t'asseoir à côté d'Elliot s'il te plaît. Elliot, lève ta main.

Je lève ma main tandis qu'il s'approche. Ce genre de chose n'arrive vraiment qu'à moi ! Ou aussi aux personnages principaux des livres d'amour... Sauf que là, c'est la vraie vie et ce n'est clairement pas un livre d'amour vu qu'on est deux mecs! Enfin, je ne vais pas m'en plaindre! Je suis seul en cours depuis... Le début d'année? On remercie les groupes d'amis impairs en classe!

Il s'approche de ma table et s'assoit à côté de moi. Et plus il s'approche, plus la sensation que quelque chose ne va pas persiste. La journée risque d'être longue...

Il ne me regarde que quelques secondes avant de tourner son regard désintéressé par la fenêtre. Le cours continu alors. Je croise mes bras sur la table et mets ma tête dedans, le regard tourné vers la vitre me permettant de le voir. Il n'a rien écouté du cours, préférant regarder les lycéens dans le stade ou encore dessiner des pikachus sur sa feuille. Et moi, comme un con, je n'ai fait que l'observer. Au fond, je savais bien que ma concentration exemplaire au cours de Madame Nolière allait être de courte durée!


[Jeudi 22 Octobre, 10 heure 05, lycée Collinwood]

Je suis assis sur la table dans la grande cour. Mon groupe d'amis se tient devant moi composé de Steven O'Kelly, un grand roux originaire d'Irlande, Bruce Brown, un des joueurs les plus petits de l'équipe de football américain et Madison Roy, une grande nana un peu garçon manqué qui a failli porter plainte contre le lycée quand ils ont refusés qu'elle mette un pantalon.

Je parle d'amis mais nous ne sommes pas très proches. On se connaît depuis deux ans, mais niveau point commun, on est presque à 0. Bruce passe son temps à parler de sa copine ou bien des matchs et entraînements de son équipe - sans jamais avoir compris qu'aucun de nous ne retenait ces explications de rôles. Steven, lui, malgré les apparences, est un grand populaire qui passe ses soirées en boîte de nuit - celle qui appartient à son père - pour boire et draguer le maximum de filles possibles. Enfin, Madison est sûrement celle que j'arrive le mieux - celle que j'arrivais - à comprendre même si, encore une fois, le seul point en commun qu'on a c'est notre envie d'être nous-même. Si on oublie son insociabilité et ces injures à longueur de journée, elle est batteuse dans un groupe de musique et fouteuse de trouble à temps partiel.

Vous l'aurez compris, on est plus un groupe de 4 paumés qui ne voulons pas être seuls qu'un groupe d'amis soudés. C'est ce que nous sommes devenus. Même s'ils sont tous un peu bizarres à leur manière, mon père les a validés. Enfin, il a plutôt validé leur famille, pas vraiment eux - surtout qu'il ne les a jamais vus.

Addicted To You - Gay storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant