Chapitre 18

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Harry récupéra sa voiture de location le dix-sept août à dix heures du matin. Il y entassa toute sa petite vie, rigoureusement placée dans les mêmes deux gros sacs de voyage qu'il trainait partout. Au coeur de quelques nuits blanches, il avait tout planifié. Tout son voyage. Il transportait avec lui une petite carte sur laquelle il avait collé des gommettes rouges pour chaque lieu où il avait prévu de s'arrêter. Si tout se passait comme il l'avait originellement prévu, il devrait être de retour à New York le vingt novembre. Il avait également tout son matériel de travail dans le coffre de la voiture. De cela, il avait tout prévu. Ça allait être solitaire, et un peu triste aussi, probablement. Mais Harry savait qu'il en avait besoin.

En ce qui était de reconquérir Louis en revanche, il n'était pas bien certain de comment s'y prendre. Il n'était sûr que de deux choses : la première, c'est qu'il n'était pas encore prêt à abandonner le garçon aux yeux océan ; et la seconde, c'est que si ledit garçon avait besoin d'espace, alors il lui en donnerait. Il était dans son intention d'envoyer des photos à Louis, de lui faire parvenir certains de ses clichés comme des cartes postales sur mesure. Et si, par malheur, Louis lui demandait d'arrêter, il le ferait. Il l'avait promis après tout.

Son premier arrêt était Philadelphie. Harry pénétra dans la ville sur les coups de midi. Il trouva rapidement l'hôtel qu'il avait réservé en ligne quelques jours plus tôt. Puis, il entreprit de trouver un endroit où manger. Cette après-midi-là, Harry arpenta les ruelles étroites de la vielle ville, prenant de jolis clichés colorés des maisons en briques aux volés multicolores. L'un de ces clichés fut le premier qu'il envoya à Louis. Il s'en dégageait une atmosphère douce, sans tracas. Harry aimait bien cela, la paix qui régnait dans cette photo. C'était sûrement, de toutes qu'il avait prise ce jour-là, sa favorite. Et peut-être aurait-il dû envoyer le meilleur cliché à Sophia. Peut-être était-il inconsidéré de l'offrir à Louis. Mais il le fit tout de même. Il trouva assez aisément une petite imprimerie à deux pas de son hôtel. Il imprima la photographie, laissa sécher l'encre quelques jours. Puis, il l'annota, en faisant ainsi une carte. Il inscrivit l'adresse de Louis au dos, colla l'un des timbres qu'il avait emporté avec lui. Il signa, deux fois. Une fois sur l'image, de son nom d'artiste, celui que les gens connaissaient. Et une seconde fois au dos, de son prénom à lui, celui que Louis connaissait. Ce fut la première photo, la première d'une longue série.

17 Août : Philadelphie, PA

Salut Lou,

Je suis désolé, je sais que j'avais promis. De laisser tomber. De ne plus jamais t'obliger à être confronté à mon existence. Mais je ne peux pas, pas comme ça. Je ne suis pas si bon que toi avec les mots, alors je t'écrirai des images.

Si, véritablement, mon amour t'indispose, dis le moi. Et cette fois, je disparaitrai. Pour de vrai. C'est promis.

Concernant la photo, je l'ai prise le dix-sept août, dans l'une des plus belles ruelles de la vieille ville de Philadelphie. J'espère qu'elle te plaira.

Bien à toi, H.

20 Août : Atlantic City, NJ

Salut Lou,

Voici un cliché pris d'en bas du plus grand phare du New Jersey, je crois qu'il avait un nom, mais je l'ai oublié. Là photo est d'en bas, parce que vu d'en haut, ce n'est plus si intéressant. J'ai glissé dans l'enveloppe, tu le verras, d'autres photos d'Atlantic City. Je n'y reste pas longtemps, quelques jours au plus. J'espère que les photos te plairont. Et j'espère que tu vas bien.

Bien à toi, H.

23 Août : Baltimore, MD

Salut Lou,

Far Away.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant