10. Des funérailles presque fun

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TW : Débauche.

A peine nos affaires déposées dans l'appartement loué par mon papa pour l'occasion, j'emmenais Romane se préparer. 

Midi venait de sonner, nous laissant pile poil le temps de nous faire belles pour la soirée de ce soir. Je l'emmenais en effet dans la fameuse boîte de nuit, rite d'initiation obligatoire pour assister aux funérailles.

A 23 heures tapantes, nous nous dirigions en limousine vers le club. Les néons rouges, tombant presque au sol au vu de leur âge, présentait le Fiesta 666 : le klub pour tous les âges

Nous y entrâmes, accompagnés de mes parents qui avaient aussi hâte que moi de se déhancher sur le dance floor.

Sous les lumières arc-en-ciel bancales, j'initiai Romane à shaker son bassin. 

Dans sa petite robe de satin argenté qui ondulait à chacun de ses mouvements, elle tentait de suivre mes indications. J'étais obnubilée par le tissu, comme coulant sur sa peau, qui révélait les contours de son corps de la manière la plus hot qui soit, alors qu'elle roulait du cul quasiment sur moi.

Une fois que nous fûmes en PLS sur le sol, notre coeur ayant quitté notre corps sous l'effort titanesque qu'on venait de fournir, sous les applaudissements de tout le public - c'est-à-dire les plombiers qui travaillaient sur le chantier du coin - je décidai qu'elle en avait assez appris pour aujourd'hui, et que par conséquent on méritait bien une petite tournée de shots à l'appartement, ainsi que quelques petits rails de coke.

Bien fatiguées, on s'endormit vite, encore habillées, suant l'une dans les bras de l'autre par cette matinée caliente.

A peine 3 heures plus tard, le réveil de mon papa fit trembler les murs de l'immeuble entier, nous rappelant que l'enterrement avait lieu dans une petite heure. 

Je rampais sur le sol, tel un escargot sans coquille, vers la salle de bains. En voyant mon reflet, je rigolais vite fait. 

En fait, c'était mieux que ce que je pensais. 

Mes cernes étaient si visibles et creux qu'ils pourraient accueillir toutes les personnes dans le besoin sur Terre.

Je tentais donc tant bien que mal de me réhausser. Comme disait Coco Chanel, il fallait toujours sortir soignée, qui sait si on ne tombera pas sur sa future âme-soeur (même en sortant les poubelles, ou alors à un enterrement).

J'eus un second rire désespéré lorsque je me rendis compte que je n'avais emporté aucun pantalon. 

Je décidai donc de faire un tour sur WikiHow, qui me dit avec raisonnement de piocher au pif parmi mes nombreux crop-tops noirs, pour le placer sur ma taille. 

Le tour était joué, j'étais superbe !

Romane, quant à elle, était naturellement solaire, ce qui lui permettait d'être divine en toutes situations. Mon papa et ma maman, eux, étaient à mon image : clairement dégueulasses.

Enfin, même dans la laideur, je réussis à me réhausser, comparé au commun des mortels.

Tandis que le paysage magnifiquement éclairé par l'astre de 696,340 km de rayon, et de catégorie de température G, c'est-à-dire de couleur jaune orangée, qui nous servait à            toutes-zé-ta-tous de Soleil, je sentais mon ventre se nouer. 

Ce serait le premier enterrement de ma vie, excepté ceux de mes quatre grands-parents, mon oncle paternel, ma tata du même côté et mon tonton du côté de ma maman, ainsi que mon ex de 3e.

Mon cerveau proche de la température de fusion créait tout seul des milliers de scénarios différents, où tout le monde me plaignaient d'avoir une vie si misérable. 

Le Karma d'Amber SmithWhere stories live. Discover now