Chapitre 60

184 11 4
                                    

Le caporal-chef avait posé sa main sur celle de la femme, les joues écarlates. Sa main était rugueuse à cause de l'entraînement, mais bizarrement, elle semblait douce.

- Salut, fit calmement Livaï. Toujours à sortir après le couvre-feu, corbeau ?

____________

Elle regarda sa main, et Livaï, le remarquant, la serra plus fort.

- Ce n'est pas toi qui vas me l'interdire, répondit-elle.

- Alors tu as compris.

C'était une affirmation étrange.

- Comment ça ? demanda le corbeau.

- Je ne vais pas t'interdire de venir ici. En réalité, j'espèrai que tu viennes.

- Pourquoi ça ?

Le vert et le gris se mélangeaient. Ils se fixaient depuis plusieurs secondes.

- Je voulais te voir, tout simplement.

Ayame ne sut expliquer ce qu'elle ressentis à l'entente de ses mots, alors que le caporal lâchait doucement sa main. Sérieusement, où était passé le caporal chef froid et sec qu'elle avait connu ? Il voulait la voir ? Elle ?

- Ça te surprend autant que je souhaite ta compagnie, morveuse ?

Livaï, dans l'attente d'une réponse, la vit détourner les yeux. Son visage rougissait légèrement, et l'homme espérait ardemment que c'était pour lui qu'elle rougissait. Peut-être y avait de l'espoir, finalement ?

- Saleté de caporal... souffla la femme.

Cette nuit-là, Livaï et Ayame eurent une discussion calme et légère, se lançant parfois quelques pics amicales.

Ils se quittèrent dans cette ambiance étrange. Aucun des deux n'osait demander à l'autre de dormir ensemble.

Livaï était rentré seul dans sa chambre et s'était installé sur son fauteuil. Il était satisfait d'avoir pu parler avec elle sans qu'ils ne se disputent, pour une fois, mais... Il avait remarqué aujourd'hui qu'il n'arriverai jamais à se satisfaire de si peu.

Les paroles de Erwin lui revenaient en tête "demande-lui". Il avait trouvé cette idée totalement idiote au début. Comment pourrait-il lui avouer ce qu'il ressentait.. ou plutôt, de quelle manière ? Mais... son coeur n'en pouvait plus de devoir se contenter de si peu.

Ayame, elle, venait d'arriver devant sa chambre. Un étrange sentiment d'amertume était coincé dans sa gorge.

Au final, je n'ai échangé que quelques mots avec lui...

Elle soupira. Pourquoi entrer, alors que Nifa ne l'y attendait pas ?

Elle poussa finalement la porte et s'installa sur son lit. Tout était encore à la même place. Seuls les affaires personnelles de Nifa avaient été retirés. Elle aurait voulue lui parler de ça, à Nifa... elle sentait que la rousse pouvait l'aider.

Bon sang pourquoi Livaï lui manquait alors qu'ils venaient à peine de se quitter !

Et si lui aussi mourrait ? Comme Nifa, comme Kenny, comme Dom, comme ses parents, comme Petra...

À cette pensée, son coeur se serra. Avait-elle vraiment peur pour l'homme le plus fort de l'humanité ? Oui, pensa-t-elle avec un sourire.

[...]

Ayame attendait patiemment, le sourire aux lèvres, installée sur son lit. Elle s'était adossé au mur, les yeux rivés sur la porte. Elle avait trente minutes de retard. On frappa à la porte, doucement, avec respect.

La Vie Est Belle, Mais Si CruelleWhere stories live. Discover now