Chapitre 38

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PDV de Bakhta Fellah

À part mes racines de Tlemcen et de Tiaret, je suis une femme berbère et algérienne. J'étais fière d'être une chaouia d'Annaba. Monter sur le trône de Wahran, c'est, pour moi, incarner, avec fierté, l'Algérie Ouest et Est. Avoir cette couronne sur ma tête c'est représenter mes couleurs, ma culture, ma religion, mes traditions... L'avenir d'Oran reposait sur mes épaules. Je ne pensais pas, un jour, devenir la sultane pour le peuple oranais. Je devenais un modèle pour toutes les femmes. Mon rêve, de petite fille, était sur le point d'exaucer. Et tout ça, grâce à Abdelkader. Cet ami, au grand cœur, qui est mon roi ainsi que mon futur mari. Le lion de Wahran avait enfin trouver sa lionne, après toutes ces années.

Aujourd'hui, ce fut un grand jour pour Wahran et pour moi : mon couronnement. Pour l'occasion, Loubna m'apporta une des tenue traditionnelles chaouis : la melhfa. Cette tenue ancestrale représentait les femmes berbères, les algériennes de l'Est, de la région des Aurès. Il s'agissait d'un habit unique réalisé en deux pièces. Elle était faite, autrefois, d'un tissu noir ou fleuri, brodée de fils de laine de différentes couleurs. La tenue se fixait d'une longue cape, maintenue de deux fibules, en argent, accrochées sur les épaules.

Ma robe chaoui ressemblait à une toge romaine. Elle était de couleur verte comme mon institution, le drapeau de l'Algérie. En plus c'est ma couleur préféré. Pour compléter ma tenue, Loubna suivit mes conseils à la lettre. Elle usa un des rites ancestraux de ma famille : il s'agit les tatouages tribaux et berbères. Avant, les femmes berbères se tatouaient au khol (l'encre noir charbon) plusieurs parties de corps. Ce rite a disparu en Algérie. Se tatouer définitivement le corps, avec une aiguille ou la lame d'un couteau, c'est haram (interdit) en islam. Ma famille a renouvelé les techniques des tatouages berbères. Premièrement, le khol était remplacé par le henna. Le henna avait des vertus miraculeuse pour le corps. L'aiguille fut remplacée par un pinceau fin. Loubna dessina sur mon visage. Chaque dessin symbolisait la tribu de mon père : les Fellah Ayth A'ziz.

Loubna finit d'orner mon visage. Après une heure de séchage, le résultat fut extraordinaire.

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---- Ntia Chebba, Bakhta chaouia

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---- Ntia Chebba, Bakhta chaouia. ( Tu es belle, Bakhta chaoui)

---- Choukrane, Loubna.

Je me sentais nerveuse. Ma voix fut rouée. Mon corps tremblait de peur. J'avais le trac, ça rappelait mes examens en tant qu'ancienne étudiante. La gouvernante ressentait mon stress. Elle mit une cassette de l'artiste Cheb Khalass, dans sa radio portable. Nous dansions le chaoui sur une musique staïfie qui s'intitule Anti Koul fi Koul. La pression tombait. J'étais devenue de plus en plus calme. J'ai de la chance d'avoir une gouvernante comme Loubna. Elle est devenue ma deuxième mère

Elle m'accompagnait jusqu'à mon trône. Tout le gratin d'Oran était là. Il y avait ma famille, quelques visages que je ne connaissais pas mais qui me sont familiers. Tous les oranais étaient là pour me voir. Beaucoup d'algériens ont fermé leur enseigne, en ce jour spécial, à cause de moi. J'avais conscience que mon couronnement concernait tout Wahran. Ils firent une révérence. Regard concentrée, je marchais le long du tapis rouge. Je ne perdais pas en vue mon objectif.

Il est là !!! Le voilà !!! Beau comme le jour, le sultan, mon Abdelkader était bien vêtu dans ses vêtements de lumière !!! Il tenait, entre ses mains, une couronne en or incrustée de pierres précieuses vertes et rouges, les couleurs du drapeau de mon pays.

Mais avant de la poser sur la tête, il y avait la prière

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Mais avant de la poser sur la tête, il y avait la prière. Ce n'était pas une salat. Tout le peuple me fit des douâas (invocations à Dieu). Je priais en arabe. Une fois, ces moments solennels achevés, il est temps pour le sultan de faire ce petit discours, très poétique, en arabe :

---- Youm fajr fi Wahran. Bada eahd jadidi. Anti al wahida al lazi ahababtiki, gammari. Ya Bakhta, nadjmi, 'ant alan maliktina. Wahran turahib bikum bi'adhrue maftuhatin. Tahia Djazzair.

(Un jour se lève à Oran. Une nouvelle ère commença. Tu es la seule dont je suis tombé amoureux, ma lune. Ô Bakhta, mon étoile, tu es désormais notre reine. Oran t'accueille à bras ouvert. Vive l'Algérie !).

Je fus émue. Sa majesté me couronna de succès. Ça y est !!! Mon destin fut scellé. J'ai changé de grade. Je suis, enfin, la toute nouvelle cheikha de tout Oran !!! Monarchie ottomane et algérienne, me voilà !!! Oui, il ne faut pas oublier que l'Algérie a hérité de l'Empire Ottomane que ce soit dans la nourriture, la musique, les costumes traditionnelles mais aussi la royauté. L'Algérie est un pays qui a une culture riche. Je dois la préserver !!! C'est un privilège et un grand honneur, pour moi, de servir mon pays !!! Ça ne se refuse pas. Qui l'eût cru ? Qui l'eût cru ? Je croyais être réveillé d'un beau rêve. Ma couronne me rappelle que tout cette effervescence est bien vraie. Bienvenue dans le monde réel, Bakhta.

Ce fut un des plus beaux jours de toute ma vie. J'ai enfin trouvé ma place dans ma nouvelle vie. Le roi me prit dans ses bras. Il embrassa mon front. Il y a eu des youyous. Je saluais mon peuple. Et dire que tous ces gens ont sacrifié leur temps pour moi. Je ne sais plus quoi dire. Je suis tellement émue !!! Il y avait du karkabou. Je dansais avec les gens. Je parlais avec eux, malgré que la musique soit forte. Ils sont tous fières que je sois devenue sultane. Et moi aussi, j'ai travaillé dure pour exaucer ce rêve insurmontable et si inacessible.

Ça fait du baume au cœur mais je ressens une pointe de nervosité. Dans quelques jours, il y a mon mariage. J'ai peur de ma première fois. Et si ça se passe mal ? Ne t'en fais pas, ma Bakhta. Laisse les choses se faire naturellement. Et tout se déroulera bien. Il faut être optimiste. Mashallah, tu es sultane, désormais !!!

Je vis ma famille de loin, celle du cheikh. Ils sont tous contents de moi. Le cheikh m'annonça que, demain matin, nous irons faire un tour au quartier le plus emblématique de Wahran. Il s'agit d'une rue qui lui tiennent à cœur. J'ai hâte de découvrir tout ça. Ma nouvelle vie, en tant que reine d'Oran, était sur le point de commencer.

Musique du Chapitre 38 : Cheb Khalass - Anti Koul fi Koul

Musique du Chapitre 38 : Cheb Khalass - Anti Koul fi Koul

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Bakhta ou la muse de Wahran Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang