Agent 247 Vol.1

24. Matin animé

Je me réveille tôt ce matin, je n'arrête pas de me repasser la discussion avec Harry et mon sourire ne fait que s'agrandir devant le visage endormi du bouclé au creux de mon épaule. Mon cœur tambourine : on est officiellement un couple ! Il me l'a dit, il tient à moi, je suis sa première relation depuis longtemps, son espoir. Ça me fait bizarre de me dire que j'ai quelqu'un dans ma vie désormais. Après toutes ces années à servir mon pays, je m'étais résilié à finir seul, fervent défenseur de la nation jusqu'au bout. Jamais je n'aurais imaginé dormir dans mon lit, chez ma mère, dans les bras d'un homme. Mais cette scène me fait bien plus rêver que n'importe quel futur auquel je me pensais prédestiner. Comme quoi rien n'est figé dans la vie. J'embrasse sa joue et m'extirpe délicatement de son étreinte pour ne pas le réveiller. Il est tellement mignon quand il dort. J'attrape mon ordinateur et descends à la cuisine, je m'installe à table et sirote un café tout en m'affairant sur mon ordinateur. Il est temps d'en savoir plus sur ce gang.

Mes yeux parcourent les lignes de codes qui s'affichent sur mon écran avec attention. On dirait qu'il y a encore un problème. Ce n'est que le cinquième. Je me remets à pianoter afin d'essayer de le régler, je pensais que cela serait plus simple mais on dirait qu'ils ont renforcés la sécurité de leurs serveurs. Tant mieux dans un sens même si cela me complique la tâche. Je soupire, passe une main dans mes cheveux et me relance dans une nouvelle manip quand j'entends du bruit à côté de moi. Lottie débarque dans la cuisine, elle ne semble pas avoir émergée. Elle m'embrasse la joue en guise de bonjour et jette un œil à mon ordinateur mais reste interdite devant les lignes de chiffres et de lettres à l'écran.

« Waouh ! Tu apprends le chinois ou quoi ?

C'est sûr que pour elle, ces lignes de chiffres doivent s'apparenter à du chinois mais pour ma part je comprends chaque symbole comme s'il s'agissait de ma langue maternelle. Dans mon métier il est indispensable de posséder certaines maîtrises, il y en a c'est l'espionnage, d'autres le tir à distance, moi c'est le hacking. Je peux pirater n'importe quoi, qu'il s'agisse d'informations ou un gouvernement. Sait-on jamais si quelqu'un décide d'envoyer une bombe sur notre pays, il faudrait essayer de la détourner ou au moins avertir notre gouvernement qui pourra organiser des débats et autres négociations mais surtout, ça permet d'obtenir rapidement des informations sur un individu. En un mot : c'est pratique.

— Non. Je pirate juste le CID, enfin j'essaie.

C'était plus facile avant, je me demande qui s'est chargé de la sécurité de leur système.

— Le Criminal Investigation Department ? Vraiment ?

Il s'agit du département des renseignements de la police, elle a une certaine notoriété. Son rôle n'est pas d'arrêter les criminels mais uniquement d'obtenir des informations. Les agents affiliés font d'ailleurs de très bons espions. J'ai déjà eu à faire à quelques-uns d'entre eux, ils se fondent dans la masse facilement et ne se défendent pas trop mal en cas d'attaque mais ça ne vaut pas nos agents.

— Il faut bien que j'obtienne des infos et ce sont eux les mieux renseignés du pays.

Je me remets à taper sur mon clavier. Le pare feu défend les systèmes et tente d'infester ma machine. Je le stoppe rapidement et fais attention à ne pas créer une brèche que les hackers mal intentionnés pourraient saisir. Je dois agir dans l'ombre, par conséquent je ne peux me permettre aucun contact avec une partie ou une autre de la police à moins d'une absolue nécessité, comme l'autre fois lorsque j'ai arrêté Armin pour vol. Il fallait qu'ils sachent que je m'occupe de l'affaire pour éviter qu'ils n'interfèrent dans mon enquête. Mais dans ce cas-ci, si j'appelle pour obtenir des informations je vais laisser des traces et si un des membres du gang est un tant soit peu bon il pourrait remonter jusqu'à moi et ma couverture tomberait à l'eau.