22- Une dose d'idées.

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22- Une dose d'idées.

Ariel, 5 octobre, 21h30.

Allongé sur le dos dans le lit d'Elias, j'attends qu'il sorte de la douche. Il m'a pourtant dit de faire comme chez moi, mais encore une fois, même si je me sens beaucoup mieux avec lui, avec eux, je n'ose pas vraiment bouger de l'endroit où j'étais avant qu'il ne parte. J'aimerais vraiment réussir à avoir confiance en moi, au moins avec eux. Mais je pense que je pourrai y arriver un jour, avec Elias, mais aussi avec Octave, Adrien et Gabin. Elias m'en pense capable, alors je peux y croire, moi aussi.

Je finis par oser me redresser. Je me lève et me plante devant l'étagère recouverte de livres et d'objets, curieux de voir ce qu'il lit ou ce qui l'intéresse.Je ne sais pas trop si je le montre comme j'aimerai le faire, mais je m'attache vraiment à eux, particulièrement à Elias même si je n'arrive pas à l'expliquer. Je les apprécie tous, évidemment, mais j'ai l'impression que c'est spécial avec lui. Mais encore une fois, je ne sais pas comment expliquer ça.

Le bruit de la porte qui s'ouvre se fait entendre derrière moi. Je me retourne, Elias entre, les cheveux humides, et surtout, détachés, pour une fois. Ça lui va bien, ses cheveux sont super beaux en plus. Il va s'asseoir sur son lit et je le rejoins. Il pose immédiatement ses mains sur mes genoux, l'air très sérieux.

Bon. Déjà, tu veux quoi pour ton anniversaire ?

Euh...aucune idée, rien du tout ? T'as aucune raison de m'offrir quelque chose.

Si, je trouverai tout seul si tu sais pas, mais t'auras quelque chose. Ensuite, à propos du prof de maths...

Je fronce un peu les sourcils, pourquoi parler du prof de maths en dehors des cours ? Généralement, si j'ai la possibilité de l'oublier un peu, je le fais. Mais je fais confiance à Elias, il ne va pas parler de ce prof comme on parlerait de quelqu'un au hasard, c'est sûrement différent.

Je me suis dit qu'il fallait que tu en parles, tu ne peux pas le laisser te traiter comme ça indéfiniment. Mais comme je sais que t'arriveras jamais à en parler à quelqu'un, j'ai pensé à une lettre anonyme que tu pourrais mettre dans la boîte aux lettres du CPE, et j'en ferai une aussi. Pas sûr que ça change quelque chose, mais si ça te dis, on peux essayer. Tu en penses quoi ?

Au lieu de parler, je n'arrive pas à m'en empêcher et me rapproche d'Elias, mais ne réussis pas à aller au bout de mon envie.

Tu veux me faire un câlin ? comprend-t-il.

Je hoche la tête. Immédiatement, le brun m'attire contre lui et pose son menton sur mon épaule, je me réfugie dans ses bras avec bonheur et ferme les yeux. Je me sens vraiment bien dans ses bras, j'ai la réelle impression d'être en sécurité et que rien ne peut m'arriver. Il y a Elias et uniquement lui. J'inspire lentement et son odeur me parvient instantanément, et il faut se l'avouer, il sent terriblement bon.

Je veux bien essayer, je te fais confiance.

Le menton d'Elias frotte un peu sur mon épaule.

Je suis vraiment content que tu me fasses confiance, t'imagines même pas à quel point. T'as confiance en moi, répète-t-il, et j'entends clairement le sourire qui perce dans sa voix. Promis, tu ne le regretteras pas.

Je sais...

Et puis moi aussi je te fais confiance, tu le sais, hein ?

Je hoche la tête contre son épaule. Je n'ai pas envie de bouger, je suis vraiment trop bien là, dans ses bras si réconfortants, contre lui. Je ferme une nouvelle fois les yeux et essaie d'ignorer les battements de mon cœur qui marquent un rythme effréné dans ma poitrine sans que je comprenne pourquoi.

Tu ne veux vraiment rien pour ton anniversaire ?

Je ne vois pas ce que je pourrais te demander, et en plus je ne veux pas te déranger.

Elias me repousse doucement en posant ses mains sur mes épaules, je regrette immédiatement sa chaleur. Ses mains se posent ensuite sur mes joues pour me forcer à le regarder.

Tu ne me déranges jamais Ariel. Jamais.

***

6 octobre, 16h10.

J'arrive pas à croire qu'on ait tous les trois loupé le bus, soupire Octave.

Dépités, nous retournons tous les trois vers le bâtiment.

Plus qu'à attendre 17h, déclare Elias, en soupirant lui aussi.

Nous allons nous asseoir au bout d'un couloir, contre un radiateur. Je mets l'un de mes écouteurs et lance une musique au hasard, Octave sort son ordinateur pour regarder une série et Elias ferme les yeux avec fatigue.

Je suis fatigué aussi, on a beaucoup discuté la nuit dernière avec Elias, mais je n'ai pas envie de dormir maintenant.

Les minutes passent tranquillement, Octave finit par fermer son ordinateur. Il se tourne vers moi, prêt à dire quelque chose.

T'as déjà pensé à voir un psychologue, pour ton anxiété ?

Elias rouvre les yeux et se tourne aussi vers moi, attendant ma réponse.

Ouais en seconde, mais il minimisait mes angoisses et mon stress, je ressortais de son cabinet super mal, à chaque fois. J'en ai essayé deux autres je crois, mais ça collait pas.

C'est triste que tu sois mal tombé, commente Octave.

Je pense que j'ai eu de la chance, je suis super bien tombé moi, que ce soit pour ma psychologue ou mon psychiatre.

Octave et moi nous tournons brusquement vers le brun qui ne paraît pas réaliser nos regards interrogateurs posés sur lui. Si j'en crois le regard d'Octave, même lui n'était pas au courant.

Je vais essayer de retrouver leurs numéros si tu veux.

Il remarque soudain nos regards posés sur lui.

Il hésite, une fois, deux fois, prend une grande inspiration et lâche dans un souffle.

C'était pour mon père, après...après qu'il soit parti en prison.

J'ai l'impression qu'il ne révèle pas tout mais je n'insiste pas et me contente de hocher doucement la tête.

Donc, chez moi ce week-end ? change de sujet Octave.

Et part en juger le regard qu'Elias pose sur Octave, il lui est reconnaissant de changer de sujet, son père à l'air d'être un sujet compliqué à aborder.

Oui, chez toi ça sera parfait. Oh d'ailleurs, je ramènerai le repas ne t'en fais pas, j'ai déjà prévu quelque chose, annonce joyeusement le brun, comme s'il n'avait pas cet air nostalgique dans le regard il y a une seconde et demi.

Oh, t'as prévu quoi ? demandé-je avec curiosité.

Je sais que ce repas sera pour mon anniversaire, il me l'a dit cette nuit.

Tu verras, je suis sûr que tu vas aimer.

D'accord.

La sonnerie retentit, nous rangeons nos affaires et nous dépêchons de sortir pour ne pas louper une nouvelle fois notre bus alors qu'on vient déjà d'attendre une heure. 

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