Agent 247 Vol.1

35. Home sweet home

Je redécouvre ma maison d'enfance, les cadres photos, les portes des chambres de mes sœurs. Harry avance doucement, il s'arrête un instant en haut de l'escalier, appréhendant comme il ne voit pas les marches. J'ai l'impression de ne rien peser dans ses bras tant il se déplace avec aisance, seul le craquement des marches en bois nous trahi. Il n'en faut pas plus pour attirer l'attention des jumelles.

« Louis !! Crie Phoebe d'en bas.

Je les salue d'un signe de la main, essayant de camoufler ma perfusion pour ne pas les inquiéter. Maman sort de la cuisine et se précipite au bas des marches, une main sur le cœur, les yeux brillants, soulagée de me voir éveillé. Fizzy qui regardait la télé se tourne vivement vers l'escalier, elle aussi émue. Harry s'arrête au bas des marches pour que je puisse enlacer ma mère que je n'ai pas pu saluer tout à l'heure, je passe un bras dans son dos, l'attirant plus près, sa main entre mes deux omoplates me presse avec force contre son cœur. Elle pleure dans mes bras, je m'en veux de lui avoir causé tant d'inquiétude.

— Je vais bien, je souffle.

Elle me serre encore un peu contre elle et dépose un baiser sur ma joue.

— J'ai eu si peur mon chéri.

Elle recule d'un pas pour essuyer ses larmes et offre un sourire reconnaissant à mon bouclé.

— Merci à toi d'avoir pris soin de mon garçon.

Harry lui rend son sourire en secouant la tête.

— Ce n'est rien.

Je ne peux m'empêcher de penser que s'il n'y avait pas toute mes sœurs il aurait sûrement rajouter qu'il tient à moi, il aurait pu se lancer dans une déclaration, mais il ne le fera pas devant autant de monde, je commence à le connaître. À la place, il resserre sa prise sur moi et se dirige vers le canapé pour m'asseoir délicatement sur le sofa en tissus gris. Il me cale bien contre le dossier avant de se redresser. J'essaie de me décaler un peu pour trouver une position confortable, être assis avec le dos droit me fait mal, j'étais mieux installé dans mon lit. Harry pose sa main sur mon genou pour m'empêcher de gigoter et attrape mes perfusions.

— Attends Lou, il faut que j'accroche tes poches sinon tu vas avoir mal.

Je soupire, j'ai qu'une envie c'est arracher le cathéter, mais il a raison, sans la morphine la douleur serait insupportable. J'observe Harry chercher un moyen de les suspendre en hauteur à proximité du canapé sans trouver de solutions. Il n'y a que des photos de familles épinglées derrière le sofa, rien qui puisse servir à accrocher.

— Attends, j'ai peut-être une solution Harry.

Maman se précipite vers l'entrée, on se regarde, se demandant ce qu'elle fait, jusqu'à ce qu'elle revienne avec le porte manteau en bois qui se trouvait dans l'entrée.

— Ça irait ça ? En plus il est sur roulette, vous pourrez le déplacer.

Harry retrouve son sourire.

— C'est parfait, merci.

Il récupère le porte-manteau, le place derrière le canapé, accroche mes perfusions dessus et s'assure que j'ai assez de fil pour rester libre de mes mouvements. Il contourne une dernière fois le fauteuil pour me rejoindre, s'assoit juste à côté de moi, glisse un de ses bras derrière moi pour attraper ma hanche valide et me hisse sur ses genoux, me calant en travers de ses cuisses. J'ai plus d'espace pour étendre mon dos et ça tire moins sur mon flanc. Il se penche pour me demander à l'oreille si je suis bien installé et je ne peux que sourire devant tant de prévenance.

— Merci Haz

Il pose un baiser discret dans mes cheveux et m'adresse un sourire tendre qui me fait fondre. Difficile, cependant, d'oublier mes sœurs et leurs yeux humides rivés sur nous. Il n'y a que Doris et Ernest qui sautent de joie, un grand sourire aux lèvres alors qu'ils se débattent dans les bras des jumelles. Ils ne comprennent pas qu'on les empêche de voir leur grand-frère, si au début ils le prenaient pour un jeu, ils se mettent vite à crier et pleurer avant de croiser les bras sur leur poitrine en répétant qu'ils veulent juste me faire un bisou.