Chapitre 13

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Soudain, je revois l'intérieur de la maison de Pâris. Je ne sais pas pourquoi je suis assise dans le canapé du salon, mais je ne veux pas savoir, je n'en ai rien à faire, tout ce qui compte, c'est que je parvienne à quitter cette spirale infernale, c'est tout, c'est uniquement ça, je verrai après pour le reste. Me concentrant de toutes mes forces sur cette vision, je me retrouve ainsi à l'endroit où je m'étais vu, à ma juste place. Cherchant à comprendre la situation, je suis attentive au moindre bruit, à l'étage, j'entends de l'eau coulée, pourquoi, je n'en sais rien, et dans la cuisine, j'entends le four en marche. Je ne comprends pas bien la situation, mais je suis prête à parier que ce ne sont plus des policiers qui animent cette immense demeure, mais plutôt Pâris lui-même, reste à déterminer où il est.

Dire qu'il y a quelques heures, j'ai quitté cette maison pour rentrer chez moi et que maintenant, j'y réatterris parce que c'est le seul endroit connu qui me permet de sortir de cette spirale infernale... Mais cette fois, je laisse tomber, je vais plutôt rester ici, je suis beaucoup trop épuisée pour refaire le même chemin. Je vais plutôt dormir ici, de toute manière, personne ne s'inquiétera encore plus de mon absence... Mais avant de m'écrouler dans un profond sommeil, je veux voir Pâris, pour savoir comment il va... Honnêtement, je ne serai pas étonner qu'il aille encore plus mal que moi.

Avant d'avoir commencé à le rechercher, une alarme se met à sonner dans la cuisine. Je m'y précipite inquiète, si la maison brûle, mieux vaut que je sois au courant, sinon je risque de brûler avec la maison. Mais finalement, je panique pour rien, c'est seulement la minuterie du four, que j'arrête, même si je sais bien qu'aux yeux de Pâris, elle continuera de sonner. Et après avoir vu le contenu, je décide qu'il est aussi temps d'arrêter le four lui-même. Pour l'expérience, je le fais donc, comme ça, je verrais si le plat continue de chauffer ou si une personne qui ne connaît pas l'état de cuisson le verra comme moi. Bon, si Pâris descend dans la minute, ça n'aura aucune importance, mais s'il est effectivement en train de se laver, peut-être qu'il prendra plus de temps.

Une fois ça de fait, je reprends ma place sur le canapé et j'attends. Une, deux, trois minutes. Et au bout de cinq, je commence sérieusement à l'inquiéter, je n'entends vraiment aucun mouvement à l'étage, la seule chose qui a changé, c'est que l'eau a arrêté de couler. Mais aucune porte ne s'est ouverte, je n'ai entendu aucun bruit de pas, rien. À croire qu'il n'y a personne, ce qui serait très inquiétant.

De plus en plus inquiète, je quitte ma place et je commence à monter les escaliers pour rejoindre l'étage. Je ne tarde pas à comprendre qu'il est dans la salle de bain vu la lumière qui s'en échappe de la porte. Mais par contre, même proche de la pièce, je ne le vois pas, je ne sais pas du tout où il est. Pourtant, à part s'il a laissé la lumière allumée et qu'il est dans une autre pièce, il est forcément là. Me posant de plus en plus de question, j'avance lentement dans la pièce, tentant de comprendre ce qu'il se passe. Et quand je le vois, allongé dans la baignoire, la tête sous l'eau, immobile, je panique. Pas la moindre idée de ce qu'il se passe, mais j'imagine déjà le pire. Comme pourrais-je sauver la vie de quelqu'un alors que je n'existe pas ?

Dans la panique, j'essaye tout de même, plongeant les mains dans l'eau et sortant désespérément sa tête de l'eau. Mais bien sûr, en un clignement d'yeux, il est à nouveau en train de se noyer Pourquoi je suis venue ? Juste pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas resté dans une douce innocence ? Je fais comment moi ? Je ne peux pas appeler les secours, je n'ai aucune chance d'être entendu. Mais je n'ai aucune chance de sortir Pâris de l'eau tant qu'il n'en aura pas décidé autrement ou pire, qu'il ne pourra plus prendre de décision. Pour l'instant, il est vivant, son cœur bat quand je prends son pouls, mais il me semble lent... Sans parler du fait que ça doit au moins faire une minute qu'il est sous l'eau...

Dans le désespoir, je pleure, juste je pleure. Je ne vois pas ce que je pourrai faire d'autre...

Je ne comprends même pas pourquoi il fait ça... ça n'a aucun sens... ce matin il allait bien... aussi bien que possible après quarante-huit heures de garde à vu pour un meurtre qu'il n'a pas commis... Il a des raisons de ne pas aller super bien, mais il ne m'a jamais paru suicidaire. Il n'a sûrement pas une vie parfaite, il a eu des problèmes, mais il a une vie heureuse... Je ne veux pas croire que ce soit moi qui cause sa mort... je refuse.

Une fois de plus, je prends son pouls, qui me semble de plus en plus lent tout en cherchant une solution, même si je sais que quand bien même j'arrive à le sauver cette fois-ci, je n'arriverai jamais à lui apporter un quelconque soutien qu'il l'empêcherait de recommencer... Je crois que je ne me suis jamais autant sentie démunie... Je ne sais pas ce que je pourrai faire. Je suis impuissante... Je n'ose même pas partir par peur de l'incertitude... C'est atroce...

Soudain, alors que je dois être dans la pièce depuis bien plus d'une minute, il se redresse en sursaut, paniqué. Je ne sais pas ce qu'il l'a fait sortir de l'eau, mais il a peur. Vraiment peur. Il regarde partout autour de lui, cherchant désespérément quelque chose, mais sans me voir, bien sûr. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ne peux pas comprendre ce qu'il lui ait passé par la tête, mais il s'est passé quelque chose, il n'a pas uniquement pris la décision de respirer à nouveau, il y a quelque chose qu'il l'a poussé à voir ce qu'il se passe. Mais je ne sais pas quoi.

Je voudrais bien sûr avoir des réponses, mais je pense que c'est totalement impossible. Tout ce que je sais, c'est que même si Pâris ne doit rien voir d'anormal malgré ma présence, il ne retourne pas sous l'eau, ne m'aidant pas à comprendre ce qui lui a pris. Au contraire, après avoir regardé l'heure, il se précipite hors du bain, alors que je le regarde, les mains encore humides... Sans que je puisse plus comprendre, il se sèche et se rue hors de la salle de bain. Encore totalement étonner, je le suis, me demandant de plus en plus ce qu'il se passe. Le temps que je me retrouve moi aussi dans le couloir, il ressort déjà de sa chambre habiller. Toujours inquiète, je le suis dans les escaliers, puis à travers la maison sans qu'il ne dise quoi que ce soit pouvant m'expliquer ce qui lui est passé par la tête.

Au moins, si je peux lui reconnaître quelque chose, c'est que Pâris m'a coupé toute envie de dormir. Ce n'est sûrement pas positif, malgré tout dans ma situation actuelle en étant très inquiète qu'il recommence à faire une connerie, je suis très contente de ne plus subir mon épuisement. Mais apparemment, il voulait juste sortir son plat du four. Je ne comprends vraiment pas la suite des événements, il se prépare à manger, puis il tente de se suicider et finalement, il va directement manger. Je ne comprends même pas ce qui lui est passé par la tête. Et sa panique tout à l'heure... ce n'était pas une peur de foutre le feu à la baraque. C'était autre chose. Il a vraiment regardé autour de lui comme s'il cherchait à voir un monstre. Mais impossible de comprendre quoi, ni même pourquoi.

Et en le regardant, je suis de plus en plus dans l'incompréhension, il a l'air d'aller bien, il doit lui manquer une vingtaine d'heures de sommeil. Au minimum. Il a le visage défait par la situation et la douleur. Mais quand il sourit en voyant son plat, il est de nouveau lui, malgré tout ça. Je ne veux pas croire qu'il soit dépressif au point de se suicider et qu'il soit heureux en regardant à bouffer. Il y avait autre chose. Tout à l'heure, il y avait forcément autre chose. Je ne sais pas quoi. C'est impossible à dire, mais il s'est passé quelque chose de très, très étrange. Je n'irais pas jusqu'à affirmer que c'était quelque chose d'encore plus étrange que moi, mais presque. Et ça me dépasse complètement. Le seul truc dont je suis certaine, c'est qu'il y a eu un problème.

En tout cas, la situation semble aussi perturber Pâris vu comme il continue de regarder partout autour de lui à la recherche de quelque chose qu'il ne voit pas. Impossible de comprendre, je peux juste en déduire que je ne suis pas la personne qu'il recherche, mais il ne me donne aucun indice sur ce qu'il s'est passé, ne parlant pas à lui-même pour se rassurer. Quand le téléphone fixe sonne, il se précipite dessus, comme s'il espérait y entendre toutes les réponses, mais son visage se décompose dès qu'il a porté l'appareil à son oreille.

— Bonjour mère... soupire-t-il ayant vraisemblablement espéré autre chose.

L'Étrange Histoire De Kamala Crow (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant