- Hawkins, automne 1983 -
Déménager dans l'Indiana n'avait pas l'air du nouveau départ si heureux que ma mère m'avait promis, et pourtant je suis parvenue à m'intégrer dans une bande. Mais tout a basculé le six novembre, lorsque mon meilleur ami Wi...
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Cela faisait déjà un petit moment que je m'étais réveillée dans le sous-sol des Wheeler, entourée de mes amis, et pourtant j'avais encore l'impression d'être vaseuse. Sur le canapé elle aussi, Elfe restait dans le même état que moi, ses yeux bruns fixant sans but dans le vide. Mike essayait désespérément de capter notre attention avec les deux autres garçons, et il réfléchissait sans retenue à haute voix :
— Will disait quoi ? C'est comme chez lui... chez lui... mais sombre ?
— Et vide, compléta Lucas.
— Vide et froid, répéta Dustin. Attendez, il a dit froid ?
— J'en sais rien, râla Lucas. Cette fichue radio coupait sans arrêt.
— Désolée que nos compétences de transmission t'aient fait défaut, ironisai-je. Mais contrairement à ce que vous pensiez, on est assez limitées en terme de capacité d'appel... Un mauvais forfait, sans doute.
— Essaie d'aider un peu, tu veux ? me reprocha Mike. Il a dit que c'était comme sa maison, en sombre et froid.
— Ou bien comme Hawkins ? fit Lucas.
— Chaque fois que j'ai mes visions, j'explore mentalement une vision d'hiver de la ville, déclarai-je. Avec des particules, ce ciel sombre et ce froid glacial... Qui sait, peut-être que c'est dans cet endroit que se trouve Will ? Une sorte de version parallèle de la ville, reproduite à l'identique ?
— Le monde à l'envers.
Surpris, nous nous sommes tous tournés vers Onze, qui avait prononcé ses mots depuis sa posture allongée. Lucas fit mine de ne pas avoir bien compris :
— Qu'est-ce qu'elle a dit ?
— Le monde à l'envers, murmura Mike.
— Quoi ?
— Le plateau, compris-je en pâlissant. Le soir du huit novembre, Elfe a retourné la plateforme pour nous montrer où était Will, avec une figurine de Démogorgon. Cette chose qui le menaçait aujourd'hui... c'est la même qui l'a amené jusqu'ici, j'en suis sûre.
Pour illustrer mes propos, Mike s'est dirigé vers le bureau, tournant et retournant notre plateau de jeu avec concentration. Dustin et Lucas se sont rapprochés, et même Onze s'est redressée sur le sofa pour nous regarder de loin. Lucas fut encore une fois le seul à ne pas saisir, se tournant vers Dustin :
— Tu comprends ce qu'ils racontent ?
— Non...
— Réfléchissez, les gars, supplia Mike. Elfe et Emy nous ont emmenés chez Will pour le retrouver...
— Le soir où on a retrouvé son corps, me rappelai-je. Ça se tient. On ne l'a pas vu sur le moment, mais... il était là. On l'a senti, toutes les deux. Si on ne pouvait juste pas le voir ?
