Chapitre 8: Prise au piège

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Si l'on avait demandé au plus grand écrivain du monde de décrire l'état de Giulia en ce moment, même lui aurait certainement manqué de qualificatifs.

Son teint était devenu blanc et livide. Une sueur froide dévalait à vive allure son dos et des tremblements la prirent. Don Philippe et Marco ne savaient pas quoi penser. C'était difficile d'imaginer que la chanteuse enjouée d'il y a 5 min était la même demoiselle désarmée assise tout juste devant eux.

- Giulia, est-ce que tout va bien ?

Levant le regard vers Don Marco qui venait de formuler la question à son endroit, notre rossignol était franchement aux bord des larmes. Ses tremblements étaient maintenant aussi répétitifs que si elle avait attrapé froid. Ouvrant enfin la bouche, c'est avec désespoir et larmes qu'elle se mit à prononcer le nom de Marco comme un appel à l'aide.

Don Philippe dépassé par la scène qui se produisait sous ses yeux ne sut quoi dire.

- Assuséna! Cria Marco. Aussitôt une domestique ouvrit la porte pendant que Marco portait Giulia vers ses appartements. Préparez un thé à la camomille pour Giulia et portez lui un comprimé s'il vous plaît. Et dépêchez-vous bon sang!

- Toute de suite Monsieur.

S'exécutant, la domestique partit au pas de course apporter ce qu'on lui avait demandé.

Pendant ce temps, Marco était arrivé dans la chambre de notre rossignol et la déposait sur son lit. Les larmes? Il y a belle lurette qu'une cascade d'eau salée s'échappait à grand flot des perles émeraude de Giulia.

S'asseyant à ses côtés et lui prenant la main, Marco se mit à la consoler doucement.

- Allons Sinora Giulia, ne pleurez plus. Mais que vous arrive t-il donc ? Avez vous mal quelque part ?

Elle secoua la tête pour toute réponse, mais ne cessait de pleurer. Au bout d'un moment :

-Don Marco je vous en prie laissez-moi seule. J'ai besoin d'être seule s'il vous plaît lui dit-elle.
-C'est compris Sinorina Giulia. Reposez-vous bien.

Lui baisant la main une dernière fois, il se leva et quitta la pièce. Don Marco de son côté essaya d'expliquer au professeur Philippe que Giulia ne se sentait pas bien. Le professeur compatis et choisis d'entraîner le rossignol lorsqu'elle sera véritablement prête.

Seule le soir, Giulia descendit dans le salon pour réessayer à l'abri de tous regard. Même scénario. Elle ne savait même pas où se trouvait la touche : Do.
En rage elle se dirigea vers sa chambre et claqua violemment la porte. Se jetant sur les objets qui ornaient sa chambre elle les massacra jusqu'à tomber sur le Lutézi. Le corset de tout ses problèmes. Alors elle s'acharna aussi sur lui. Elle entreprit de le détruire afin que tout ceci s'arrête. S'armant alors d'une paire de ciseau Giulia se mit à découper le corset. Mais la lame se brisa. Du feux? Le corset brûla sans jamais se défaire. Même pas une trace de brûlure.

C'est à ce moment là que Giulia comprit qu'elle était faite comme un rat. Comment allait-elle bien pouvoir faire ? Choisir de renoncer définitivement aux dons du baron et retourner à la campagne ? Retourner dans ce trou à rat et recommencer cette vie de souillon ?  Comment pouvait-elle déjà perdre alors qu'elle n'avait même pas encore vécu le huitième de la vie dont elle rêvait ? Non il en était hors de question. Ce baron, elle devait le revoir. Immédiatement.

Le soir Giulia ne dînait pas avec les autres. Elle resta enfermée dans sa chambre et c'est là qu'elle mangea. Ce soir là, c'est avec appréhension qu'elle se couchait dans son lit. Et pour être certaine de revoir le baron, elle porta le Lutézi.

- Si c'est bien son réceptacle, il devrait se manifester, se dit-elle. Et elle n'eut pas tort car quelques instants après cette lassitude familière la saisissait pour l'amener dans un endroit connu d'elle seule.

Se retrouvant face au baron, elle leva le regard vers lui et dit:
-Rendez-moi mon don, j'accepte votre marché.

Aussitôt un sourire carnassier déforma les traits du baron qui visiblement était très enjoué.
- Fort bien ma Giulia. Je savais que tu n'étais pas si stupide.

- Comment dois-je m'y prendre ?

- C'est très simple. Soudain, le baron sorti de sa poche un petit mouchoir de soi de couleur violette et le lui tendit. À l'intérieur se trouvait une friandise. Fais-en un gâteau ou une boisson sucrée et offre la moitié à l'enfant choisi. L'autre moitié tu la mangera toi-même. Ensuite tu lui feras une bise à la place du cœur. C'est tout.

- C'est tout ?

- Oui c'est tout.

Incroyable. À vrai dire, Giulia s'attendait à un rituel morbide ou quelque chose de dégradant, mais rien de tout ça. Elle était réellement très heureuse. Si seulement elle savait...

Le lendemain, elle pu quand-même descendre saluer don Marco et don Philippe. Ceux-ci s'enquirent de son état. Elle leur expliqua que c'était juste une crise de panique qui survenait de temps à autre. Elle expliqua que c'était très difficile à gérer la plus part du temps et que chez elle à Venici, c'était l'une des principales raisons pour lesquelles elle n'avait presque pas d'amis. Ni même de vie sociale. Les gens la rejetait tout le temps. Surtout que ses crises étaient parfois violentes et subites. Elle pleurait à chaudes larmes ( des larmes de crocodile bien-sûr. Tout ceci n'était bien évidemment  qu'un solide tissu de mensonge. Si Giulia n'avait pas d'amis c'était plus par égoïsme que par autre chose. Elle estimait juste qu'elle n'avait rien à faire avec des enfants de roturiers. Elle appartenait à une autre classe. Elle ne voulait pas de ce genre d'amis).

Les deux hommes furent pris de pitié pour elle. Don Philippe la prit même dans ses bras et lui promit de l'aider à trouver une solution, afin que cette crise n'entache pas sa carrière. Et à Marco de promettre de faire de son mieux afin que Gilulia se sente en sécurité avec lui.

Ses dons n'étaient pas encore revenus. Mais elle put néanmoins s'entraîner avec le professeur qui lui inculqua quelques bases importantes. La leçon terminée Giulia monta dans sa chambre se reposer. Elle réfléchissais à comment trouver une solution pour son problème quand Assuséna sa domestique toqua à la porte.

- Madame, votre mère vous envoie une lettre.
Giulia relercia sa domestique et d
Sa mère voulait savoir comment elle se portait, si elle était bien traité et si son contrat avançait bien. À ses questions elle prévoyait déjà de répondre de façon évasive. Tant tout ceci l'ennuyait terriblement. Puis à un moment, une information attira son attention : << Pense à rendre visite à ta sœur, elle vient d'accoucher de son bébé et elle est chez nous actuellement. Tu sais que Juan son époux est parfois obligé de rester en mer des jours durant depuis qu'il a choisi de suivre les marinst. Elle est donc venue rester auprès de nous un moment. Tu viendras n'est-ce pas Giulia? En tout cas je l'espère. >>
Qu'avait elle à faire de tout ce petit monde de pauvre ? Oh là là.

Déposant la lettre, elle allait se recoucher quand une idée lui traversa l'esprit.
Et si sa sœur était la solution à son problème ?

Le corset de la mortWhere stories live. Discover now