j'ai bu ton absence

j'ai bu ton absence (absence)
comme on boit de l'alcool fort
— je ne bois jamais d'alcool fort —
comme on boit de l'absinthe.
j'ai vu ton absence (absence)
dans l'obscurité, à travers les traits de mon ombre ;
elle était là,
vicieuse et colérique.
je l'ai attrapé par le cou,
arrachant sa peau et
j'ai eu envie de lui crever les yeux
— de la crever.
j'ai vu ton absence (absence) comme on voit l'invisible quelques fois,
les soirs de grisaille et de misère.
j'ai vu ton absence (absence) sur les draps tâchés de larmes,
dans les odeurs déjà évanouies
— odeurs soleil qui ne se lèveront plus.
oh oui
ton absence (absence) est partout,
comme le rappel même de la mort,
comme la lumière, le temps, les autres, la mort.
quand tu deviens absence (absence) je me sens mourir
— je meurs, je crois —
je te meurs dans l'absence (absence) ;
je me meurs dans notre absence (absence).

je me meurs dans notre absence (absence)
comme une folle qui danserait dans le chagrin,
qui le rassure le temps d'une étreinte.
l'absence (absence)
l'absence (absence) de toi
ramène inlassablement
— systématiquement —
à la folie.
nous sommes fous ensemble
fous des uns, fous des autres.
nous sommes fous d'être ensemble alors l'absence (absence) nous désagrège.
elle nous dilapide et seul nos mots restent impavides ;
les mots résistent au temps,
je crois.
je crois qu'ils sont plus forts que l'absence (absence).
ce sont eux qui la console parfois,
quand même elle pose ses lèvres de méchantes sur les goulots des bouteilles.
l'absence (absence) est une alcoolique.
elle se noie dans l'absinthe d'elle-même.
pauvre absence (absence), tu es maudite.
pauvre absence (absence), je te maudis.

(dégage salope connasse pétasse sale pute chienne grosse conne salope connasse pétasse sale pute chienne grosse conne salope connasse pétasse sale pute chienne grosse conne salope connasse pétasse sale pute chienne grosse conne salope connasse pétasse sale pute chienne grosse conne dégage)

j'ai bu ton absence (absence)
j'ai bu l'absence (absence)
celle qui fait taire le silence
détruit les moments de transe
celle qui est de trop, immense
fait trébucher les pas de danse
celle qui fait de nous de la faïence
délivre les plus illusoires fragrances
j'ai bu ton absence
et ça a fait boum dans mon cœur
"comme des papillons ?"
demande un enfant
— je me demande, enfin —
"non, comme un feu d'artifice"
je lui réponds
— je me réponds.
et je tombe dans les pommes,
dans le creux de tes mains,
de l'absence (absence) des lendemains ;
sur mon corps tes paumes
sont comme un mirage
alors je pleure, j'enrage.

l'absence (absence) a tout pris
— ton absence (absence) m'a tout pris de toi —
et moi je reste là, dans la solitude
me demandant comme j'ai pu boire qui tu étais.
j'ai bu ton absence (absence)
et j'aimerai qu'il me reste quelque chose de toi
— putain tu me manques.

absence (amour)