- Hawkins, 29 au 30 octobre 1984 -
— Maman ! appelai-je.
Cela devait bien faire une heure que je cherchais mes dernières économies partout dans ce désordre qu'était devenu ma chambre, mais sans jamais rien trouver. J'avais tout retourné : mes tiroirs, mes draps... même la cachette secrète de mon journal intime ! Rien à faire, aucune misérable pièce à l'horizon. La dernière fois que j'avais vu mon porte-monnaie, c'était lorsque j'étais allée acheter un paquet de Skittles en douce, ce qui m'a donné l'idée de fouiller les poches de mon manteau. Hélas, aucune trace de mes précieux dollars...
Sans hésiter, j'ai descendu les marches lourdement et bruyamment, à défaut d'avoir fait venir ma mère jusqu'à moi. Mes chaussettes ont plusieurs fois manqué de me faire glisser sur notre nouveau parquet, et je me suis momentanément pris les pieds dans le tapis avant de le chasser d'un coup de cheville. Je n'ai même pas pris la peine de le remettre à sa posture initiale et suis accourue dans le salon, depuis lequel ma mère triait des papiers sur la table basse. Essoufflée, j'attire son attention :
— Maman !
— Oui ? répondit-elle d'une voix absente.
— J'aurais besoin d'une avance sur mon argent de poche.
À ces mots, elle s'est retournée vers moi en faisant mine d'avoir mal entendu :
— Excuse-moi ?
— Je pourrais avoir une avance sur mon argent de poche, s'il-te-plaît ? implorai-je. Je retrouve plus mes pièces, et il faut qu'on soit tous à l'arcade dans moins de vingt minutes !
— Tu me l'as déjà demandé le mois dernier, râla-t-elle. Si tu me fais le coup encore une fois, tu n'auras pas d'argent pour Noël...
— C'est une urgence, prétendis-je. Je vais me rattraper en faisant des corvées, promis ! Mais en attendant, est-ce que...
Dans le but de me faire taire et de se replonger dans ses papiers, ma mère me tendit un billet de dix dollars, et je l'ai embrassée vigoureusement sur la joue pour la remercier avant de courir me préparer dans ma chambre. J'ai tenté de dompter ma masse de cheveux bruns en deux couettes, qui avaient plutôt l'allure de deux chignons avant de laisser une mèche frisée me retomber devant les yeux. Perplexe, j'ai perçu une sorte de bruit de fond émanant de mon sac à dos, et ai compris qu'il s'agissait de mon talkie-walkie à la voix de Dustin :
— Emy, Lucas, vous me recevez ?
— Ici Emy, je te reçois, annonçai-je en pressant le bouton.
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UPSIDE DOWN | 1 | 2 |
Fanfiction- Hawkins, automne 1983 - Déménager dans l'Indiana n'avait pas l'air du nouveau départ si heureux que ma mère m'avait promis, et pourtant je suis parvenue à m'intégrer dans une bande. Mais tout a basculé le six novembre, lorsque mon meilleur ami Wi...