15 | 𝐍𝐎𝐂𝐓𝐔𝐑𝐀𝐋 𝐑𝐎𝐀𝐃 𝐓𝐑𝐈𝐏

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𝐍𝐎𝐂𝐓𝐔𝐑𝐀𝐋 𝐑𝐎𝐀𝐃 𝐓𝐑𝐈𝐏
▷ Road-trip nocturne.

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CHRIS BROWN - Under the influence
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— Je tiens juste à rectifier une chose, je ne t'aime pas, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Et, à l'avenir, rappelle-moi de ne plus jamais accepter de monter à moto avec toi. Ni avec qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. Punaise, mais ralentis un peu, tu veux ! Tu vas finir par nous tuer, bon sang. Quelle idiote j'ai été, aussi, d'accepter de monter sur cette chose avec toi. Je...

— Tais-toi un peu et profite, tu veux ? je la coupe.

Les petits bras de la demoiselle se resserrent autour de ma taille et elle enfouie encore plus son visage dans mon dos. Depuis que nous avons pris la route, il y a trente minutes, elle ne fait que jurer tous ses ancêtres en se plaignant d'avoir accepté mon offre. Elle a peur, je le sais. Alors je ralentis un peu, je n'aimerais pas non plus qu'elle me découpe en deux à force de me serrer. Je sens à peine mon sang circuler. C'est étonnant qu'une si petite et fragile chose comme elle ait autant de force.

Quoi qu'il en soit, nous avons fait le tour de son quartier. Elle en a profité pour me faire une visite guidée pendant qu'on y était. J'ai pu voir d'énormes bâtisses au modèle moyenâgeux avec une touche moderne, des gratte-ciels, des parcs de jeux et un immense centre commercial. Son quartier est digne de ceux dans lesquels les influenceurs d'Instagram aiment bien s'aventurer juste pour prendre des photos. J'adore.

Nous avons aussi fait un tour dans le mien pour ensuite déboucher sur les champs Elysées. C'était rapide, environ dix minutes. Dix minutes pendant lesquels je pensais que j'allais mourir étouffé par la poigne de la demoiselle. Toutefois, je n'ose pas lui dire qu'elle me fait mal. C'est un miracle qu'elle ait accepté de s'accrocher à moi, je crains qu'en me plaignant, elle ne s'écarte. J'aime trop son contact pour la laisser se retirer.

Désormais, j'aimerais bien l'envoyer chez Richard, le glacier. Le même chez qui Nam nous avait envoyé, sur le pont à côté du lycée. Bon, pas franchement à côté, mais pas super loin de là non plus. Je ne sais pas s'il est encore ouvert à cette heure mais je veux bien prendre le risque. Alors, au prochain carrefour que nous croisons, je tourne à gauche.

— Pourquoi est-ce que tu prends la direction du lycée ? me demande-t-elle.

— Tu verras.

— Tu es sérieux ? Si tu voulais tant que ça aller à l'école, tu aurais pu rester chez toi et t'endormir en attendant que le jour se lève. Je te signale que tu as cours, demain, espèce d'abruti. Ça m'apprendra à te suivre.

Je lève les yeux au ciel et soupire d'exaspération. À l'avenir, rappelez-moi de ne plus lui proposer d'activité comprenant de l'adrénaline. Je commence à comprendre qu'elle ne piaille autant que lorsqu'elle a peur, ce qui est sûrement le cas en ce moment. La demoiselle trouve que je vais trop vite alors qu'à cette vitesse, même un ver de terre pourrait nous dépasser. Je plains son chauffeur.

Bientôt, nous arrivons au niveau de notre lycée. Gemini s'attendait sûrement à ce que je me gare devant la façade, parce qu'elle me desserre de ses bras et retire son casque. Sauf que j'accélère d'un coup.

Son petit corps s'écrase de nouveau contre le mien et un cri de stupeur lui échappe. Je sens subitement un coup de poing dans mon dos. Non, que dis-je, une caresse plutôt. Parce que ce coup n'a rien de douloureux.

— Punaise, Kayon ! Tu ne pourrais pas me prévenir ? J'ai cru que j'allais mourir !

— C'est dingue comme j'aime mon prénom dans ta bouche.

ACTES MANQUÉSWhere stories live. Discover now