Chapitre 1

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Déborah

     – Ma chérie, tu te réveilles, me murmure une douce voix, c'est le grand jour.

     J'ouvre les yeux, ma mère se tient au-dessus de ma tête.

     Ses superbes yeux noisettes, autrefois étincelants de vie et de bonheur, sont soulignés par d'énormes cernes qui prouvent qu'elle n'a, encore une fois, pas beaucoup dormi. Son temps de sommeil se réduit peu à peu à cause de l'accroissement de ses douleurs et de ses vomissements.

     – J'arrive, je réponds d'une voix frêle.

     Elle se lève de mon lit puis sort de ma chambre, laissant la porte entrouverte. Sa silhouette s'est énormément amincie ces derniers temps, et ça m'inquiète. Je suis inquiète pour elle. Quand elle arrive à manger, le peu qu'elle a ingurgité finit dans les toilettes. Sinon, elle dort. Je vis avec la peur d'un jour recevoir une lettre de mon père me disant que, c'est fini, qu'elle n'est plus de ce monde. C'est pour cela que, la plupart du temps, c'est ma mère qui nous en envoie.

     Je descends les escaliers en pyjama pour rejoindre mes parents et Cédric, mon frère, dans la cuisine. Ce dernier vient, lui aussi, de se réveiller. Il tente, en vain, de discipliner sa longue tignasse brunes.

     – Bonjour, bonjour, m'exclamé-je en me baissant pour embrasser la joue de mon père, puis la naissance des cheveux blonds grisonnants de ma mère. Je m'assois entre elle et Cédric avant de décoiffer (encore plus) ses cheveux en passant ma main dedans.

     – T'es embêtante, toi ! me lance-t-il.

     – Moi aussi je t'aime !

     Nous terminons de manger en discutant quand ma mère commence à tousser, légèrement, puis de plus en plus. Je me lève en vitesse et lui tends un verre d'eau fraîche.

     – Sylvie, ça va ? questionne mon père.

     – Oui. (Elle tousse de nouveau.) Ne t'en fais pas, Amos.

     – Merci ma chérie, me murmure-t-elle après avoir bu une gorgée d'eau.

     – Ma grande, va t'habiller, le train part à 11 heures précises, ce serait dommage que nous soyons en retard. Idem pour toi, mon garçon. Et, coiffe-toi.

     – C'est elle qui...

     Je me lève, et ricane face au visage déconcerté de Cédric. Je pars prendre ma douche.

     Une fois sortie, je retourne dans ma chambre en peignoir, puis le retire pour observer mon reflet à travers mon miroir. Mes sourcils se froncent et des larmes menacent de déborder de mes yeux. Mon corps me dégoûte, mes rondeurs, mes vergetures, mes cicatrices... tout. Ce que je vois dans la glace ne me plaît pas. Et ne plaît à personne...

     Je laisse mes mauvaises pensées de côté et enfile des habits normaux pour me rendre à la gare de King's Cross sans attirer l'attention des Moldus. Pour cela, un simple pantalon noir et une chemise blanche suffiront. Pour terminer, je coiffe mes cheveux blonds en une simple queue-de-cheval haute, et le tour est joué. Habillée, mon reflet est déjà plus acceptable.

     Je sors de ma chambre, après avoir soufflé un bon coup, et me retrouve face à mon frère. Je lève la main pour lui ébouriffer – une nouvelle fois – les cheveux mais il attrape ma main avant que je puisse le faire. Je fais la moue pendant que lui, ricane. Je lui mets un gentil coup de coude dans le ventre.

     – Tu es méchante, grommelle-t-il dans un faux souffle de douleur.

     Je souris, j'ai de la chance d'avoir une aussi bonne complicité avec lui. Nous descendons. Mon père se tient devant la porte, mais ma mère n'est pas à ses côtés. Cédric et moi, nous regardons. Nous le savons ; elle ne viendra pas. Cette maladie lui pourrit la vie et à cause d'elle, nous ne pouvons pas avoir une vie de famille « normale ». Je commence à me diriger vers sa chambre, mais mon père m'attrape le bras, il hoche la tête de droite à gauche. Mes yeux s'humidifient, je voulais qu'elle soit là aujourd'hui, avec nous. Nous sortons et partons vers la gare de King's Cross.

Les Ténèbres  Tome 1 · PoursuivieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant