4🌊Au goût d'indécision

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Elle avait sa routine bien rodée : réveil, toilette, cigarette et jus de fruits. Douche, habillage, rouge à lèvres et elle était partie.

Mais ce matin-là, Marine fut réveillée par une douce odeur de crêpe provenant de sa cuisine.

Pensant à un amant envahissant en premier temps, elle se souvient enfin, après avoir entendu des bulles de notes s'éclater contre les murs, que ce n'était que son client.

Le beau Kaïto qui grattait ses cordes de bon matin après avoir préparé une assiette de pancakes, le tout simplement vêtu d'un caleçon.

Le corps d'un Appolon qui aurait fait jalouser les tritons et craindre à Shan de perdre son emploi.

Marine, toujours dans ses habits de la veille, détaillait sa musculature avec envie, s'attardant sur le tatouage à son bras mais également le triangle couvrant une partie de sa hanche droite, avant de se racler la gorge.

Provoquant par la même occasion un sourire chez sa cible ne levant pourtant pas les yeux sur elle.

— Je suis allée à la supérette du troisième étage, un peu plus tôt. Je ne pensais pas trouver un frigo aussi grand, vide. J'imagine que tu ne cuisines pas.

— Je n'en ai pas la nécessité comme je suis seule.

— J'ai essayé de me débrouiller. Je ne suis pas familier de ce type de petit-déjeuner, mais je me suis dit que tu devrais aimer.

— Ah oui ? Que manges-tu généralement le matin ?

Levant enfin les yeux de sa guitare pour observer le plafond, Kai mit de longues secondes à se rappeler de souvenirs de sa vie hors de l'eau, afin d'enfin déclarer :

— Soupe miso, riz avec œuf cru mélangé et un peu de nori, quand j'avais une « matinée ». Sinon un melon pan pris à la va-vite au konbini.

— Tu étais un oiseau de nuit ?

— Je suis un musicien. Du peu dont je me souviens, je prenais plus de diner et d'encas sur le pouce, entre deux répétitions, que de vrai repas. Tout le temps en vadrouille, je ne devais pas avoir un « chez moi » suffisamment accueillant.

Soudain, Kai regarda enfin Marine, la détaillant de la tête au pied avant de plisser les paupières et de murmurer : « Mais ça pourrait changer... »

Cette dernière se contenta de faire comme si elle n'avait rien entendu, se dirigeant vers le comptoir de sa cuisine pour engouffrer une crêpe nature dans sa bouche.

Le goût n'était vraiment pas terrible mais elle reconnaissait l'effort de son colocataire imprévu.

Se nourrissant de chacune de ses paroles pour déterminer avec plus de précision son profil.

— Les appartements de la Tour Cardinale sont très spacieux et chaleureux ! Le choix dans la décoration et l'agencement personnalisé et-

— Comment étaient tes petits-déjeuners ? Je veux dire... Avant.

— Ceux de la Tour Cardinale peuvent être livrés en moins de vingt minutes !

— Marine. Je veux savoir ce qui te faisait envie.

En entendant son prénom dans sa bouche dit si suavement, la rousse déglutit et tenta de réfréner la vague de chaleur dans son bas ventre avant de poser ses coudes sur le comptoir et de réfléchir sérieusement.

Elle ne se souvenait plus exactement depuis quand elle vivait à la Baie du Mandarin mais cela devait faire longtemps, car elle n'avait presque plus de souvenirs de « sa vie hors de l'eau ».

Your lips taste like blues and saltWhere stories live. Discover now