« Le froid glacial et l'obscurité de la forêt »

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S'endormir deux fois en un seul Éveil, c'était bien trop. C'était même inconcevable pour Peppermint qui se sentit fort agacé lorsqu'il ouvrit les yeux, son petit nez pointu planté dans la neige. Il se leva et s'épousseta pour enlever la neige qui collait à ses vêtements puis passa ses mains dans ses cheveux. Il sentit comme une bosse sur le côté de son crâne, où la machine l'avait frappé. Il siffla entre ses quenottes, la douleur s'accentua jusqu'à ce qu'il enlève sa main. Il était blessé. D'ailleurs, il avait également mal à son dos à cause de la chute. Jamais il n'avait ressenti ça.

Il se trouvait au milieu de la forêt. Les rails passaient près de lui sans aucune indication, il ne savait même pas dans quel sens était parti le train. Il ne savait pas non plus dans quelle direction était l'Atelier Un. Il ne savait pas où il était. Dans la forêt, près des rails, c'est tout ce qu'il pouvait dire. Mais c'était si peu et très loin d'être rassurant.

Le jour avait décliné depuis longtemps et la nuit avait gagné le ciel. Le lutin leva les yeux vers les étoiles qu'il apercevait, si loin au-dessus des sapins immenses qui l'entouraient. Il voyait les cimes bouger sous le souffle du vent qui n'atteignait, heureusement, pas le sol et le laisser en paix. Pour l'instant.

« Que vais-je faire ? » se demanda-t-il en regardant autour de lui. « Il fait si froid. »

Pepper avait froid. Son bonnet vert n'était plus sur sa tête et semblait n'être nulle part autour de lui. Il frotta un peu ses oreilles pointues rougies par le froid, tout comme l'étaient ses joues et son nez, et serra ses bras autour de son corps pour essayer de garder sa chaleur.

Rester ici n'était pas une bonne idée. Sa solution la plus sûre était de suivre les rails. Dans un sens comme dans l'autre, il finirait par atteindre un Atelier. Et si ce n'est pas le Un, il aura le temps de trouver une solution pour rentrer chez lui. Il hocha la tête en réponse à ses propres pensées et tira au sort la direction dans laquelle il commença à partir.

Les Ateliers étaient très loin les uns des autres, tous les lutins savaient ça. Plus Pepper marchait, plus il s'inquiétait du froid glaçant qui le faisait trembler de plus en plus fort.

« Je devrais peut-être trouver un abri, » se dit-il.

Mais c'était la première fois qu'il quittait l'Atelier et il ne connaissait rien au Dehors. Il avait peur. Il avait peur de continuer à avoir si froid mais il avait également peur de s'éloigner des rails. Il pourrait se perdre dans la forêt. Il pourrait repartir dans le mauvais sens des rails.

Il en était là de ses réflexions quand un bruit, plus fort que les autres et plus près, se fit entendre. Pepper tourna la tête pour essayer de voir de quoi il s'agissait, mais rien. Il faisait trop sombre, même pour ses yeux habitués à la pénombre. Le bruit recommença. C'était dans les branches de l'arbre le plus près. Il eut juste le temps de se jeter sur le côté pour éviter qu'une bête immense ne referme ses griffes sur lui. L'animal battit des ailes, le vent fouetta le visage du lutin qui partit en courant.

Pepper courut jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Au-dessus de lui, il entendait le rapace le chasser. Il trouva refuge dans un tronc d'arbre et scruta le paysage. Les bruits de l'oiseau s'éloignèrent après de longues minutes. Les larmes aux yeux et terrorisé, le petit lutin se blottit dans la mousse qui recouvrait le sol et s'endormit. Pour la troisième fois de son Éveil.

Des sifflements le réveillèrent alors que la faible lumière du jour entrait dans son abri. Pepper craignit d'abord que ce soit un autre oiseau, mais il reconnut l'air d'une chanson. Une chanson de Noël ! Il s'extirpa du tronc et écouta attentivement pour découvrir d'où venait ce son. Il le suivit et se mit à courir car la personne qui sifflait était bien plus rapide que lui.

Il finit par apercevoir une silhouette et il comprit que c'était un humain. Bon, ça pouvait être dangereux, mais Peppermint préférait tenter sa chance avec un humain qu'avec les oiseaux de proie. Après tout, les lutins et les humains n'étaient pas si différents. D'accord, les humains n'avaient pas les oreilles pointues. Et celui à quelques mètres de lui faisait au moins dix fois sa taille. Mais en dehors de ça, ils se ressemblaient. Et cet humain semblait aimer Noël, il accepterait certainement d'aider un pauvre lutin en détresse !

Rassuré par cette rencontre, Pepper se mit à courir puis à crier pour essayer d'attirer l'attention du bûcheron. Mais sur son chemin, il fut soudain bousculé avec force et plaqué par terre. Ses yeux améthyste rencontrèrent des yeux dorés.

Peppermint et le monde du DehorsWhere stories live. Discover now