Tout et rien

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J'ai été dans un endroit inconnu de tous aujourd'hui. Un coin sympa que je suis le premier à explorer.
Je ne sais pas si le coin était vraiment sympa, mais je sais que j'étais le premier à l'explorer et c'est peut-être ce qui l'a rendu si sympa.
C'était pas tout blanc comme dans les films, ni un ciel et un océan, comme dans les films. C'était bizarre. Ou du moins, plus bizarre que ça.
C'était mélangé, il y avait de tout et de rien : à la fois du rien et du tout.
Il y avait le vide, grand et vide, mais il n'était pas aussi infini qu'on le disait. C'était un vide contenu, qui occupait un espace défini.
L'espace pas occupé par du vide, il était occupé par du plein : des objets, des souvenirs, de la lumière, de la musique, des couleurs, des sensations, des ressentis, tout quoi. J'ai trouvé ça vraiment passionnant de faire le tour, à la fois du plein et du vide. N'allez pas croire que parce que c'est vide, il n'y a rien à découvrir. Au final, l'absence de matière en dit long sur son énergie. Ce que je veux dire c'est que quand il y a quelque chose, on en apprend plus sur cette chose, et que quand elle n'est pas là, on en apprend plus sur ce que l'absence de cette chose provoque chez nous. Je me suis donc trouvé à l'aise dans ce vide, libre d'y construire quoique ce soit ou de ne rien y construire du tout, le vide c'est vraiment confortable. Mais j'en ai eu marre de n'être rien et d'avoir trop le choix, je suis aller découvrir le plein. J'y ai retrouvé mon identité, j'ai revu mon passé, les espoirs que je tenais pour le futur, mes préférences et mes répugnances, tout ce qui fait que je suis ma personne. J'ai trouvant ça relaxant aussi d'être quelqu'un de défini, d'être limité, d'être contraint et enchainé parce que là alors, rien ne dépendait de moi, je n'avais qu'à suivre ce qui m'avait été tracé, loin de toutes craintes et incertitudes.

Alors je me suis lassé encore de ne pas être libre et je suis retourné dans le vide. Puis j'ai changé encore. Et encore. Et encore une fois. Et encore une autre. Et encore.
C'est quand je ne pouvais plus compter mes allers-retours que j'ai mis fin à la promenade. Je suis revenu dans le monde réel parce que même si ces deux options était tout ce dont j'avais besoin, je voulais plus.
Je voulais toujours plus.

J'ai trouvé ça curieux comme sentiment mais j'ai décidé de ne pas y penser plus que ça. Je garde cette réflexion pour une autre fois.

Mais cette petite escapade, je l'ai adoré. J'ai trouvé que ça méritait de porter un nom, qui sonnerait comme le nom d'une science et alors je lui en ai donné un, déjà tout fait : l'introspection.
La science de l'exploration de l'esprit propre.

Recueil Where stories live. Discover now