Chapitre 27

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J'avais pris la route de l'hôpital en vitesse dès que j'avais appris la nouvelle. La mère de Noah m'avait informée entre deux sanglots qu'il avait eu un accident de voiture avec son frère. Les pompiers les avaient appelés dès qu'ils avaient appris la nouvelle mais ils ne savaient rien de plus pour le moment.

Le taxi me déposa devant l'hôpital, je n'avais pas pleuré. J'étais à fleur de peau et je m'étais mordue la langue pendant tout le trajet mais je n'avais pas pleuré. Je me forçais à penser que s'ils auraient eu des nouvelles, ils m'auraient appelée. Pour le moment, je préférais garder espoir et me dire que tout allait s'arranger. On dit que l'espoir fait vivre, et dans ce cas-là, ça nous aurait bien servi.

Une fois arrivée dans la bonne salle d'attente, je vis les deux parents de Noah et mes trois amis qui patientaient déjà. La mère de Noah vint vers moi et me serra très fort dans ses bras. Elle pleurait et au bout de quelques secondes je commençai à sentir que mon épaule gauche s'était humidifiée.
-Ella, dit-elle. Ella, on a une très mauvaise nouvelle.

Je me dégageai délicatement d'elle et me mis à l'écart. Cela ne pouvait pas être ça. C'était impossible. Pas comme ça. Pas maintenant.

Son père aussi pleurait. Il avait les yeux rougis, de larges cernes et une larme coulait sur sa joue. Je jetai un coup d'œil sur le côté et je vis mes trois amis, le visage fermé. Jonathan leva les yeux et croisa mon regard avant de s'essuyer les yeux avec le mouchoir détrempé qu'il tenait dans son poing.

-Écoute, commença la mère de Noah en reniflant, Noah et son frère Enzo ont eu un accident de voiture. Ils se sont fait rentrer dedans par une autre voiture, conduite par quelqu'un qui avait trop bu et qui était à contresens. Les aléas de rouler quand il fait nuit. Ça a été très violent et...
Elle éclata en sanglots une nouvelle fois avant de se réfugier dans les bras de son mari.
-Charles, déclara-t-elle. Continue, s'il te plaît. Je ne peux pas...
-Quand les pompiers sont arrivés, déclara-t-il, les deux avaient perdu beaucoup de sang. Enzo a réussi à tenir jusqu'à l'hôpital, Noah n'y est jamais arrivé. Vivant en tout cas. Ils ont essayé de le réanimer mais il était déjà parti. Il avait perdu trop de sang. On n'a même pas pu lui dire au revoir, finit-il avant de, lui aussi, éclater en sanglots.

Mes yeux se remplirent de larmes. Je ne voulais pas en faire des caisses car j'avais devant moi les parents de Noah. Deux personnes démunies qui venaient de perdre leur fils subitement.
-Je, je suis désolée, dis-je, de grosse gouttes sur mes joues. On était très proches ces derniers temps avec Noah.
Je fis volte face et regardai Gabrielle, Lou et Jonathan.
-Vous étiez au courant ?
-On l'a appris quelques minutes avant que tu arrives, expliqua Lou.
-Et personne n'a pensé à m'envoyer un message ? m'énervai-je. Personne ne s'est dit que, peut-être, j'étais morte de peur sur le chemin et que j'attendais juste qu'on me tienne au courant ?
-On avait d'autres choses auxquelles penser à ce moment-là, Ella, affirma Lou.
-J'avais le droit d'être mise au courant ! m'exclamai-je. Juste un petit texto : "oh, au fait, Noah est mort." C'est pas si compliq-
-C'est pas si facile ! me coupa Lou en couvrant ma voix. Tu ne peux pas être le centre de l'attention tout le temps, tu comprends ça ? Notre ami à nous aussi est mort, Ella.
-Mais je-
-Et c'est terrifiant pour toi, mais ça l'est pour nous tous. On ne sait pas où il est à l'heure actuelle, s'il est coincé dans un trou noir, à un endroit merveilleux ou qu'il nous regarde au moment même où je prononce cette phrase mais ce qu'on sait c'est qu'il va pas sortir par cette porte et nous dire "Coucou, c'est moi ! Toujours vivant d'ailleurs !". On savait que tu finirais par arriver et on savait que tu ressentirais une douleur aussi immense que la notre. Alors non, on ne t'a pas envoyé de message mais à part te rassurer, Ella, cela n'aurait rien changé et cela n'aurait fait qu'accélérer ta peine. Au lieu de te considérer comme le centre du monde, regarde un peu autour de toi.

Sur ces mots, mes larmes déjà présentes se transformèrent en réels sanglots. Je regrettais déjà d'avoir réagi ainsi.
-Je suis désolée, vraiment désolée, bredouillai-je en me jetant dans ses bras.
-C'est pas grave, Ella, c'est pas grave, me rassura-t-elle en me caressant les cheveux. On est tous très tendus. Il va falloir que tu dormes un peu, maintenant.
En passant devant les autres, Gabrielle me fit une caresse à l'épaule et Jonathan renifla une nouvelle fois. Il m'était impossible de dormir mais je comptais me reposer et arrêter de parler pendant un moment. J'en avais trop dit et je m'en voulais.

Alors, je pleurais en silence.

Cet espace entre nous - Dylan O'BrienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant