Chapitre 21

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Je m'assis autour de la table ronde devant laquelle de très nombreuses réunions ont eues lieu. Toute ma petite équipe est réunie pour une "réunion de crise", ai-je écrit ironiquement dans le mail. Les trois jours qui ont séparés la confirmation de ma grossesse et ce moment, je n'ai pas cessé de penser à comment gérer tout ma vie professionnelle. Toutes les personnes attablées, un café et leur ordinateur ouvert, sont prêtes à m'écouter.

«- Bon., commençais-je pour me donner du courage. Je ne vais pas passer par quatre chemins, mais je suis enceinte et- »

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Khalid se lève en poussant un cri pour vite venir me prendre dans ses bras. Je ris nerveusement lorsqu'il me jette un regard et me félicite. Près de moi, Sam me regarde souriant. Lui a tout suivi lors de la perte d'Eden et son jumeau... Je me suis beaucoup confiée à lui, et c'est lui qui m'a forcée à prendre une pause plus longuée pour me remettre de cet événement traumatisant, et je ne peux que le remercier. Car s'il n'avait pas été là, je serais retournée sur scène quelques semaines après mon accouchement, ce qui aurait sûrement mener à me rendre complètement folle. Tout le monde me félicite chaleureusement, me donnant les larmes aux yeux – j'avais oublié à quel point j'étais sensible, enceinte.

«- Donc, je suppose que tout ça veut dire que tu veux te retirer le temps de ta grossesse, et qu'il faut qu'on ré-organise tout., comprend rapidement Quentin. »

C'est pour ça que Quentin est mon agent, et est le meilleur existant par la même occasion. Il est très clairvoyant et voit les choses de manière large, ce qui nous permet de tout bien anticiper. Il gère tout d'une main de maître.

«- Oui, c'est ça., dis-je en me plongeant dans mon document Word. »

Oui, j'ai fait un document Word pour écrire ce que nous allons sûrement faire, pour structurer cette réunion et faire en sorte que nous n'oublions rien. Si Florian venait à savoir que j'ai fait ça, il me tuerait en me disant que ce n'est pas à moi de le faire. Certes, mais c'est important.

«- Prochainement, j'ai des apparitions publiques, c'est ça Joey ?
- Alors, bientôt, oui, pas mal de choses. Tu vas tourner la vidéo avec McFly et Carlito dans deux semaines près de Bourges. La semaine prochaine, on avait prévu une semaine presse, donc notamment matinale France Inter et Konbini lundi, Cauet et interveiw NRJ mardi, j'ai réussi à caler une interview Brut le mercredi, faudra qu'on en parle d'ailleurs, en plus de La Grande Intervue du youtubeur Malik, jeudi on va à Reims et là bas, le vendredi t'es avec La Famille sur Champagne FM et l'aprem' plein de petites interviews. La semaine pro', ça annonce les nommés NMA, je pense que tu seras nommée, on verra ça. Sinon, on commençait à prévoir C A Vous dans le prochain mois, j'annule ?
- Oui, je pense.
- Et, je suis en contact pour une émission France 2 pour rendre hommage aux musiques qui ont accompagné la vie des artistes. Ils t'invitent, le tournage tombe le sur-lendemain du tournage de Mcfly et Carlito.
- On reverra ça ensemble. Concernant le clip de Des nouvelles, m'adressais-je à Sophie, ma directrice artistique qui s'occupe notamment de mes clips et de mon identité visuelle, on annule rien, ne t'en fais pas !, riais-je en voyant sa mine stressée. Jeudi et vendredi le tournage, c'est dans quatre jours donc pas de soucis !
- J'ai eu peur !, rit-elle.
- Et, la tournée ? On annule tout ?, demande Khalid, mon fidèle tourneur.
- Oui..., grimaçais-je.
- Ça me paraissait logique, je voulais être sûr ! Par chance, on a rien annoncé. Bon, bah j'ai du boulot alors... On va perdre de l'argent sur ce coup.
- Oui, c'est clair., valide Sam. Mais, on a pas le choix. C'est soit la tournée, soit sa vie privée qui part en lambot. Le choix est vite fait. »

Et nous parlons comme ça pendant plus de deux heures, afin de tout bien planifier.
En sortant de la longue, et utile réunion, je parle avec Joey, l'homme qui gère toutes mes apparitions publiques, et Sam. Joey nous parle rapidement du nouvelle interview avec Brut qu'il m'a calé. Il nous brief rapidement et nous envoie un mail dans la journée pour que je valide. Ayant quelques petites choses à régler, je laisse Joey faire cela et le retrouve dans une trentaine de minutes pour parler des nouveautés. En le quittant, je traverse les couloirs des locaux de Bonne Étoile en étant soulagée de ce point. Tout est planifié, et donc me laisse les prochains mois libres pour vivre cet événement à l'abri des projecteurs. Même si en réalité, cela m'angoisse... J'ai peur que les gens m'oublient, mais je me rassure en me disant qu'ils ne l'ont pas fait la première fois. J'ai peur de cette grossesse, aussi, et de savoir que mon métier – que j'aime tant – sera mis en parenthèse à ce moment m'angoisse. Bien que je sais que c'est pour notre bien, à moi, à Florian, et ce futur bébé – que je n'arrive pas à imaginer vrai, tout est encore trop flou pour réellement croire qu'il est là. Nous arrivons finalement dans la grande pièce de repos, là où se trouve quelques machines à café et quelques tables hautes. Le tout décoré avec une touche de Visionnaire, bien sûr. Florian est accoudé à l'une des tables, une canette de coca posée sur cette dernière et téléphone en main. Je le connais par cœur, quelque chose le tracasse. À sa vue, Sam s'avance vers lui en souriant.

«- Félicitations !, s'exclame mon manager. Je suis très heureux pour vous ! »

Florian lui sourit puis, ils se checkent avant que Sam reparte travailler. Cependant, le sourire de mon fiancé me semble suspect, comme faux. Je m'accoude sur la table, près de lui et zieute son portable. Il scrolle sur instragram sans réel intérêt.

«- Ça va ?, me risquais-je à demander.
- Non, mais ouais. Mais non ! Oli me casse les couilles.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

En une fraction de seconde, il range son téléphone, attrape sa canette et m'entraîne à travers les couloirs. Il ouvre une porte, et nous entrons dans une pièce vide, pièce qu'il verrouille. Pour qu'il fasse cela, ce n'est pas une simple dispute entre frères. Il s'assoit sur la grande table blanche qui est au milieu de la pièce. J'ai toujours dit qu'il y avait trop de salle de réunion, ici. Je le regarde et l'incite à m'expliquer son humeur fracassante.

«- On était tranquille tous les deux. Et en bossant, je lui annonce ta grossesse. Et là, je vois qu'il est pas heureux ! Donc ça me soule, mais je continue ce que j'avais à dire. »

J'acquiesce silencieusement sans trop comprendre où l'histoire est allée.

«- Donc je lui dis que dans quelques mois, j'aimerais qu'on calme le rythme, comme on avait fait la première fois... Et là, va savoir, il s'énerve comme un ouf ! Il me dit que je l'énerve avec ma vie parfaite, ma femme parfaite, ma maison de rêve, ma façon de gérer ma vie perso et pro et qu'il supporte plus ça. Qu'il en avait marre de faire des sacrifices pour que je profite de ma vie de merde, et qu'il n'avait pas envie de stopper le rythme. Que la vie ne tournait pas autour de moi. J'ai pété un plomb. »

Mon regard se durcit légèrement. S'énerver face à quelqu'un d'évervé n'a aucune utilité à part agraver la situation. Et ça, je lui ai dit plus d'une fois...

«- Mais comprend moi aussi ! Mon frère vient clairement de me dire qu'il me jalouse de ma vie. Il m'a balancé des horreurs, il m'a insulté et tout ! Tu trouves ça normal ?
- Non, bien sûr que non., dis-je doucement en m'approchant de lui pour poser mes mains sur ses cuisses. Il n'avait pas à te dire toutes ces choses. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé pour qu'il réagisse comme ça ?
- Mais je sais pas...! On bossait tranquille.»

J'inspire grandement en m'asseyant près de lui. Je ne comprends pas non plus la réaction d'Olivio. Quand Florian m'a confié ne plus arriver à cacher cela à son frère, j'étais attendrie, et j'avais hâte de savoir la réaction du petit frère. Allaient-ils pleurer tous les deux, comme la première fois ? Et bien non. D'autant plus qu'il encourageait et réconfortait Florian à chaque test négatif, en lui disant qu'un jour il serait positif, pour qu'il soit enfin tonton. Signe qu'il a envie de l'être. Je ne comprends vraiment pas sa réaction.

«- Il est encore là ?, demandais-je calmement.
- C'est beau de rêver. Il s'est barré, comme toujours. »

En tournant la tête vers Florian, je l'observe, affecté par tout ça. Je l'amène vers moi, et le serre contre moi. Les paroles d'Olivio m'ont paru tout sauf tendres, et pour Florian, l'avis de son frère sur lui est tellement important qu'il doit être blessé. Vraiment.

«- Pourquoi il est comme ça...?
- Je ne sais pas.
- Bon..., dit Florian en se relevant. Je vais retourner bosser.
- Tu veux pas rentrer ?
- Non, je vais bosser, ça va me changer les idées.
- Si tu as le moindre problème, appelle moi.
- T'inquiète pas. Je gère. »

Je me lève à mon tour, et nous quittons tous les deux la pièce, partant tous deux de notre côté. Je rejoins Joey dans l'Open Space. J'attrape une chaise et m'assit près de lui.

Dix-sept heures passé, je sors des locaux totalement lessivée. Je sors mon téléphone en commençant à marcher pour attendre que Florian finisse son boulot.

💬
Lou : Tu peux passer au café s'il te plaît... J'ai besoin de parler...
Esmée : J'arrive tout de suite.
💬

Les sourcils froncés en me demandant ce qu'il se passe, je presse le pas vers le café de Lou en informant Florian que j'y vais. Pourquoi, aujourd'hui, tout le monde a un problème ?

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En espérant que ça chapitre vous ait plu.

Prenez soin de vous, et j'espère que vos épreuves se sont bien passées !

Héloïse ✨

Il Fait Mon BonheurWhere stories live. Discover now