Chapitre 5

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Sophie


Quel con !

Je suis en rage dans ma chambre. Je fais les cent pas depuis que je suis rentrée, je vais finir par creuser une tranchée dans le plancher.

Je me sens tellement nulle. Je me suis laissé rabaisser par cet abruti. J'ai les yeux bouffis par les larmes.

L'alarme incendie se déclenche soudainement, je sors et attrape le balai pour appuyer sur le bouton au plafond tandis qu'Ella ouvre la fenêtre pour aérer. Les yeux nous piquent.

« Désolé Sophie. Ce sont de nouvelles épices un peu sensibles à la chaleur.

— Je vois ça », grommelais-je.

Je vois surtout que je n'en peux plus.

J'ouvre le frigo et m'empare de ma bouteille de vin blanc. Je m'installe sur le balcon et je bois une gorgée. Je ne prends pas la peine de me le servir dans un verre, je le bois directement au goulot.

Je regarde la carte de l'immonde personnage, carte que j'avais prise sur son bureau au début de l'entrevue. Max Beaumont. B.O. mon capital.

J'ai envie de la réduire en miettes, d'y mettre le feu et de danser autour. Mais je m'empare de mon téléphone.

« Oui ? » questionne une voix enjouée.

« Monsieur Beaumont ? Sophie Martel. »

J'entends de la musique, des éclats de rire. Je suis soudainement gênée de le déranger dans sa vie privée.

« Qui ça ? »

Il ne se souvient plus de moi.

« Sophie Martel, j'ai passé une entrevue ce matin et... et vous m'avez fait une proposition.

— Je sais, Madame Martel. Alors, avez-vous changé d'avis, par hasard ? » demanda-t-il.

« Eh bien... Je voudrais en discuter avec vous, mais le moment semble mal choisi. Je m'excuse de vous avoir dérangée. »

Je raccroche, rouge de honte.

La sonnerie de mon téléphone me fait sursauter et il m'échappe presque des mains.

La sirène du détecteur de fumée s'ajoute à la fête.

« Désolée », désolée crie Ella en appuyant sur le bouton avec le manche à balai.

Je réponds à l'appel.

« Raccrochez-moi encore une fois la ligne au nez et vous allez en subir les conséquences. »

J'avale une nouvelle gorgée de vin.

« Dites donc, vous, dis-je ragaillardie par l'alcool. « Ce n'est pas la moralité qui vous étouffe. Ça vous prend souvent de proposer à vos locataires de coucher avec vous. C'est une clause écrite au bail ? »

Je sens la déprime arriver

« Vous savez la difficulté à trouver un appartement pour quelqu'un comme moi ? Et puis... et puis... J'ai besoin de ce travail. Je sais que je suis bonne. J'aurais pu vous montrer que je suis bonne.

— De quoi parlez-vous, Madame ?

— De travail bien sûr, de quoi croyez-vous que je parle. Vous n'écoutez pas ce que je vous dis ?

— Avez-vous bu ? Si c'est le cas, je préfère avoir cette conversation lorsque vous serez à jeun.

— Bien sûr que je bois. Vous ne vous rendez pas compte de l'état dans lequel vous me mettez ? J'ai des frissons quand je vous vois. Plus vous êtes proche, moins je me contrôle. Je ne sais pas pourquoi, mais vous me manquez », dis-je en en écrasant un sanglot.

« Est-ce que ça va aller pour vous ce soir, Madame Martel ? » demande-t-il, la voix laissant poindre une certaine inquiétude. « Est-ce que des amis peuvent rester avec vous ce soir ?

— Ça va », répondis-je en buvant une gorgée avant de raccrocher.

Non, ça ne va pas. Je n'arriverai jamais à sortir de cette vie de merde.

Ella est déçue lorsque je passe devant elle, lui disant que je n'ai pas faim et que je vais me coucher.

Ça m'ennuie de lui faire de la peine, elle se donne tant de mal pour démarrer son business, et je la taquine toujours sur ses recettes les plus créatives les unes que les autres. Mais ce soir, je n'ai pas le moral, et mon attitude fait comprendre à tout le monde qu'il ne faut pas m'emmerder. Même le vampire a refermé sa porte en croisant mon regard noir.

Étant bien alcoolisée, je me suis endormie rapidement, mais ma nuit fut totalement merdique entre suées, tournis et dépit. Je me lève de mauvaise humeur et me prépare pour aller assurer mon quart.

Je ne dis pas que j'ai passé une journée infernale, mais ayant beaucoup de temps pour réfléchir, mon travail me permettant de dissocier mon cerveau des tâches répétitives que j'exécute, j'analyse ma situation et l'offre de Monsieur Beaumont.

Dépitée, je me rends compte que je n'ai pas vraiment le choix si je veux me sortir de cette boucle sans fin, de ce cloaque.

Je simule un mal de ventre dû à un problème féminin mensuel, pour partir plus tôt et je me précipite pour tenter de rattraper le coup avec Monsieur Beaumont.

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Myka

Me, my Boss and the othersWo Geschichten leben. Entdecke jetzt