Mutante - Tome 4

Chapitre 11 : Démonstration

Prise d'effroi, je ne pus que la regarder les yeux écarquillés.

– Liz, murmurai-je.

– Pas de ça ! s'exclama-t-elle. Je veux pas de ta pitié, d'accord ?

– Désolé.

Elle serra les poings, furieuse.

– Cet élixir est mon dernier espoir, chuchota-t-elle. Je ne veux plus revivre ça.

Je repris contenance, et hochai la tête.

– Lucy et toi êtes les meilleures que je connaisse dans ce domaine. Je suis certaine que vous allez réussir.

Liz acquiesça, les yeux à moitié fermés. La bouche entre-ouverte, elle semblait prête à tomber dans les bras de Morphée. Ma vessie m'appelant, je la laissais quelques minutes pour aller aux toilettes. En revenant, elle était à moitié tordue dans le canapé en train de somnoler. 

Me rappelant que Lucy avait bien précisé qu'elle devait faire attention à sa jambe, je compris que dormir dans le canapé était prohibé. Je la secouais, espérant qu'elle se réveillerait. Ce fut à peine si elle ouvrit les yeux.

– Liz, il faut que tu montes ! lui dis-je. Liz !

Elle grogna, et essaya de me repousser. Elle était assommée.

– Dodo, murmura-t-elle.

Elle eut un hoquet, comme si l'alcool avait repris ses droits. Notre conversation l'avait éclairée pendant un temps, puis son ivresse avait repris le dessus.

– Elizabeth Bayle, il n'est pas question que je doive te traîner jusqu'en haut !

Elle grommela à nouveau, prête à se blottir dans le canapé. Je bataillais avec elle pendant quelques minutes, avant qu'un craquement de marche ne nous interrompe. A moitié réveillé, Law nous observa.

– Qu'est-ce que vous foutez ? grogna-t-il.

– Et toi ? répliquai-je.

– Tu ne te rends pas compte du boucan que vous faîtes ! rétorqua-t-il.

Je pinçais des lèvres, coupable.

– Désolé. Liz est bourrée, mais il faut qu'elle dorme dans son lit, sinon elle risque d'aggraver sa blessure. D'ailleurs, il faut que je lui remette son attelle !

Je partis la chercher dans la cuisine puis retrouvai Law, stoïque et bras croisés devant Elizabeth en revenant.

– Tu as un air pitoyable, lui fit-il remarquer.

Elizabeth grommela. Pour toute réponse, presque inconsciemment, elle lui montra son majeur.

– Et insolente en plus de ça, railla-t-il.

Double majeurs. Je repliais les doigts de Liz, avant de lui installer son attelle. Elle ne protesta pas, trop heureuse de rester dans le canapé. Une fois l'attelle posée, je la secouais à nouveau. Elle m'insulta presque et chercha à s'enfoncer un peu plus dans les coussins.

– Laisse-la dormir là, grommela Law.

– Pour qu'elle ait mal partout et nous insulte toute la journée demain ? Non merci, persiflai-je. Liz, bouge-toi !

Law posa alors une main sur mon épaule, et m'écarta doucement.

– Si tu la frappes je t'envoie à l'autre bout de la pièce, le prévins-je sérieusement.

Il ne put s'empêcher de rire, mais prit compte de ma mise en garde. Il secoua à son tour ma cousine, qui ne bougea pas d'un millimètre. Law poussa un juron, et passa ses bras sous son corps.