CHAPITRE 3

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UNE SAGE-FEMME ENCEINTE : FARAH

CHAPITRE 3 

Phileo NGUEMA

En l’espace de quelques secondes, j’ai droit à un film qui se succède sans interruption et défile dans ma tête, milles et une questions …

-il y ‘a un problème je peux faire quelque chose ? Je suis inquiet moi, quand je vous vois dans cet état.

Le sourire mesquin sur son visage disparaît rapidement. Il me tient par les épaules dans l’optique de me faire réagir…

-oui ouiii je dois jeeee…. Maman, ma ma ma sœur ça ne va pas
-je veux vous aider s’il vous plaît laissez-moi le faire
-vous pouvez m’accompagner ? je vous le demande pardon (toute tremblante) 
-ok je me dépêche de prendre ma voiture juste 2 minutes
-je vais fermer ma chambre rapidement

Aussitôt dit aussitôt fait, il est là, on y va. Arrivé, Phileo me surprend de par son total dévouement à m’aider, il porte et met Livia dans sa voiture une STARLET TOYOTA bien chic et assez spacieuse pour tous. Maman reste à l’arrière avec Livia. Cependant le regard de maman face à Phileo m’intrigue, elle le dévisage et fait le tout possible pour se faire remarquer puisqu’elle insiste, d’ailleurs elle n’a même pas répondu à son BONSOIR.
Je pense qu' en Afrique c’est assez courant, je ne suis jamais venue lui présenter le beau-fils (qui n’est en réalité qu’un individu que je connais à peine) mais aussi j’ai l’habitude de recevoir ce type de traitement, moi qui suis la moins aimée de ses enfants. Peut-être m’accusait-elle d’être responsable de l’état de santé de ma petite sœur ? elle avait dormi chez moi, c’est normal qu’elle puisse jeter la faute sur moi après tout c’est maman. Encore une fois je comprends et ne me plains pas.
L’atmosphère pendant le trajet fut morose.

15 heures…
À l'hôpital.

C’est la structure ou j’exerce, l'hôtesse d'accueil que je salue tous les jours, peine à me reconnaître (quelle gêne !!!), pourtant quand elle aperçoit Phileo elle se hâte.
Tout se passe aussi vite, les choses s'enchaînent, brancard apporté, deuxième étage, service gynécologie, diagnostic fait, bloc opératoire, démarche des papiers de l’assurance, ordonnance etc.
Maman est restée au rez-de-chaussée, toujours remontée

30 minutes après…

J’aperçois ma meilleure amie dans le couloir, nous ne travaillons pas dans la même équipe. Elle s’occupe de ses parturientes, je ne veux pas la déranger maintenant, aucune chance de l’éviter.

-Madame! tu essaies de me fuir on dirait …
-Mavieeeee (suivit d’un petit sourire malicieux)

MAVIE

Mavie de son vrai nom MAVIELLA est congolaise d’origine, mais est née, a étudié et travaillé ici au Gabon. Elle n'a qu'une amie, moi, elle le dit tout le temps mais c'est déjà pas mal quand on regarde son fort caractère. Nous nous connaissons depuis l'école primaire, car la maison de Mavie était en face de la nôtre. Son seul défaut c’est son attachement aussi rapide qu’il puisse être aux hommes, elle tombe rapidement amoureuse. Alors qu'elle est confortablement installée dans cette vie solitaire et un tantinet marginale, elle a reçu il y a deux mois une très mauvaise nouvelle. Sa mère biologique (qui n’a jamais porté un regard maternel à son égard) vient de mourir, lui laissant un héritage pour le moins inattendu, la garde d'un petit garçon de 13 ans, qui s'avère être son petit frère.
Elle qui vivait sa vie de jeune femme indépendante entrant a peine dans le monde du travail se voit refuser le droit de liberté pour une responsabilité assez précoce selon elle.
De ce fait l’attention de notre amitié est plus portée sur elle, je ne me plains pas, une bonne amie est une épaule sur laquelle on trouve la force de se reposer et de pleurer.
Aussi, elle s'est faite à l'idée que le bonheur n'est pas pour elle. Elle est solitaire, et semble être marquée par son enfance peu joyeuse et difficile. Et la cerise sur le gâteau, un enfant de 13 ans en pleine puberté à gérer.

Toutefois je n’ai pas la force de lui expliquer. J’étais à plat avec une fatigue qui me faisait penser à la santé de Livia.

-Tu ne travailles pas aujourd’hui, tu fais quoi là ?
-je suis venue avec...
Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que Phileo se pointe devant nous mais la réaction de Mavie me laisse perplexe.

Mavie : Bonjour Monsieur NGUEMA (hésitante)
Moi : comment… tu le connais ?

Mavie essaie de me répondre je le vois bien mais Phileo l’interrompt.

Phileo : je crois que je vais vous laisser, je suis venu récupérer la carte de Livia pour finir avec la paperasse…

Je lui ai remis la carte et il se hâta de retourner.

Mavie : dis moi que tu plaisantes ?

Moi (complètement perdue) : mais ??? tu le connais ? tu l’appelles Mr NGUEMA ?? je sais ahh c’est un de tes ex encore …

Mavie : tu n’es pas sérieuse quand même ? tu penses que si Mr NGUEMA sortait avec moi j’allais le lâcher ?

Moi (doublement perdue) : mais il a quoi ? Mr NGUEMA Mr NGUEMA on aurait dit le directeur de l’hôpital (rire)

Mavie : eh ben c’est son fils …

Les yeux grandement ouverts, Phileo était le fils du directeur de l’hôpital !!! Voilà pourquoi la dame de l’accueil s’est hâtée de nous offrir un accueil chaleureux. Je n’en revenais pas …

Mavie : si c’est ton ami, dis-lui que je mourrai pour lui…

Moi (chuchotant) : Mavie s’il revient dis-lui que je suis à l’accueil en bas, maman ne se sent pas bien

Mavie : maman est là ??? ou tu veux juste te barrer ??

Un appel entrant de maman que je prends sur le coup
-allo maman oui ?
-descends il y’a ton frère qui est là
-Rubin ???
-tu veux que je parle en chinois ou bien tu veux me faire parler seulement
Bip !!! l’appel s’était coupé.

Moi : il faut que je descende chez maman en bas il y a Rubin qui vient d’arriver.

Je venais littéralement de me trahir. Mais je n’avais pas le temps de tout expliquer.

Mavie : maman ? Rubin ? d’ailleurs tu ne m’as pas répondu tu fais quoi ici ?

Moi : je t’explique plus tard, viens à la maison le soir.. Bisou

Dans le couloir je croise Mr NGUEMA Phileo, c’est gênant il me voit, c'est gênant cela se lis sur mon visage. je sais qui il est dorénavant et il peut le deviner.

Phileo : Livia est déjà dans une chambre, je n’ai pas pu approcher ta maman, tu peux aller lui donner la nouvelle.

Moi : ok

Juste un ok, juste ça et nous nous séparons. Je vais annoncer à maman et à Rubin que Livia est déjà dans une chambre. Je n’ai qu’une seule envie c’est de la voir. Je presse les pas. Je pousse la porte et qui vois-je? Ma petite princesse, premier lit de la chambre, je me courbe et lui chuchote à l’oreille.

-pas un seul mot sur l’avortement
Elle hoche la tête et me fais un petit sourire. Et j’ai eu une grande clarté, une joie immense et une reconnaissance sans bornes à la bonté de Dieu, lorsque j’ai réalisé avec une assurance que Liv allait mieux.

Depuis cet instant, je me suis senti tout autre : pas une larme et, en revanche, le moment est venu, il me faut remercier Mr NGUEMA, mais comment l’aborder ?

A Suivre....

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