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Ici le double noir est encore d'actualité : Dazai appartient toujours à la Mafia portuaire.

  Dazai, penché à la fenêtre, s'amusait à jouer avec le feu, tel un gamin inconscient.
- Alors ? Tu ne viens pas me rattraper ? Je vais pourtant tomber, si tu ne me retiens pas..., lança-t-il, moqueur.
- Saute si ça te fait tant plaisir ! J'ai à faire. Chuuya, illustrant ses propos, se retourna pour sortir de la pièce.
Devant la réaction de son partenaire, la momie ambulante mima une légère moue vexée, tentant de cacher le coup invisible qu'il venait de prendre, bien que plus personne ne le voyait désormais.
  Alors, sans crier gare, il bascula en avant, ne voyant plus de raison de rester en ce bas monde si même son coéquipier de toujours ne voulait plus de lui.

Pourtant il l'aimait...

  Les étages défilèrent, provoquant une vague de nostalgie. Depuis ses quinze ans, âge de la création de son partenariat avec son petit porte chapeau, ils étaient toujours restés ensemble, bien qu'ils ne pouvaient se supporter mutuellement. Un quotidien qu'ils avaient fait profiter à toute la Mafia qui, d'ailleurs, n'en pouvait plus de leurs querelles.
Mais bien que toujours en rivalité, ils avaient été inséparables devant n'importe quel obstacle, même lors des tentatives de suicides répétées du l'un ou des gueules de bois de l'autre.
  Ils entretenaient une relation qui leur était propre : ils ne pouvaient se voir en peinture, mais volaient au secours de l'autre dès le moindre danger. Au-delà des insultes à répétition, un lien invisible les retenais l'un à l'autre. Et, malgré leurs disputes, aucun membre de la Mafia n'était aveugle sur leurs affects respectifs. Au plus grand dam de certains, ils étaient les seuls qui ne connaissaient la réciprocité de leurs sentiments, et, bien trop fiers, jamais ils ne se l'avoueraient.

  C'est admirant le bleu du ciel une dernière fois qu'il ferma les yeux, ne comptant pas les rouvrir. Lui qui avait toujours rêvé de laisser ce monde derrière lui, pourquoi avait-il ce pincement au cœur en repensant à ces dernières années ? Lui qui cherchait désespérément une raison de vivre, pourquoi avait-il l'impression qu'elle étaient bien plus proche qu'il ne le pensait, sans pour autant pouvoir la percevoir ? Lui qui avait pour habitude de toujours avoir raison, pourquoi avait-il l'intuition de faire erreur ?
  De toute façon c'était bien trop tard pour y penser, il avait sauté et, bien qu'il y échappait à chaque fois, il ne voyait pas quel miracle pourrait l'enlever à la mort.

  Ses pensées dérivèrent une dernière fois vers cette personne qui le hantait à chaque instant de sa pauvre vie. Cette personne qu'il aimait charrier, voir son doux visage se teinter de rouge suite à ses remarques. Le voir écraser sans problème des tas de muscles de trois fois sa taille. Ou encore quand il est ivre et lui offre d'hilarants spectacles, bien que toujours différents. Les mèches rebelles de sa crinière flamboyante dans lesquelles il avait toujours voulut glisser ses doigts, ses yeux céruléens dans lesquels il avait rêvé de se noyer maintes fois, ses lèvres qu'il avait toujours eu envie de goûter, son corps frêle qu'il aurait voulu serrer une dernière fois contre lui.
  Tout en cet être le décrivait comme parfait.

  Il avait du tomber d'une quinzaine d'étages avant de sentir un vive douleur et de couper net sa course. Il ne s'était pas écrasé : les immeubles de la Mafia devaient avoir bien plus de soixante étages.
  Il rouvrit donc les yeux, à contrecœur. En tournant la tête il pu voir sa Limace, entouré d'une aura rougeâtre. Son visage arborait un air sévère, sa mâchoire était crispée, ses magnifiques yeux bleus étaient durs et lourds de reproches alors qu'ils toisaient le brun. Seuls de légers tremblements trahissaient son état intérieur.
  Une seconde gifle fusa, nette, précise mais surtout puissante. Osamu eu à peine le temps de reprendre ses esprits que le rouquin revenait à la charge, d'une voix mal controlée :
- Ne me refais plus jamais ça...

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Et voilà pour ce chapitre, j'espère que vous avez aimé.
À la prochaine !

Envers et contre tout [OS Soukoku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant