Je préfère ne pas repenser à mon enfance.
Mes parents étaient violents, ne m'accordaient pas une once d'amour ou d'affection.
Ils m'enfermaient dans ma chambre, seule avec ma poupée. Je passai des heures à coiffer ses longs cheveux blonds en chantonnant doucement.
Et puis, j'ai découvert le monde extérieur .
J'espérais y trouver du soutien, de la bienveillance. Or il n'en fus rien. Les bleus sur mon corps, sur mon visage, ont repoussé les autres de moi. À l'école du village, tous me repoussaient, me trouvaient laide.
Avec le temps, cela s'est empiré, empiré, empiré toujours et encore.

Alors je me suis enfuie. Je voulais trouver l'amour, et ne plus revoir aucun des maudits habitants du village.
Alors je me souvins de cette histoire que j'avais entendue un jour.
Alors que je restai dans mon coin, seule avec ma poupée, l'institutrice racontait une histoire aux enfants.
J'écoutais, mine de rien, car j'adorais les histoires, elles me faisaient oublier ma vie.
« Il était une fois... Il étais une fois une fleure aux pétales d'or. Elle était née d'une larme de soleil tombée sur terre.
Et cette fleur était magique. »
Les enfants poussèrent des petits cris émerveillés.
Je ne pus, à ce moment, m'empècher d'écouter plus attentivement. Mon regard quitta ma poupée, serrée contre moi, pour se fixer sur le groupe.
« Cette fleur donc, était magique: elle guérissait les blessures, rendait jeune et beau quiconque la touchait. »
Guérir les blessures... Beau... Ces mots résonnaient si fort dans ma tête.
« Mais pour que le pouvoir de cette fleur ait effet, il faut chanter une incantation »
Sous les réclamations des enfants, la vielle femme entonna, d'une voix grave et douce, bien différente de quand elle me punissait:
« Fleur aux pétales d'or,
Répand ta magie.
Inverse le temps,
Rends moi ce qu'il m'a pris.
Guéris les blessures.
Éloigne la pluie.
Ce destin impur,
Rend moi ce qu'il m'a pris.
Ce qu'il m'a pris. »

Cette chanson est restée gravée en moi, avec la justesse de la vérité.
Alors, quand je me suis enfuie, sans nul part où aller, je l'ai recherchée.
Des jours et des nuits. Des lunes, des saisons sont passées, sans entacher ne serait-ce qu'un peu mon espoir.
Et un jour, alors que le soleil tombait, je vis un scintillement doré à travers les feuillages. Je traversai les fourrés, écarta quelques branches, et la vis enfin.
Des larmes coulaient sur mes joues quand je m'en approchait. Alors que je tendais la main pour la toucher, je pris conscience de sa fragilité: n'importe qui pourrait la trouver, et c'était mon devoir de la protéger.
Je l'observai quelques secondes, et plaça mes mains en coupe en dessous des pétales soyeuses de cette fleur d'or.

Alors seulement, j'entonnais d'une voix rauque ce chant dont chaque lettre, chaque virgule était gravée dans mon être.
« ...Rends moi ce qu'il m'a pris.
Ce qu'il m'a pris »
Alors, une vague de chaleur envahit mon corps: j'observai mes poignets, mes mains, et toutes les égratignures et les cals qui y demeuraient avaient disparus.
Alors, avec une certaine incrédulité, mes mains glissèrent dans mon dos, et y trouvèrent un peau lisse.
Plus de boursouflure immonde laissée par mes parents.
Plus aucune trace de cicatrice, encore moins de la dernière qu'ils m'avaient laissé, celle qui m'avait donnée le courage de partir définitivement.

Je m'approchais donc d'une flaque, et ce que j'y vis me fit frissonner: Une jeune femme, belle, les traits fins, sûre d'elle. Mes yeux pétillèrent.

Ensuite, ma vie fut bien plus heureuse, je rencontrai l'amour, qui avait un nom, le nom de l'homme de ma vie.
Enfin je le croyais, jusqu'au jour où il eut avec moi le même comportement que mes parents.
Alors une nouvelle fois, je m'enfuis, et partit retrouver cette fleur aux pétales d'or, que j'avais dissimulée à l'aide de lierre. Elle guérit mes blessures, et m'apaisa de cette onde de chaleur bienfaisante, quand des chevaux au galop se firent entendre.
Je me cachai juste à temps pour les voir arriver, chevauchés par des soldats du roi
Ils arrachèrent la fleur, de façon barbare, et repartirent, fiers de leur trouvaille.
J'appris plus tard que cette fleur était pour la reine, gravement malade, qui de surcroît attendait un enfant.
Pauvre enfant, pensais-je. Comment va t'il grandir entre les griffes de ces immondes barbares?

Alors je m'emparai de l'enfant aux cheveux d'or.
Et je décidai de lui donner le même nom qu'à ma poupée: aux longs cheveux blonds: Raiponce.

Aujourd'hui, Raiponce est grande, elle à presque dix huit ans. Ses cheveux d'or ont poussés, jusqu'à être équivalents à la hauteur de la tour dans laquelle elle vit. Cela n'empêche que je lui brosse encore, ce sont mes moments préférés.
Pas uniquement parce que ses cheveux ont hérités du pouvoir de la fleur aux pétales d'or. Ce pouvoir me permet de rester jeune, mais j'en use uniquement car je veux pouvoir la voir grandir.
Non, j'aime ces moments car elle redevient ma petite fille. Elle chantonne avec moi, dans mes bras.
Elle est ma princesse, je me suis donnée la mission de la protéger envers et contre tout. Le monde extérieur ne l'atteindra pas, elle n'aura pas besoin de quitter ce cocon que j'ai crée pour elle. Nous pourrons y vivre toute les deux, heureuses pour l'éternité.

Or elle n'est pas de cet avis. Elle à le don de me faire sortir de mes gonds, dans ces moments là !
Ne comprend-t-elle pas que le monde extérieur est dangereux pour elle. Elle n'as pas besoin d'eux. Uniquement de moi.
Ils vont la tuer comme ils ont tués ma fleur, ils l'exploiteront, et il en est hors de question.
Je le lui rappelle, je déteste lui faire peur mais il faut qu'elle comprenne.
Je repars donc après lui avoir rendu visite, allant acheter des choses dans un village à deux jours de marche d'ici.

Raiponce!!!!
Elle est sourde, ma parole! Comment peut elle ne pas m'entendre? À moins que... Non, impossible!
Elle ne serait jamais partie de cette tour, si?
Elle n'est définitivement pas là!
Mais que fais-tu, mon enfant, que fais tu?

J'ai retrouvé sa trace. Elle veut aller voir les lanternes, j'aurais dû m'en douter.
Mais elle n'est pas seule, elle est en compagnie d'un homme.
Il doit lui jouer le numéro du prince charmant, et elle, pauvre cruche, elle tombe dans ses filets.
Les hommes sont malsains, malveillants, dépourvus d'émotion. Il ne l'aide que pour la couronne, ensuite, il la quittera.
Allez viens, ma puce, rentre avec moi. N'oublie pas, je fais ça pour toi. Tu n'as besoin que de moi.
Viens, ne t'inquiète pas, tout est fini, tout est fini, ma poupée.

Réécrire un conte du point de vue du méchant:
Raiponce, l'histoire de mère Gothel.

Une histoire bien plus longue aujourd'hui, près de 1100 mots, en même temps, le texte l'exigeait.
Bon, je sais que réponse n'est pas vraiment un conte, mais c'est mon Disney préféré, je l'ai vu des dizaines de fois étant petite. Donc tant pis.
C'est tout, à demain!

100 ÉcritsWhere stories live. Discover now