6- Une dose de surprise.

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6- Une dose de surprise.

Elias, 6 septembre, 13h08.

Bon, qui sait ce que veut dire ce mot ? C'est niveau seconde ça ! s'énerve la prof d'anglais.

Perdu, je regarde autour de moi, personne ne lève la main. However...ça me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à retrouver. 

Mes yeux s'écarquillent brusquement de surprise lorsque Ariel, à côté de moi, se redresse sur sa chaise et lève la main avec assurance. Avec assurance ?

Où est passé le Ariel que je connais depuis quatre jours ?

Ca veut dire cependant, annonce-t-il quand la prof l'interroge.

Son bras retombe sur la table, un souffle quitte ses lèvres. Je remarque ses doigts qui tremblent, et je comprends rapidement qu'il a quand même eu du mal à répondre à la prof, qu'il a stressé de parler à voix haute devant toute la classe.

Le visage de la prof se peint d'un grand sourire soulagé.

Oui ! C'est exactement ça. Rappelle-moi ton nom, s'il-te-plaît...

Ariel, marmonne le châtain, sa précédente assurance envolée.

Ariel ! C'est joli, commente-t-elle. Bon, revenons au cours, vous allez traduire ce texte dans vos classeurs...

Elle repart à son bureau, tire sa chaise et s'assoit. J'inspire profondément, voir Ariel confiant, c'est quand même quelque chose auquel je ne m'attendais pas, et ça ne m'a pas déplu de le découvrir comme ça.

Je mâchonne mon stylo, les yeux rivés sur le texte à traduire, ne comprenant absolument rien. De son côté, Ariel n'a pas l'air d'hésiter, les trois premières lignes de sa feuille sont déjà couvertes de mots.

Avec ennui, je déchire un bout de ma feuille, où j'inscris mon numéro et mon compte instagram. Le châtain est plus à l'aise en anglais et lorsque on est seuls tous les deux, il sera peut-être encore plus à l'aise par messages, surtout si ma théorie est juste ?

Mes coordonnées écrites, je fais glisser le bout de papier vers lui. Il l'attrape entre ses doigts, regarde ce qu'il y a écrit, lève la tête vers moi. Une lueur d'incompréhension passe brièvement dans ses yeux.

Il sort son téléphone de sa poche et le pose sur ses cuisses. A ma grande surprise, je le vois retirer la coque de protection, installer le papier sur son téléphone et remettre la coque par dessus.

Oh.

Le cours se termine doucement, la sonnerie retentit et fait sursauter Ariel, bien qu'il tente de le cacher. Sa main passe nerveusement dans ses cheveux alors qu'il calme rapidement sa respiration. On dirait qu'il est habitué à sursauter comme ça.

Je prends mon téléphone dans ma poche, et regarde l'emploi du temps d'aujourd'hui. Silencieusement, Ariel se rapproche de moi pour regarder en quoi nous allons, et il se fige discrètement en voyant la matière affichée sur l'écran : maths.

Par chance, ce n'est qu'une seule heure cette fois.

Je commence à marcher, mais ralentis rapidement en remarquant que le châtain ne va pas dans la même direction que moi. Je me précipite vers lui et le rattrape, un sourcil un peu plus haut que l'autre, sans comprendre.

Tu vas où ? demandé-je gentiment.

En maths ? Pourquoi, tu vas où toi ?

C'est là-bas les maths, suis moi, expliqué-je d'une voix douce.

Son visage se décompose un peu, il pousse doucement l'intérieur de sa joue avec sa langue.

Là, plantés au milieu du couloir qui se vide peu à peu, les yeux baissés vers son visage légèrement plus bas que le mien, je cherche à capter son regard, que nos yeux se fixent et que j'arrive à percevoir ce qu'il ressent à cet instant, comment il se sent. Mais Ariel semble avoir compris ce que je peux ressentir en un simple échange de regards, alors il s'assure que nos regards ne se croisent pas.

On va être en retard, viens, insisté-je, me forçant à rompre ce moment un peu spécial.

Il opine du chef et me suit dans les couloirs à grands pas. La porte se ferme justement au moment où nous arrivons près de la salle, je toque immédiatement.

La porte se rouvre, mais le prof ne s'écarte pas pour nous laisser entrer, non, il se plante en plein milieu du passage.

Seulement le deuxième cours et vous êtes déjà en retard...quelle est votre excuse ?

Comme face à la prof de sport tout à l'heure, Ariel se cache derrière moi, confirmant une fois de plus ma théorie.

On s'est perdus, improvisé-je, Ariel ne connaît pas le lycée et moi j'ai un mauvais sens de l'orientation.

Le prof soupire.

Allez vous asseoir, en silence.

Je bafouille un léger "d'accord" et entre dans la salle, suivi par le châtain. Je le sens stressé au moment où nous nous asseyons, il se colle nerveusement contre le mur en sortant ses affaires. Je sors à mon tour mon classeur et ma trousse, regardant du coin de l'œil les mains tremblantes d'Ariel.

Le cours commence avec le prof devant le tableau qui explique son cours et interroge des élèves. Heureusement, contrairement aux cours de maths que nous avons déjà eu, il ne s'acharne pas sur Ariel.

Peu à peu, le châtain cesse de trembler.

***

6 septembre, 15h05.

...Et là, elle a explosé de rire. Toute seule, devant le tableau, ricane Octave.

Une malade cette prof, je te jure, renchérit Adrien, un sourire sur les lèvres.

Je ne peux m'empêcher de sourire, réuni avec mes amis dans la cour, attendant les bus de 16h.

Et toi, il s'est passé quoi dans ta journée ? me demande le dernier de la bande, Gabin.

Je me suis perdu en sport, sous la pluie, j'ai pas eu le temps de vous raconter à la cantine, mais c'est pour ça qu'on est arrivés en retard avec Ariel.

Mes amis explosent de rire. Comme d'habitude, le bleuté en fait trop et manque de s'étouffer tant il rigole, mais ça, ça ne changera jamais. Il est comme ça, Gabin.

Comment t'as réussi à retrouver ton chemin ? T'as le sens de l'orientation le plus pété de toute la terre.

Je me tourne vers mon meilleur ami, lui qui a déjà dû supporter les nombreuses fois où je me suis perdu.

C'était par deux, la course d'orientation ? devine Adrien.

Je hoche la tête.

Vous venez chez moi ce week-end ? demande alors Gabin. Ma mère a prévu des pizzas.

J'accepte presque immédiatement en souriant, j'aime beaucoup aller chez Gabin, sa mère est vraiment adorable. Octave et Adrien acceptent eux aussi, renforçant mon sourire.  

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