𝗛𝗢𝗟𝗗 𝗠𝗘 𝗗𝗢𝗪𝗡 ; levi ackerman

chapitre 5

— Arrête de tripoter tes bandages, j'ai pas envie de devoir les refaire maintenant.

Eren releva des yeux abattus vers Meira et hocha lentement la tête, plus pour ne pas voir son sourire rassurant qu'autre chose. Il venait d'échouer. Il n'était pas parvenu à se transformer alors qu'il ne s'agissait que d'un exercice et il ne s'en sentait que moins légitime à être qualifié d'espoir de l'humanité. Accepter la bienveillance de Meira alors qu'il n'était pas capable de faire la seule chose qu'on attendait de lui en tant que soldat et après avoir forcé l'escouade à se réunir dehors sur un jour de repos aurait été égoïste, et il ne voulait pas l'être. Les tâches rougeâtres gagnant du terrain à la surface de ses pansements n'arrangeaient rien non plus. Elles n'étaient qu'un rappel douloureux de toutes les mutilations qu'il s'était infligées dans une vaine tentative de changer de forme.

— Les plaies de tes mains ne se referment pas ? releva froidement Levi.

— Non, souffla le garçon à contrecœur.

— Si tu peux plus te transformer en Titan, on peut oublier la réparation du mur Maria. Trouve vite une solution, c'est un ordre.

Sans même tenter de cacher sa désapprobation, Meira lança un regard peu aimable au capitaine qui n'y prêta aucune attention. Il tourna simplement les talons avec sa tasse de thé en main, vite rejoint par Petra qui devait vouloir parler stratégie. La brune posa alors une main sur l'épaule d'Eren, plus compréhensive que leur supérieur.

— C'était juste un premier essai, tu y arriveras sans doute la prochaine fois.

— Ça prouve que tu es plus humain que ce qu'on pensait, railla une voix familière non loin d'eux.

— Oruo, je te jure que je vais t'arracher la langue moi-même si tu n'apprends pas à te taire.

— Commencez pas, tous les deux, coupa Erd. Meira a raison, tu as le droit à l'échec, Eren. Il vaut mieux ça que se précipiter et mourir. Ça n'aura pas été inutile.

Le garçon fut surpris par ces mots dépourvus d'animosité. Si on mettait Oruo de côté - qui en avait toujours après tout le monde - ils ne lui en voulaient pas et n'avaient même pas l'air déçus de lui. Il supposa que le capitaine était différent car placé plus haut que les autres, il n'avait pas le temps de s'attarder sur un échec. Ça n'avait pas tant d'importance ; comme ses coéquipiers l'avaient dit, il ferait mieux la prochaine fois. Un léger coup d'épaule de la part de Meira acheva de lui remonter le moral, alors il lui sourit à son tour et lui indiqua d'un hochement de tête qu'il se sentait moins inquiet.

L'esprit plus léger, Eren se reconcentra sur sa tasse de thé et attrapa sa petite cuillère posée sur le côté. Du moins, il tenta de l'attraper, puis elle lui échappa lorsque son corps se raidit subitement, parcouru d'une décharge désagréable partant du bout de ses doigts et jusqu'à son épaule.

— Tout va bien, Eren ?

Embarrassé, il grommela une vague réponse et se pencha pour ramasser l'objet tombé au sol tandis que Meira portait sa propre tasse jusqu'à ses lèvres. Tasse qui alla voler beaucoup plus loin au moment où le souffle d'une soudaine explosion frappa les occupants de la table. Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, Meira atterrit dans l'herbe au milieu de ses collègues, à quelques mètres de là où elle s'était tenue un instant plus tôt. Tous ne mirent que quelques très brèves secondes à se relever, plus par mémoire musculaire que par conscience du danger, et à brandir leurs armes en direction du halo de fumée qui venait de se former devant eux.

Meira fut la première à baisser ses épées. Elle le fit à la seconde où son regard se posa sur Eren, occupé à se démener contre son propre bras qui avait pris l'apparence de celui d'un Titan. Plus calme que ses subordonnés, Levi se posta entre eux et le garçon, et adressa un hochement de tête presque imperceptible à Meira en constatant qu'elle avait analysé la situation plus rapidement que les autres. Le ton très monocorde qu'il employa ensuite ne cacha rien de ce qu'il en était vraiment ; il s'agissait d'un ordre et les jeunes avaient plutôt intérêt à l'écouter.