𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝐕𝐈𝐈

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MEYLINE





Arrêt de bus de columbia, 12 h


Thalía et moi sommes actuellement à l'arrêt de bus. Encore une fois, je repense à la conversation quelque peu houleuse que j'ai eue avec Eliel tout à l'heure.

C'est quoi son problème, sérieusement...

Je comprends qu'il puisse être en colère contre moi. Moi, à sa place, si on avait fait ça à mon frère — pour ça, il faudrait que j'en ai un — j'aurais sans doute réagi de la même manière.

Le bus arrive pile en face de nous et nous montons toutes les deux.

— J'ai envoyé un message aux autres pour qu'ils puissent nous rejoindre au restaurant, me dit Thalía en me montrant l'écran de son téléphone.

Je souris et acquiesce avant de l'inviter à s'asseoir à côté de moi.

Le restaurant est à une heure de transport. Trente minutes de bus et trente de métro. Et j'ai le sujet de conversation parfait.

— J'aimerais apprendre à te connaître un peu plus, dis-je pendant qu'elle lisse sa jupe et qu'elle la tire sur ses cuisses par réflexe.

— C'est vrai qu'on s'entend super bien, mais en réalité, on n'en connaît que très peu l'une de l'autre.

J'acquiesce et ose enfin lui poser ma question.

— Tu n'es pas obligée de répondre si tu trouves que c'est indiscret, mais il y a un truc entre toi et Sam, je me trompe ?

Elle tique pendant quelques secondes avant de toucher timidement son nez. Je m'en doutais.

— Il t'en a parlé ?

— Non, je l'ai deviné. À sa manière de te regarder la dernière fois quand on allait au resto. Et à sa manière de se comporter quand il est avec toi. Et pareil pour toi. Ah oui, et la chaîne qu'il porte au cou avec vos initiales. J'ai vite fait le lien, dis-je, un peu dans la précipitation pour ne pas la mettre mal à l'aise.

Elle hoche doucement la tête avant d'esquisser un maigre sourire. Sans joie. Un sourire rempli de tristesse, voire de désespoir, qui me fend le cœur. Thalía est tellement douce, agréable. Elle est le genre d'amie sur qui vous tombez une seule fois dans votre vie et qu'il faut chérir avant que ce ne soit trop tard. Avant de merder et de se rendre compte juste après qu'on était en présence d'une pierre précieuse, mais qu'on l'a confondue avec une pierre quelconque tant elle est timide.

— Sam est mon ex... Enfin, de mon côté, je n'arrive toujours pas à l'oublier. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il cloche chez moi, il m'a trompée, je me suis sentie comme une merde quand il me l'a avoué. Il faut dire que sa famille ne validait pas notre relation. Il m'a trompée avec mon ancienne meilleure amie. Elle était si gentille pourtant, dit-elle au bord des larmes. Je ne comprends pas comment elle a pu me faire ça.

C'est la première fois que je la vois dans cet état. Je ne suis vraiment pas douée.

Je m'en veux de lui avoir demandé. Parce qu'elle est en train de revivre tout ce qu'elle a vécu, et que mine de rien, je pense que ce sont des souvenirs qu'elle a gardés enfouis et qu'elle a essayé d'oublier.

Je l'écoute parler et je ne dis rien. Je la laisse déverser sa tristesse. Je la consolerai après, mais pour le moment, je pense qu'elle a besoin que je lui laisse la parole. Elle parle vite... Comme si elle avait peur d'oublier des détails, comme si elle avait peur que je me lasse de ce qu'elle dit, comme si elle avait peur que je ne l'écoute plus et que je la coupe.

AMNÉSIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant